"J'ai pris dix kilos en devenant végétarienne"

Mais très peu de connaissance sur l'équilibre alimentaire, un emploi du temps déstructuré, peu de sport et beaucoup de sorties étudiantes ont fait que moins d'un an après ce virage alimentaire, c'était tout le contraire. Ma balance affichait +10 kilos, ma peau était dans un état désastreux et mon niveau de fatigue explosait tous mes records personnels. 

Mal équilibré, le régime végétarien aussi, peut mener à une prise de poids

Loin de moi l'idée de remettre en cause tous les bienfaits que nous pouvons tirer d'un régime sans viande, ni poisson - comme le souligne le Vidal, plusieurs études ont démontré que les végétarien.nes souffraient moins fréquemment de maladies cardiovasculaires, de diabète de type 2, de cancers et d’obésité -, mais force est de constater que, comme toute alimentation mal équilibrée, elle peut mener à une prise de poids.

Le site d'infos santé précise d'ailleurs que ce régime est bénéfique quand il est "bien mené". 

Si Marine ne témoigne pas de 10 kilos en plus, elle admet toutefois qu'elle aussi a vu son corps changer dans les premiers mois de son végétarisme : en cause, là aussi, l'idée qu'on pouvait "très bien s'en tirer" en garnissant plus ses assiettes avec ce qui nous tombait sous la main.

"Je ne faisais pas forcément attention à ce que j'y mettais, parce que je pensais avoir retiré les aliments 'mauvais' pour la santé. Et puis, je n'étais pas calée en macro ect... Donc, je ne cherchais pas à remplacer quoi que ce soit, juste à satisfaire ma faim, qui était plus bien présente". 

Et c'est d'ailleurs là que le bât blesse, si les protéines végétales ne sont pas correctement intégrées aux assiettes, alors, les petits creux se font de plus en plus insistants. 

Un tout que confirme Émeline Bacot, diététicienne-nutritionniste. "Ce type d’alimentation n’empêche pas de prendre du poids. Au contraire, elle a plutôt tendance à en faire prendre si l'on ne prête pas attention à l’équilibre alimentaire. En effet, les aliments d’origine végétale contiennent globalement plus de glucides que ceux d’origine animale. Et en parallèle, ils contiennent aussi moins de protéines. Ce qui tend à déséquilibrer le ratio entre les macronutriments (protéines, glucides et lipides) et peut donc plutôt mener à une prise de poids".

Végétarisme : comment expliquer les kilos en plus ?  

Pourtant, cette réalité semble difficile à imaginer pour la plupart d'entre nous. D'ailleurs, quand j'ai parlé de ce sujet autour de moi, seule Marine a répondu par l'affirmative. À l'inverse, beaucoup m'ont envoyé des messages de surprises, comme si associer "végétarisme" et "prise de poids" était une oxymore.

Bien que beaucoup d'autres facteurs entrent en jeu dans cette équation : déséquilibre hormonal, sédentarité... Il n'empêche que cette façon de penser peut mener à des sorties de route, comme ça l'a été dans mon cas. Et au-delà des kilos en trop qui me complexaient alors (venant titiller un passé nourri de troubles du comportement alimentaire), c'étaient les effets de cette manière de manger, sur ma santé, qui me plombaient : irritabilité, fatigue extrême, fringales... Tant de conséquences de la carence en protéines, comme l'explicite le WebMD. 

C'est d'ailleurs le principal facteur de prise de poids dans ce cas de figure, explique la diététicienne-nutritionniste. 

"Le fait de simplement supprimer les aliments d'origine animale, qui sont les principales sources de protéines dans une alimentation omnivore, peut expliquer une prise de poids. Les protéines sont nécessaires pour maintenir la masse musculaire, qui permet, elle, le maintien de la dépense énergétique. Les protéines sont aussi nécessaires à la synthèse de certaines hormones, dont les hormones thyroïdiennes, qui nécessitent également la présence d'iode qu'on retrouve plutôt dans les produits de la mer. Or un manque de ces hormones a, comme conséquence, une prise de poids".

De même, bien que le problème ne se soit pas posé dans mon cas, les produits dits "simili" étant encore timidement mis en valeur - voire quasi inexistants - dans les supermarchés et autres magasins bio en 2015, aujourd'hui, c'est une autre paire de manches. Les produits végétariens et végétaliens ultra-transformés (fausse viande, faux fromage...) sont désormais aisément accessibles. Si leurs packagings verts peuvent être piégeux, leurs compositions sont toutes aussi nocives pour la santé que celles des carnés (et peuvent entraîner prise de poids et soucis de santé). 

Dernier exemple en date : la sortie d'une déclinaison "vegan" de la pâte à tartiner Nutella, dont beaucoup ont été surpris qu'elle ne soit pas "plus saine" que sa version classique. En effet, seul le lait a été remplacé par de l'aquafaba - liquide de conservation des pois chiches - dans le petit pot bourré d'additifs et de sucre. Végé ou non, ces aliments transformés doivent être consommés avec modération. 

Comment bien composer une assiette sans viande ?

Alors, pour éviter ces désagréments quand vous décidez de vous tourner vers une alimentation végétarienne, il faut savoir dans quoi on s'embarque : demander conseil à un.e spécialiste de la nutrition ou à un.e médecin ne sera, d'ailleurs, jamais de trop. 

Pour rappel, "il faut remplacer la viande et le poisson, qui font partie des principales sources de protéines, par une autre source de protéines, à savoir les œufs ou les légumineuses (dans le cas des végétaliens, on misera uniquement sur les légumineuses)", détaille même Émeline Bacot.

Et ainsi jouir de tous les bienfaits santé que promet cette manière de s'alimenter. L'idée n'étant bien évidemment pas de décrier un régime alimentaire que je suis encore aujourd'hui, mais d'alerter sur les clichés qui l'entourent.

Toutefois, il reste bon de souligner que si vous notez une prise de poids inexpliquée (que vous changiez de régime alimentaire ou non), il est recommandé de consulter. Derrière cette dernière peut, certes, se dissimuler des connaissances en matière de nutrition à étoffer, mais aussi des problèmes de santé (stress en excès, dépression, effets secondaires d'un traitement, ect...).