Axé sur le thème « deuxième chance, premier choix », le premier concours Kering Generation Award X Jewelry invitait étudiants et start-ups à transformer les déchets en ressources, en créant des bijoux à partir de matériaux rejetés, avec pour maîtres-mots la durabilité, l’innovation et la créativité.
Parmi les candidats issus de 10 universités et académies et 22 start-ups, un jury a sélectionné quatre finalistes, puis deux lauréats nommés le 7 juin 2025 au salon professionnel de la joaillerie JCK à Las Vegas : Lee Min Seo, étudiante au département de métal et joaillerie de l’Université Hongik à Séoul, Corée du Sud ; et Ianyan, première marque chinoise de joaillerie indépendante en mode "curator", saluée pour son approche créative et responsable.
« Le président-directeur général de Kering, François Pinault, est convaincu que pour atteindre nos objectifs [de durabilité], nous devons miser sur des innovations de rupture. C’est pourquoi nous sommes très proactifs dans ce domaine. Nous travaillons avec plus de 250 start-ups, notamment sur les matières premières », explique Marie-Claire Daveu, directrice du développement durable et des affaires institutionnelles chez Kering.
Nous devons miser sur des innovations de rupture -François Pinault-
Lee Min Seo : « Rhythm Reborn », le rythme retrouvé
Dans son projet « Rhythm Reborn », Seo a créé une collection de bijoux à partir de cuir usagé provenant du janggu, instrument de percussion traditionnel coréen. L’objectif : préserver la culture tout en réduisant le gaspillage de matériaux dotés d’une valeur historique et culturelle, en les réinterprétant sous forme d’art portable.
Elle transforme le cuir usé de janggu — souvent jeté après une utilisation prolongée — en pièces de joaillerie. Cette démarche vise deux objectifs : réduire les déchets environnementaux et symboliser la beauté durable du patrimoine musical coréen.
Un collier spectaculaire et complexe repose sur le cou en formant des ondulations façon accordéon, alternant matières souples et armature métallique délicate, guidant le flux comme une onde sonore.
Marie Claire : Pourquoi ce projet est-il important ?
Seo : C’est une occasion de préserver ma culture en réimaginant la musique traditionnelle coréenne.
Quel est le processus de fabrication ?
Le cuir du janggu est récupéré, découpé en bandes, perforé, puis inséré dans des composants métalliques.
Le tout est soudé et formé à chaud sous pression pour maintenir son élasticité. Chaque élément est teint, assemblé et relié pour former le collier final.
D’où vient l’inspiration ?
Le projet est né d’une question simple : comment redonner vie à un objet ? La durabilité, ce n’est pas seulement préserver les matériaux, c’est aussi préserver les souvenirs qu’ils portent. Le janggu inspire ce projet par sa capacité à produire des sons multiples et profonds, et sa place centrale dans la musique coréenne.
Ianyan : transformer les défauts en beauté
Lauréate dans la catégorie start-up, Ianyan utilise des opales fracturées et pierres atypiques, souvent rejetées par la joaillerie traditionnelle, pour en révéler la beauté brute. Elle prône une économie circulaire, redonnant vie à des matériaux par l’artisanat et des valeurs revisitées.
Chaque pièce est réparée, transformée ou recomposée, révélant une nouvelle esthétique.
Marie Claire : D’où proviennent les opales que vous réutilisez ?
Ianyan : Elles viennent de trois sources principales : des matériaux recyclés provenant de mines respectueuses de l’environnement à Lightning Ridge (Australie), des opales de ma collection personnelle accumulée au fil des années, et des achats lors de salons internationaux certifiés. Nous évitons au maximum de recourir à de nouvelles extractions.
Quelle est l’origine du projet ?
Je me suis inspirée d’une photographie intitulée « La pierre se brise, le ciel s’étonne », où une fissure dans une roche laisse place à une jeune pousse. Cette image de renaissance au sein de la fracture m’a profondément émue. Il m’a fallu deux ans, par intermittence, pour réaliser cette collection.
Quelle est votre plus grande satisfaction ?
Deux choses : voir une pierre considérée comme « déchet » devenir une œuvre d’art précieuse, et sentir que notre philosophie du respect des ressources touche vraiment les gens. Il ne s’agit pas juste de faire des bijoux, mais de diffuser un message.
Pourquoi la durabilité est-elle essentielle pour vous ?
Parce que la joaillerie ne doit pas se faire au détriment de la planète. L’industrie traditionnelle repose sur l’extraction minière, qui a un coût écologique énorme, alors que tant de pierres magnifiques sont rejetées car imparfaites. Cela nous brise le cœur. Heureusement, les nouvelles générations s’intéressent davantage à l’origine et l’impact écologique des pierres. Aujourd’hui, la beauté seule ne suffit plus — la beauté responsable est l’avenir.
Kering : durabilité et créativité comme moteurs du luxe de demain
Avec le Kering Generation Award X Jewelry, Kering réaffirme que créativité et durabilité doivent aller de pair pour bâtir le futur du luxe.
La cérémonie, organisée en partenariat avec la CIBJO – Confédération mondiale de la bijouterie, et coordonnée scientifiquement par le Politecnico di Milano, a également reçu le soutien des maisons de joaillerie de Kering : Boucheron, Pomellato, DoDo et Qeelin.
Les gagnants bénéficieront d’un mentorat avec des experts du Politecnico di Milano. Lee Min Seo aura également la chance d’effectuer un stage dans une Maison de joaillerie de Kering.
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