Fin mai 2024, lors d’une étape de Coupe du monde à Yecheon en Corée du Sud, Lisa Barbelin et Baptiste Addis se partageaient le pas de tir. Les archers tricolores se sont inclinés au pied du podium de l’épreuve mixte, en préparation des Jeux olympiques de Paris 2024.
Le tir à l’arc fait partie de ces sports de plus en plus nombreux à instaurer la mixité. Mais en France, seuls 35 % des licenciés sont des femmes.
Dans les faits, la compétition entre archers est plutôt égalitaire : hommes et femmes tirent à la même distance, disposent des mêmes capacités physiques et s’entraînent très souvent ensemble dans les clubs. Mais "l’image masculine du maniement des armes, moins attirant pour les femmes" colle encore à la discipline, regrette Sandrine Vandionant, directrice technique nationale (DTN) de la fédération française.
De plus en plus d'archères inscrites à la fédération
Le tir à l’arc a pourtant toujours eu des représentantes féminines, la première remonte à l’Antiquité depuis Artémis, la déesse grecque de la chasse, inséparable de son arme et de ses flèches. "Il n’y a aucune raison qu’il n’y ait pas de parité dans notre sport, poursuit l’encadrante, médaillée de bronze en arc à poulies par équipe aux Mondiaux de 2013. On voit d’ailleurs que les choses évoluent dans le bon sens, avec une augmentation du nombre d’inscriptions de femmes et de jeunes filles ces dernières années."
La fédération a enregistré en effet 8% de licenciées supplémentaires entre 2017 et 2023.
Depuis une quinzaine d’années, des efforts de mixité à l’échelle internationale expliquent aussi cette féminisation. Avec l’enjeu de parité dans le viseur du Comité international olympique (CIO), l’ajout d’une épreuve olympique mixte de tir à l’arc classique au programme olympique a été annoncé en 2017.
Une décision dans le sillage des championnats du monde et continentaux qui l’avaient déjà instaurée depuis 2011.
"En pôle espoir, on était 12 et il y avait 11 garçons"
Pour l’ancienne archère tricolore Bérengère Schuh, l’arrivée de l’épreuve mixte en compétition s’est faite de façon naturelle. "Ça ajoutait une chance de médaille supplémentaire. D’autant plus qu’en pôle espoir ou à l’INSEP, on tirait régulièrement contre des garçons. Donc ça allait dans le bon sens."
D’aussi loin qu’elle s’en souvienne, la médaillée de bronze par équipes femmes aux Jeux de Pékin 2008 s’est toujours entraînée avec des hommes. "À mon arrivée en pôle espoir à Compiègne à 15 ans, 11 des 12 archers étaient des garçons. Mon seul but était de les battre."
Ensuite, Bérengère Schuh eut surtout comme objectif de rivaliser avec plus fort qu’elle. "Quand j’ai commencé à faire des points en équipe de France et à passer devant les autres filles, j’essayais de me rapprocher des garçons." L’archère a d’ailleurs terminé sa carrière sur une médaille d’argent par équipe mixte en 2016 aux côtés de Jean-Charles Valladont.
Plus de stratégie et de cohésion
Adepte des compétitions par équipe, la Bourguignonne aurait aimé prendre part à l’épreuve mixte des Jeux, apparue à Tokyo en 2021. Sur le pas de tir, hommes et femmes performent à la même distance : 70 mètres. "Ce qui nous différencie, c’est la puissance. Surtout lorsque les conditions sont moins bonnes avec du vent et de la pluie, les flèches des filles vont être plus embarquées, développe Bérengère Schuh. Avec un temps parfait, la différence est beaucoup moins flagrante."
L’autre élément important, note l’athlète, c’est "le mental qui ne dépend pas du sexe".
On était tout le temps ensemble, donc on avait une stratégie. Selon la personne avec qui on était, on savait quel discours on devait avoir et si on devait tirer plus ou moins vite.
Dans ce sport très individuel, le tir par équipe demande aussi "plus de stratégie et de cohésion", précise-t-elle. Les archers tricolores s’entraînent donc régulièrement en binômes mixtes pour préparer les Jeux en variant les partenaires, car le duo est formé en fonction des classements individuels, où les deux meilleurs Français sont associés, confirme la fédération.
"On était tout le temps ensemble, donc on avait une stratégie, se remémore Bérengère Schuh. Selon la personne avec qui on était, on savait quel discours on devait avoir et si on devait tirer plus ou moins vite."
Faire tomber les barrières
Pour la jeune génération d’archers, qui a toujours connu l’épreuve mixte au calendrier, cette dernière a de vrais atouts. "On peut se soutenir, s’encourager, explique Léa Girault, 18 ans, membre de l’équipe de France espoir d’arc à poulies. Lors d’une compétition en Bulgarie, les conditions étaient mauvaises, avec beaucoup de pluie, donc avec mon binôme, François Dubois, on s’est dit qu’on allait faire ce qu’on pouvait tant pis. Et ça nous a réussi, on a ramené une médaille d’or."
La jeune archère voit aussi cette association comme une véritable occasion de progresser. "Nous, les filles, on réfléchit parfois trop sur le pas de tir, observe-t-elle. Mais aussi "faire tomber les barrières" entre hommes et femmes. La mixité semble aussi trouver son public à l’échelon amateur. À la Compétition loisirs, nationale et départementale, créée en 2018 par la fédération française, le trophée des mixtes est un succès.
"Soixante départements l’organisent cette année, et il y a même une liste d’attente pour participer dans certains, se réjouit Sandrine Vandionant. Cette offre loisirs est idéale pour féminiser notre sport, car la première motivation des femmes qui s’inscrivent n’est pas la compétition, mais plutôt de pratiquer en loisir."
L’organisation attend aussi beaucoup des JO à domicile, qui offrent une fenêtre médiatique inédite. "On espère que nos athlètes vont inspirer et que ça aura un effet boule de neige sur le nombre de licenciées", précise la DTN. Pour Bérengère Schuh, montrer plus de mixité dans le sport permet aussi d’envoyer "un message à l’ensemble de la société".
Article publié initialement dans l'édition spéciale Game Change Her x MarieClaire, distribuée en juillet 2024
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