Quand une trend tourne à l'apologie du viol. Depuis plus d'une semaine, les réseaux sociaux sont inondés de "starter packs". Ces images, générées par des intelligences artificielles à l'aide d'un prompt, montrent une personne représentée à la manière d'une figurine emballée, ainsi que quelques objets miniatures, façon jouets, qui la caractérisent. Certains utilisateurs ont détourné la tendance à des fins misogynes.
Une publication scandaleuse
L'un d'entre eux a notamment créé le "starter pack" de Gisèle Pelicot, victime de viols perpétrés pendant dix ans par son mari, mais aussi par 50 hommes que ce dernier recrutés sur Internet. La septuagénaire, aussi victime de soumission chimique et inconsciente, amorphe, aux moments de ces viols, est représentée en pyjama, avec comme "objets" : un appareil photo, un lit et un cachet.
"Précommande ta Gisèle", écrit en description de cette horrible publication l'utilisateur, qui ajoute un lien renvoyant vers un site de libertinage, précise Le Parisien. Son post a été vu par plus de 30 000 personnes. Dans les commentaires, certains accablent Gisèle Pelicot : "Elle s’est régalée et elle nous joue la meuf qui ne savait rien", peut-on par exemple lire. Ou encore : "La police lui est tombé dessus, alors elle a joué la victime." Un internaute traite aussi tous ceux qui s'indignent de ce détournement de "fragiles".
L'utilisateur banni, mais la "trend" continue d'être détournée
L'auteur de ce "starter pack" ne s'est pas arrêté là. Sur Instagram, le compte féministe @ovairestherainbow a repéré cette publication scandaleuse et dénoncé les agissements de celui qui a également créé et publié sur TikTok à l'aide de l'I.A la fausse boîte d'un faux jeu de société intitulé "Ne réveille pas Gisèle", comprenant la mention "1 à 50 joueurs".
De nombreux utilisateurs de la plateforme se sont d'ailleurs offusqués et ont appelé à signaler en masse ce compte qui faisait l'apologie du viol et incitait à la haine envers Gisèle Pelicot.
Le compte TikTok a finalement été banni pour avoir "enfreint les règles communautaires", assure TikTok à BFMTV ce mercredi 16 avril. Le problème ? D'autres utilisateurs se sont eux aussi emparés de la tendance afin de la détourner, alimentant la misogynie, mais aussi la culture du viol.
Misogynie, transphobie…
Sur Twitter, l'un d'eux publie par exemple le "starter pack" d'un prêtre avec comme "objet favori" un enfant et un concombre. En bas de la photo, il est écrit : "Ça ne va pas faire mal", tandis qu'en description, on peut lire : "Vous en avez plein le cul du starters packs ? (sic) Dites que vous n'êtes pas seul".
Avec cette tendance, ressortent également des publications liées aux théories infondées et transphobes selon lesquelles Brigitte Macron serait une femme transgenre, tandis que d'autres s'emploient à représenter la figurine de "la mère cassos", alimentant un peu plus les stigmates des mères en situation de précarité.
Le détournement de cette tendance sur les réseaux sociaux met une nouvelle fois en avant le manque de modération de ces derniers qui laissent des contenus incitant à la haine, la violence ou la discrimination et faisant l'apologie du viol et des violences sexuelles. Rappelons que qu'il s'agit en France d'un délit passible d'un an d'emprisonnement et de 45 000€ d'amende.