Selon l'ONU, l'équivalent d'un camion poubelle de plastiques serait déversé dans les océans chaque minute. En mars dernier, la NASA alertait : en 2024, le niveau moyen des mers avait grimpé de 0,59 centimètre, dépassant largement les 0,43 centimètre prévus. D'après WWF, les populations d'animaux marins auraient été divisées par deux depuis 1970.
Pourtant, les océans et les mers, qui recouvrent 70,8% de la surface de la Terre, sont essentiels : ils nous permettent de respirer et une partie de notre nourriture en provient.
Alors pour lutter contre les ravages de l’activité humaine sur cet espace aussi précieux que fragile, certaines s’engagent. Des sportives de l’eau, qui usent régulièrement de ses vagues, de son immensité ou de son principal composant dans le cadre de leur pratique, prennent part au combat pour préserver les espaces marins. Mais qui sont-elles ?
Isabelle Autissier : "Les océans vont plus mal qu’il y a 10 ou 20 ans"
Isabelle Autissier est l’une des figures de la protection des océans.
Première navigatrice à avoir accompli un tour du monde en solitaire lors d'une compétition en 1991, la Rochelaise est aussi ingénieure. "Mon engagement vient de loin. Je suis ingénieure, c’est un métier que j’ai exercé pendant plus de dix ans. Quand j'ai commencé à travailler, je me suis vite rendue compte qu’avec la surpêche, on était en train d'épuiser les océans et qu’un jour ou l'autre ça allait mal finir".
Après une vie de combats, l’ancienne présidente de WWF France préfère aujourd’hui les paysages de l’Antarctique. "Quand on revient un peu régulièrement dans ces endroits, pendant dix ans, on voit qu’il y a moins de glace, que les cartes faites il y a 30 ou 40 ans ne sont plus du tout les mêmes", précise-t-elle.
D’après l’autrice à succès de 68 ans, les mentalités évoluent, notamment chez les navigateur.ices. Même s’il reste encore beaucoup à faire. "Les océans vont plus mal qu’il y a 10 ou 20 ans, mais on a réussi à faire prendre conscience à des gens qu’il y avait un problème. On a pu protéger des espèces, lutter contre la pêche illicite, travailler pour que les engins des marins-pêcheurs soient plus respectueux. Tout le monde doit faire attention à son empreinte carbone, se demander si on a vraiment besoin de se déplacer, en avion ou en train, et comment on se nourrit. Nous n’avons pas d'autres solutions que de changer. Car il est bien mieux d'inventer le monde de demain que de rabâcher celui d’hier, qui nous a conduit dans le mur”.
Coralie Balmy : "Je veux amener à l'amour et à l'émerveillement des océans"
Coralie Balmy, nageuse française médaillée de bronze sur le 4x200 m nage libre aux JO de Londres en 2012, a dédié sa vie aux océans.
Retirée des bassins en 2016, la jeune femme s’est tournée il y a plusieurs années vers la préservation de la mer. Et cet engagement pour le milieu marin et son besoin de le protéger commence dès son plus jeune âge. "J’ai grandi en Martinique, j'ai toujours été dans l'eau. J'ai passé tous mes niveaux de plongée sous-marine. Et j'ai pu constater visuellement la dégradation de certains sites. J’ai aussi eu un diplôme d'assistant vétérinaire et ça a encore plus renforcé mon idée de m'engager pour cette cause en voyant l'impact direct de la pollution et de l'homme”, explique-t-elle.
L’ancienne nageuse de haut niveau a créé son association, nommée Coco An Dlo. Le but ? Reconnecter les enfants à la mer. “Je veux amener à l'amour et à l'émerveillement des océans. Et je me suis dit que le meilleur moyen pour que les gens aiment, découvrent et protègent l'océan, c'est qu'ils soient eux-mêmes à l'aise dans l'eau. Il faut les amener à la rencontre des animaux”.
La pratique des sports aquatiques en mer, c'est prendre conscience que tout est vivant. Que ce n'est pas un outil de plaisir, de performance. C'est un écosystème à part entière.
Pour la jeune femme de 38 ans, concilier sport de haut niveau et protection de la nature va de soi. "Le plus important, c'est de ne pas se distinguer en tant qu’humain, de l'environnement, de la nature. Il faut en prendre conscience et se sentir comme faisant partie d'un tout. Quand on fait partie d'un tout, on protège ce qu'on aime, on protège le lieu dans lequel on évolue”. Et les solutions sont nombreuses pour la sportive.
“En utilisant des matériaux moins impactants, en essayant de respecter les saisons, les zones marines protégées, les cours ou les récifs, les roches. La pratique des sports aquatiques en mer, c'est prendre conscience que tout est vivant. Que ce n'est pas un outil de plaisir, de performance. C'est un écosystème à part entière”.
Hannah Mills : "Je veux utiliser mon expérience sportive, mes réseaux et ma notoriété pour sensibiliser"
La championne olympique de voile Hannah Mills fait partie de ces sportives dont le quotidien consiste aussi à se battre pour la nature.
Détentrice d’une médaille d'argent aux Jeux Olympiques de Londres 2012 et d’une médaille d'or aux Jeux Olympiques de Rio 2016, la jeune femme de 37 ans est une figure de la protection des océans. "Chaque plage, marina et port où j'ai navigué est jonché de plastique. Cela m'a poussée à m'intéresser à la durabilité. Je veux utiliser mon expérience sportive, mes réseaux et ma notoriété pour sensibiliser, changer les comportements et influencer les autres sur les questions environnementales", avait-elle déclaré au site Olympics.
En 2019, elle lance la campagne Big Plastic Pledge, afin d’éliminer les plastiques à usage unique dans le sport. Le 14 mars 2025, elle fait partie des 400 athlètes qui signent une lettre ouverte à l'organisation internationale chargée des Jeux olympiques, pour que cette dernière fasse de l’écologie sa boussole dans les années à venir. La skippeuse britannique est d’ailleurs à l’origine de cette initiative écologique.
Maud Le Car : "J'ai voulu agir pour préserver l'océan, qui m'apporte tant chaque jour"
Du haut de ses 33 ans, Maud Le Car est une surfeuse professionnelle aux nombreuses médailles autour du cou. Mais elle est surtout une amoureuse des océans et de l’eau.
Blessée en 2021, la sportive de haut niveau y trouve l’occasion de fonder son association Save La Mermaid, comme elle l’expliquait à Marie Claire. “J’ai eu plus le temps pour aller marcher sur la plage, et du coup, plus de temps aussi pour ramasser les déchets. Ajoutons à cela la quantité de plastique dans l'eau qui ne cesse d'augmenter, comme on l'observe en compétition... Tout ça mis bout à bout, j'ai voulu agir pour préserver l'océan, qui m'apporte tant chaque jour”.
Un projet qui reçoit le soutien de la Fédération Française de Surf, avec laquelle elle met en place de nombreuses actions comme le nettoyage de plages. Engagée corps et âme pour l’écologie, elle met au point en 2023 à un film de sensibilisation qui mêle surf, art et écologie, Everywhere I Go, où elle expose son amour du milieu marin.
Nouria Newman : "Dans certains endroits, quand tu sors de l’eau après avoir pagayé, il faut se doucher. [...] C'est préoccupant"
La protection des océans commence à travers la sauvegarde des rivières. Et ça, Nouria Newman, 34 ans, kayakiste française, vice-championne du monde de kayak extrême en 2016, le sait bien. Car la jeune femme est pleinement engagée dans la préservation des cours d’eau, témoin, dans sa pratique, de la pollution humaine.
"Dans certains endroits, quand tu sors de l’eau après avoir pagayé, il faut se doucher. La moindre plaie peut s’infecter rapidement. C’est préoccupant”, confiait-elle à France 3 en 2022.
"Personnellement, je ne ferais pas d’enfant parce que je n’ai pas envie d’avoir à expliquer à un enfant : tu vois, là, avant il y avait un glacier, c’était trop bien, on pouvait faire du ski, là, il y avait de l’eau qui coulait tout le temps. Je ne sais pas comment je pourrais expliquer et justifier que cela n’existe plus”, concluait-elle.
Sally Fitzgibbons : "Nous devons célébrer [l'océan], mais avant tout nous devons le protéger"
Surfeuse professionnelle australienne, Sally Fitzgibbons est médaillée des JO de Tokyo 2020. Sa notoriété, autant que sa pratique de la planche, la poussent à s’engager pour les écosystèmes marins.
“L'océan, je le considère comme l'un de mes meilleurs amis. Vous vous réveillez de n'importe quelle humeur, il est là pour vous recevoir sans aucun jugement, déclarait-elle à Olympics. Nous devons le célébrer, mais avant tout nous devons le protéger et il y a un énorme chemin à parcourir pour inverser cet impact que nous avons eu sur nos océans. Mais il n'est pas trop tard et ce n'est jamais trop peu quand vous marchez sur la plage et ramassez des déchets. Vous contribuez tous”.
Déjà en 2013, alors seulement âgée de 22 ans, l’olympienne prenait part au combat contre la pollution des océans. “Les océans sont nos terrains de jeux. Nous passons nos journées dans l’eau et si nous voulons continuer de vivre ainsi, continuer de parcourir le monde à la recherche de vagues, nous devons protéger notre planète”, avait-elle confié dans une interview.
Pauline Ado : "La pollution, c’est un fléau global. Elle n’a pas de frontières"
Pauline Ado fait partie de ces sportives qui ont grandi au bord de l’océan. La surfeuse multimédaillée de 34 ans, qualifiée pour les JO de Tokyo, côtoie depuis ses 8 ans le grand bleu. "J’ai très rapidement été confrontée dans ma pratique à des pollutions. Celles de déchets et notamment plastiques présents dans l’eau, mais aussi sur la plage. J’ai aussi vécu la marée noire du Prestige qui a touché nos côtes. Les plages ont été fermées pendant plusieurs semaines... les boulettes de pétrole arrivaient en masse sur nos plages. La pollution, c’est un fléau global. Elle n’a pas de frontières".
Également engagée pour une plus grande féminisation du surf, la sportive lance, lors de la Journée mondiale de l’océan 2025, les Surf’her days, à Anglet. "Un événement féminin pour découvrir le surf, le sauvetage côtier et la préservation de l’océan", explique-t-elle. L’occasion de sensibiliser en même temps à la dégradation de l'environnement marin, grâce à une collecte de déchets sur la plage. "Je passe des centaines d’heures dans l’eau par an, avoue l'ambassadrice Surfrider. L’océan est à la fois ma passion, mon équilibre, mon lieu de travail. C’est un environnement que je chéris et qui est essentiel à mon bien-être. Le voir se dégrader m’attriste. Je veux partager cet amour de l’océan et mon envie de le protéger".
Hélène Noesmoen
Hélène Noesmoen, véliplanchiste arrivée 7ème aux derniers Jeux de Paris, est l’une de ces nouvelles voix de sportives qui usent de leur pratique pour parler écologie. Championne du Monde 2021 et triple Championne d’Europe 2020, 2021 et 2022, la jeune femme de 32 ans est une témoin directe de la pollution marine.
Alors elle s’engage, dans son sport, pour réduire son empreinte et sensibiliser. Pour cela, elle s’investit notamment au sein de l’association Water Family. “Dans les écoles, nous utilisons des kits pédagogiques pour aborder des sujets concrets. L’idée est d’utiliser le fait qu’un athlète soit là pour revenir sur certains sujets : l’alimentation, l’hydratation, ou encore les produits pour nettoyer une planche de manière écologique”, confiait-t-elle au média Ecolosport.
Désormais, la sportive de haut niveau vise Los Angeles 2028. L’occasion peut-être d’amener avec elle sur la scène internationale ses engagement en faveur de l’environnement et des océans ?
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