Stress ou anxiété : comment les différencier ?

Partageant les mêmes symptômes - accélération du rythme cardiaque, maux d'estomac, tension musculaire ou encore insomnie - le stress n'est toutefois pas diagnostiqué médicalement parlant. De son côté, l'anxiété s'apparente, elle, à un véritable trouble ayant de nombreuses conséquences sur l'organisme et la psyché.

Et les différencier, c'est commencer à s'en libérer.

Le stress est une réponse normale de l’organisme

Pour commencer, le stress est une émotion saine et naturelle.

"Le stress est une réponse normale de l’organisme (un processus biologique et psychologique) afin de s'adapter à des contraintes particulières. Si l'on est coincé dans les bouchons, cela devient stressant, il y a une contrainte mais on s’adapte. On distingue l'agent stressant et la réponse de notre organisme. Ce qui veut dire que la réaction de stress est normale, voire parfois bénéfique si elle permet au sujet de se dépasser et de s'adapter", commence le psychiatre Philippe Fossati. 

Car contrairement à l'anxiété, "le stress a à voir avec la façon dont nous faisons face aux stimuli qui nous affectent”, ajoute Psychology Today. Il existe un "bon" stress et un "mauvais" stress. "Le stress peut permettre d’apprendre. Si l'on est plusieurs fois coincé dans les bouchons, on saura mieux les gérer, on va anticiper, s’adapter, faire face. Mais il y a aussi du mauvais stress. Celui qui entraine des réactions hormonales, une prise de poids, des problèmes cardiaques et des réactions émotionnellement excessives", reprend le professionnel.

Finalement, "le stress est une sollicitation des capacités d'adaptation mais aussi un facteur d’apprentissage", explique le spécialiste. Mais parfois, les réactions et émotions deviennent inadaptées, excessives et dépassent les capacités du sujet concerné.

"C'est pour cela qu'il faut initier une bonne gestion du stress. Mais c'est notre capacité de contrôle qui nous aide à gérer la situation de stress. Alors pourquoi ne pas parfois se dire que si l'on ne peut pas contrôler, cela ne sert à rien de se prendre la tête ?", propose toujours le psychiatre. 

L'anxiété, fausses alertes et vraies conséquences

Côté anxiété, elle s'apparente à "un faux signal, une fausse alerte".

Une réaction "anormale" de l'organisme et de la psyché : "l’anxiété est une peur sans objet. La peur est une émotion normale, une réponse à un stimulus susceptible de déclencher des émotions. Dans certains cas, c'est une réaction émotionnelle tout à fait légitime. On a une augmentation de la fréquence cardiaque, on va essayer de fuir, on a les poils qui se hérissent. Mais l'anxiété survient lors d'une situation qui ne comporte pas de danger", ajoute Philippe Fossati. 

Et c'est sa temporalité qui la différencie du stress. "C'est une exposition à des facteurs répétés qui peut générer de l'anxiété chez les personnes. Des facteurs qui s’autonomisent et n'ont plus rien à avoir avec le départ". S'apparentant au quotidien à "une alarme incendie allumée en permanence alors qu'il n'y a pas le feu", l'anxiété traduit un dysfonctionnement du circuit de la peur.

"Il y a une continuité entre la peur normale et la pathologique. Les circuits qui régulent la peur sont les mêmes mis en jeu dans la pathologie".

Chez les personnes anxieuses, on note une activation anormale de l'amygdale, zone dictant les émotions. Et en plus d'envahir le cerveau, l'anxiété envahit souvent chaque parcelle de notre vie. "Elle peut se manifester en phobies, en une anxiété généralisée, en des crises d’angoisses (troubles paniques), en des TOC (troubles obsessionnels compulsifs) et dans le stress post-traumatique,tous alimentés par des éléments anxieux. Finalement, ces troubles recouvrent de nombreuses pathologies", détaille le psychiatre. 

Stress et anxiété : des origines, des réactions et une temporalité différentes

Mais alors pourquoi différencier ces émotions qui semblent malgré tout liées ? Car elles n'ont pas les mêmes fonctions et conséquences.

"Même si l'anxiété est inconfortable, elle peut signaler que quelque chose ne fonctionne pas. Si vous n'aviez pas de récepteurs de douleur et que vous touchiez une surface chaude, vous vous brûleriez. L'anxiété a le même facteur de protection qui vous dit : ‘je dois faire quelque chose différemment’”, explique Luana Marques, professeure de psychiatrie à la Harvard Medical School, au journal de l'Université. 

Et lorsque cette anxiété devient trop intense, il convient d'agir pour s'en libérer. D'abord, en différenciant une anxiété modérée et une anxiété grave. “Lorsque l’anxiété se répète, s'installe dans la durée, survient sans lien avec un danger ou une menace réels et crée une souffrance psychique telle qu'elle perturbe durablement sa vie quotidienne, celle-ci nécessite une consultation médicale et des soins”, relate de son côté, le site de l’Assurance maladie.

Toutefois, lutter contre les troubles anxieux n'est pas toujours chose aisée. Mais en plus de consulter un.e professionnel.le, d'autres solutions existent. "Il faut leur apprendre à avoir peur, de sorte que le signal de danger s’allume dans les bonnes conditions. On doit les rééduquer aux vrais dangers. Il ne faut pas ne pas apprendre aux gens à ne pas avoir peur car c'est une réaction adaptée dans certaines situations. L'idée est de moduler la réaction de l'amygdale et de réapprendre à l’allumer quand il y a un vrai feu", conclut le psychiatre.