Le 21 juin 2019, Evaëlle, une collégienne de 11 ans, victime de harcèlement, mettait fin à ses jours. Ce lundi 10 mars 2025, au tribunal correctionnel de Pontoise, s’est ouvert le procès de Pascale B., son ancienne professeure de français dans l’établissement scolaire Isabelle-Autissier, à Herblay-sur-Seine (Val-d'Oise).
Alors que la sexagénaire est jugée pour "harcèlement moral sur mineur de moins de 15 ans", mardi 11 mars 2025, la procureure de la République a déclaré : "ce manque d’empathie me sidère et ne cesse de me sidérer", puis a requis à son encontre 18 mois de prison avec sursis ainsi qu’une interdiction définitive d’exercer la fonction d’enseignante. Marie Roumiantseva, l’avocate de Pascale B., a plaidé la relaxe, rapporte FranceInfo, présent durant l’audience.
Le choc après la mort d’Evaëlle
Plus tôt dans la journée a également eu lieu l’interrogatoire de la prévenue, Pascale B. La femme de 62 ans confie d’abord le "choc" qu’a été pour elle le décès d’Evaëlle. Selon FranceInfo, elle précise également que pour elle, "le plus violent" a été "le mot 'coupable', 'coupable de la mort d’un enfant'".
Une déclaration qui fait écho aux propos du père de la collégienne, qui tient pour responsable l’enseignante. "Madame B. a initié le harcèlement", avant que "les élèves" ne prennent "le relais", expliquait-il la veille face au tribunal correctionnel de Pontoise.
Des heures de vie de classe pour régler des conflits ?
Hélène Tortel, la présidente du tribunal, a par la suite interrogé la sexagénaire sur l’heure de vie de classe qu’elle a organisée et qui constitue l’un des points clés de l’affaire.
Selon l’ordonnance de renvoi devant le tribunal, à laquelle FranceInfo a eu accès, Pascale B. aurait organisé "des heures de vie de classe portant sur le harcèlement scolaire au cours desquelles elle l’a [Evaëlle, ndlr] stigmatisée". La jeune fille aurait alors fini en larmes.
Des larmes que Pascale B. conteste. "Non, elle ne pleure pas. À la fin, elle était en colère", a-t-elle avancé selon Franceinfo. Cependant, elle reconnaît avoir dit "Arrête de pleurer", bien qu’elle admette que "ce n’était pas la phrase à dire".
Quant au but de "ces heures de vie de classe", la professeure explique que "ce n’était pas dans le but de la mettre en difficulté, mais dans le but de régler le problème relationnel dans la classe", avant de déclarer qu’à ses yeux, Evaëlle n’était pas une "enfant harcelée", mais plutôt une jeune fille "en conflit avec les autres élèves".
Finalement, à la question "Et si c’était à refaire, vous le referiez ?", la prévenue répond : "Je pense toujours que la méthode était la bonne."
Une plaidoirie choc
Me Delphine Meillet, l’avocate de la famille d’Evaëlle, a ensuite interrogé Pascale B. Alors qu’elle lui demande s’il "n’est pas plus simple d’humilier un bouc émissaire pour tenir toute la classe ?", l’enseignante se défend en affirmant : "Je n’ai pas humilié Evaëlle."
À la fin de son examen, la professeure affirme finalement : "Je suis un être humain normal qui en a pris plein la figure, qui reconnaît ses erreurs quand elle en fait."
Dans sa plaidoirie, l’avocate de la famille d’Evaëlle confie au tribunal correctionnel de Pontoise avoir seulement été confrontée à des personnes présentant si peu d’empathie à la cour d’assises, "chez les criminels endurcis ou des terroristes sans remords".
Alors que le procès s’est clôturé ce mardi 11 mars, la décision devrait être rendue le 10 avril prochain.