On aurait tendance à l’oublier, mais la peau est un organe. C’est même l’organe le plus grand du corps humain (environ 2 m²). De fait, la peau subit comme les autres organes les effets du temps qui passe : ce n’est pas un hasard si les formules anti-âge sont l’une des plus grandes catégories de soins visage.

Mais qu’est-ce que le fait de vieillir implique véritablement pour la peau ? Peut-on éviter le vieillissement cutané, ou a minima, diminuer ses effets ? On a demandé à Yann Maurel-Loré, fondateur de la marque de soins estime&sens, de faire le point.

La génétique et les facteurs extérieurs, responsables du vieillissement cutané

"C’est toute la machine qui ralentit avec le temps", commence notre expert. "Il faut distinguer deux types de vieillissement : le vieillissement génétique, qui démarre autour de 25 ans, et le vieillissement lié à des facteurs extérieurs tels que l’alimentation, l’exposition solaire, la pollution ou encore la cigarette. Il est estimé que le vieillissement cutané est à 30 % génétique et à 70 % lié à des facteurs extérieurs."

En clair, si nos parents ont la peau peu marquée et toujours ferme à la cinquantaine, on peut s’attendre à en faire autant, mais ce capital est à préserver car "plus on aura de facteurs extérieurs, plus on vieillira". Yann Maurel-Loré souligne également que la ménopause vient amplifier tous les phénomènes qui se sont mis en place dès 25 ans. Des phénomènes qui s’opèrent à tous les niveaux de la peau.

Des rides et des taches dans l’épiderme

Au niveau de la couche la plus superficielle de la peau, on assiste à un ralentissement du renouvellement cellulaire, lié au ralentissement de la division cellulaire et amplifié par l’effet des radicaux libres (stress, tabac, UV…). Sur une peau "jeune", le renouvellement cellulaire s’effectue en 28 jours environ. "Quand il est plus lent, les cellules mortes s’agglutinent à la surface de la peau donc la couche cornée s’épaissit, ce qui se traduit par un teint plus terne, une peau plus sèche et l’apparition de rides et ridules", explique Yann Maurel-Loré. À la ménopause, on constate en parallèle de cet épaississement de la couche superficielle de la peau un affinement de l'épiderme.

Par ailleurs, il y a une désorganisation de la mélanine, ces pigments synthétisés par le rayonnement UV pour protéger le noyau des cellules et éviter que ces derniers n’altèrent l’ADN des cellules. Avec le temps et la surexposition aux UV, on assiste à une surproduction de mélanine à certains endroits, les fameuses taches pigmentaires.

Peau sèche, teint terne et perte de densité au niveau du derme

Au niveau du derme, soit la couche moyenne de la peau, se produisent deux phénomènes : "d’une part, on a une diminution de la sécrétion des glandes sébacées (responsables de la production du sébum qui, mélangé à la perspiration, compose le film hydrolipidique de la barrière cutanée) qui se traduit par une peau plus sèche et un teint terne ; d’autre part, on constate un ralentissement de l’activité des fibroblastes, donc une production d’élastine et de collagène ralentie et de moins bonne qualité, ce qui implique une perte de densité et de fermeté au niveau de la peau", détaille l’expert. Les fibroblastes sont également responsables de la production d’acide hyaluronique, dont la production diminue avec les années.

En parallèle, les canaux d’aquaporines, dont le rôle est de drainer l’eau de l’organisme vers le derme, se bouchent, apportant moins d’eau à l’acide hyaluronique de la peau. Moins d’acide hyaluronique et moins d’eau pour le gonfler, cela donne une peau moins rebondie.

L’hypoderme, source du relâchement cutané

L’hypoderme est la partie la plus profonde de la peau, composée principalement d’adipocytes (la réserve graisseuse, qui constitue le "matelas" de la peau).

Avec le temps, le nombre et la taille de ces cellules graisseuses diminue, donc on observe un relâchement cutané et, parallèlement, une perte en densité musculaire, qui ensemble vont accentuer les lignes descendantes du visage et donner un air triste.

Stopper les effets du temps sur la peau, un défi possible ?

Spoiler alert : "la course à la jeunesse est perdue d’avance", affirme Yann Maurel-Loré. Toutefois, loin d’être fataliste, notre expert souligne que le vieillissement étant en majorité dû aux facteurs extérieurs, il est tout à fait possible de jouer sur ceux-ci pour limiter leur impact. Il préconise ainsi d’adopter une alimentation équilibrée, de ne pas fumer, de bien dormir, de limiter les sources de stress, de pratiquer une activité physique régulière, de réaliser des massages en institut et auto-massages à la maison et de se protéger du soleil.

Il souligne également l’importance de bien choisir ses soins cosmétiques, en fonction de son type de peau mais aussi des éléments auxquels on est exposé.e : "Il est utopique de penser qu’on va utiliser la même crème ou le même nettoyant toute l’année".

Serait-il alors possible d’agir sur les signes visibles du vieillissement une fois qu’ils sont là ? "Cela dépend des signes", répond Yann Maurel-Loré. "Des rides de déshydratation peuvent être comblées en réhydratant. En revanche, si on a beaucoup pris le soleil à 20 ans et que la peau présente des rides et des taches brunes à 30 ans, on pourra améliorer l’aspect de la peau, mais le mal sera fait." Nous voilà prévenu.e.s.