Si les échanges se sont tenues à huis clos, le compte rendu a été publié le 17 mars 2025 par l'Assemblée nationale et cité par TF1 Info. Le 10 mars dernier, Jean Dujardin, Pio Marmaï, Gilles Lellouche et Jean-Paul Rouve se sont rendus à l’Assemblée nationale afin de participer à une table ronde dans le cadre de la commission d’enquête "relative aux violences commises dans les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité", lancée le 22 octobre 2024 et présidée par Sandrine Rousseau.

Pierre Niney prochainement auditionné à son tour

À l’origine, Pierre Niney devait lui aussi être auditionné aux côtés de ses pairs, mais TF1 Info nous apprend que son audition a finalement eu lieu le jeudi 13 mars, et aucun compte rendu n’est pour le moment disponible.

Parmi les sujets sur lesquels ils ont été interrogés par onze députés durant près de deux heures : le tournage de scènes intimes, les expériences personnelles, le mouvement #MeToo, mais aussi, les précautions prises par les acteurs afin de s’assurer de bonnes conditions de tournage.

Jean Dujardin explique que sa technique est de questionner le metteur en scène : "Est-ce que t’es un connard ?". Un bon moyen, selon lui, d’établir un rapport de confiance, bien qu’il souligne les "loupés" et les "lourdeurs" qui lui "semblaient totalement anodines".

De son côté, Jean-Paul Rouve met en lumière un questionnement qui n’existe que chez les actrices du fait de leur genre : "Nous, les comédiens, on sait qu’un metteur en scène nous choisit uniquement parce qu’il a envie de travailler avec nous. Mais une comédienne qui débute doit se demander chaque fois pourquoi elle a été choisie, si ça ne cache pas quelque chose de malsain".

Ça tourne !

Scènes intimes et coordinateurs d’intimité

Les acteurs se sont, par la suite, exprimés sur leur rapport aux scènes intimes, qui a grandement évolué au fil des années pour chacun d’entre eux, comme le rapporte TF1 Info. "J’ai tourné beaucoup de scènes de nu et de relations sexuelles lorsque j’étais plus jeune. [...] Peut-être pour me protéger, je me disais que je me foutais du résultat, que j’étais à l’aise, que rien ne m’atteignait. Avec le temps, je me suis rendu compte que je me sentais forcé", confie Pio Marmaï.

Le comédien insiste également sur la nécessité de la présence d’un "coordinateur d’intimité". Jean Dujardin reconnaît aussi la difficulté des scènes intimes, tant pour lui que pour certaines de ses co-stars à l’écran : "Il est arrivé que l’une d’elles me propose de prendre un petit shot de vodka, juste pour qu’on puisse avancer. Je lui ai répondu : 'Si ça t’aide, il n’y a aucun problème. Qu’est-ce que je peux faire pour toi ?'".

Gilles Lellouche témoigne à son tour : "J’ai vécu une expérience qui ne m’a pas traumatisé mais qui m’a fait réfléchir sur les circonstances dans lesquelles on s’autorise à parler ou à se révolter. Il y a une quinzaine d’années, j’ai tourné un film avec une réalisatrice sans voir qu’elle voulait me séduire (…) Elle se montrait très, très tactile. Je ne me sentais pas violemment agressé ; c’étaient des gestes comme des mains sous la chemise – si j’en faisais autant à une fille, ça ne serait pas normal. Donc, je me sauvais, mais ensuite, elle se vengeait et je prenais super cher".

"C’est sûr que j’ai dû être lourd"

Si violences physiques et psychologiques dans le cinéma ne sont pas un secret pour eux, ils reconnaissent, chacun, n’avoir réellement regardé le problème en face. En cause ? "L’urgence des tournages", explique Pio Marmaï. "Il faut toujours aller de l’avant, dans le continuum du travail, il n’est pas facile de prendre le temps et le recul nécessaires pour faire la part des choses", précise-t-il.

Tous les quatre iront même jusqu’à reconnaître que leur comportement a parfois pu heurter : "Si je dois faire une radioscopie de mes comportements, c’est sûr que j’ai dû être lourd, c’est évident", dit Gilles Lellouche. Pio Marmaï admet lui aussi avoir "pu être lourd dans [sa] façon de signifier les choses. J’essaye toujours de créer une atmosphère de travail assez douce et joyeuse et, à certains moments, j’ai dû faire des plaisanteries qui ont été mal comprises".

Au terme de cet échange, les quatre acteurs ont indiqué que les formations obligatoires sur les violences sexistes et sexuelles ont permis une belle avancée. TF1 Info indique que le rapport de la commission d’enquête "relative aux violences commises dans les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité" devrait être rendu le 9 avril prochain.