Du 28 août au 3 septembre 2023, l’Ultra-Trail du Mont Blanc (UTMB) ouvrait sa 20e édition à Chamonix. La compétition, considérée comme le plus grand sommet mondial du trail, a vu s’engager 2300 coureur.ses prêt.e.s à en découdre avec un terrain difficile.
C’est l’Américain Jim Walmsley qui, au terme de 171 km et 10 000 mètres de dénivelé positif, est arrivé vainqueur après 19 heures et 37 minutes d’efforts. Arrivé en larmes dans les bras de ses proches, le coureur, comme tous les autres participants, a repoussé ses limites, donnant un aperçu de l’intensité d’une telle épreuve et que nécessite plus généralement l’ultra-trail.
Une discipline venue tout droit des États-Unis
À l’origine, la discipline est née aux États-Unis. En 1974, un athlète appelé Gordy Aimsleigh a l’idée de parcourir les 161 km de la Western States Ride, une compétition d’endurance à cheval, en courant, car son cheval s’est blessé. Il termine sa course en 23h47. Trois ans plus tard, la première course officielle est lancée, constituant le premier événement d’ultra-trail.
En France, il faut attendre plusieurs décennies pour entendre parler de la discipline. D’après Guillaume Millet, scientifique, auteur et conférencier, qui a pratiqué l’ultra-trail pendant plus de 30 ans, trois épreuves ont marqué ce sport dans l’Hexagone. D’abord, le Grand Raid de l’île de La Réunion, organisé en 1989, puis le grand trail des templiers, lancé pour la première fois en 1995, puis l’UTMB, en 2003.
L’ultra-Trail du Mont-Blanc tient une place spéciale dans le cœur des adeptes de l’ultra-trail. Traversant trois pays, la France, l’Italie et la Suisse, la compétition doit être réalisée en moins de 46h30. "À l’époque, c’était la course que tout le monde voulait gagner", confie Guillaume Millet, qui a participé à cette compétition à trois reprises, finissant 4e, 5e et 6e.
Ultra-trail : quelles différences avec la course à pied ?
Mais pour mieux comprendre la discipline, il faut aussi savoir de quoi on parle. Car, si l’ultra-trail semble être une simple course à pied, elle se définit par différentes caractéristiques.
D’abord, le trail est une course simple, constituée de seulement 20% de bitume. L’ITRA (International Trail Running Association) le définit comme une compétition pédestre qui a lieu dans un environnement naturel balisé, comme la montagne, la plaine, le désert ou la forêt avec le moins de route goudronnée ou cimentée possible. En d’autres termes, c’est une course hors-route.
Contrairement à la course à pied, notamment les marathons, le chronomètre n’est pas un élément important. Dans le monde du trail, c’est l’expérience qui prime.
Vient ensuite l’ultra-trail qui n’est pas défini de la même manière par tous.tes. "Certains estiment qu’on entre dans l’ultra quand on fait un mètre de plus que le marathon, et d’autres quand c’est une compétition qui commence à 6,7,8 heures d’efforts", commente Guillaume Millet. Plusieurs distances de référence existent d’ailleurs, et sont de l’ordre de 80km, 100 km ou 160 km.
Les modalités des compétitions d’ultra-trail donnent le tournis. À titre d’exemple, le Tor des Géants - le trail le plus long du monde - qui se déroule dans la Vallée d’Aoste, au nord-ouest de l’Italie, mesure 335 km et 24 000 mètres de dénivelé positif (ndlr, c’est-à-dire la somme de toutes les différentes d’altitudes franchies).
Une technique d’entraînement spécifique
En comparaison avec la course à pied, l’ultra-trail n’est pas une discipline qui implique la course sur le goudron, à plat, avec un rythme constant.
Les terrains en ultra-trail sont variés et irréguliers. Les variations de rythme sont nombreuses et les foulées sont différentes. Il est par exemple possible d’avoir des phases de marche en pleine course, notamment en montée.
Les données les plus importantes liées à cette discipline sont donc le dénivelé et la technicité des terrains parcourus. L’entraînement n’est donc pas le même. Dans son livre Ultra-trail, Plaisir, performance et santé (2012), Guillaume Millet donne de nombreux conseils pour se préparer à de telles compétitions.
"Ce qui est vraiment important c’est de se préparer en descente et de les encaisser sur la durée, car c’est ça qui va faire plus mal aux jambes que les montées", explique celui qui officie également en tant que physiologiste du sport.
Un sport où les femmes excellent
Car l’ultra-trail nécessite de se mettre dans des conditions spécifiques : on va marcher avec un bâton, mais aussi du matériel ou encore de la nourriture. Seuls quelques stands sont mis à la disposition des coureur.ses tout au long de la course.
D’ailleurs les femmes excellent dans cette discipline. "Elles sont particulièrement douées dans ce sport", avance Guillaume Millet. Notamment Courtney Dauwalter, qui vient tout juste de remporter son troisième UTMB. Avant cela, cette année, elle avait déjà flambé la Western States Ride en Californie et la Hardrock 100 dans le Colorado. Un palmarès qui confirme sa suprématie sur l’ultra-trail féminin.
Il faut dire que les femmes ont une qualité d’endurance qui leur permet de se rapprocher des hommes quand la distance augmente, explique Guillaume Millet. "Elles ont un corps adapté à ce sport et possèdent moins de globules rouges que les hommes, donc elles transportent moins d’oxygène", développe le physiologiste du sport. "Leurs muscles sont composés de fibres musculaires adaptées pour l’endurance et elles ont plus de graisses pour utiliser l’énergie", poursuit-il.
Quelles conséquences sur la santé ?
Sur le plan physique, l’ultra-trail demande un effort parfois surhumain. "Ce n’est pas anodin comme épreuve", confirme Guillaume millet.
Pour le physiologiste, il convient de différencier les conséquences aiguës liées à la pratique de ce sport, comme les grosses douleurs dans tous les membres, les syndromes inflammatoires, une grande fatigue notamment au niveau du système nerveux, ou des douleurs aux articulations et aux tendons.
Mais "il n’y pas de séquelles, ça disparaît pour 99,9% des gens", ajoute l’expert. "Même si ça peut arriver chez celles et ceux qui ne s’entraînent pas suffisamment et qui veulent seulement faire la course ou qui font de l’automédication en prenant des anti-inflammatoires pour lutter contre l’inflammation", prend-il en exemple. "Ce n’est pas du dopage, mais c’est dangereux pour les reins et il y a déjà eu des morts."
Face à tous ces symptômes, la pratique de l’ultra-trail peut-elle abîmer le corps sur le long terme ? Là, l’athlète estime qu’une pratique raisonnable, constituée de longues périodes de repos, n’implique pas de séquelles. "C’est la dose qui fait le poison", rappelle-t-il.
Dans tous les cas, si jamais vous souhaitez vous lancer, il est préférable de demander conseils à des professionnels du sport et à votre médecin, pour mettre de côté toute contrindication possible.
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