"Essayez surtout de profiter de cette expérience, et de partager entre vous."
Ce matin de mars 2024, le stade Roland-Garros accueille la première école mondiale "badge blanc" féminine, qui forme les arbitres de chaise du premier échelon international. Les 13 élèves, parmi lesquelles cinq Françaises, se retrouvent dans une salle privative du court Philippe-Chatrier, pour cette première mondiale initiée pour combler un manque criant de femmes dans la profession. "Sur les 30 000 officiels en France, seuls 26 % sont des femmes", remarque Fabien Almanzy, responsable de l’arbitrage à la Fédération Française de Tennis, organisateur de cette formation avec la fédération internationale (ITF).
31 règles du tennis à connaître par coeur
Étudiantes, femmes actives, Françaises, étrangères…le panel d’élèves, sélectionnées sur leurs compétences de base, est varié. Doctorante en pharmacie, Maëva, 25 ans, a commencé à arbitrer à 11 ans, dans son club. Ses diplômes de jeune officielle dans la poche, la jeune femme, qui vit entre Tarbes et Lourdes, monte sur la chaise à l’adolescence pendant ses vacances scolaires.
"On a une place privilégiée, et on fait partie intégrante du match, c’est top. Le fait d’apprendre à prendre des décision aussi importantes, sur un court, a été décisif dans ma construction personnelle."
Les premières leçons sont en anglais, comme le sera toute la formation. "Cela demande encore plus de concentration", note Stéphanie, 50 ans, originaire du bassin d’Arcachon. "En 1994, j’étais joueuse de niveau 15/1. Et ils avaient besoin d’un coup de main sur un dernier tour de pré-qualification à l’Open Gaz de France." À l’époque, avec ses consoeurs, elles étaient une dizaine d’officielles sur toute la France. "J’ai quitté les courts en 2006, à la naissance de mes enfants. À mon retour, en 2012, on était beaucoup plus nombreuses."
En quatre jours, les apprenties arbitres décortiquent les 31 règles du tennis. "Elles doivent vraiment tout savoir à la fin, résume Fabien Almanzy. Des règles de base, à la hiérarchie arbitrale, en passant par la dimension des courts jusqu’à la taille des balles." De la théorie, et de la pratique, lors d’un tournoi local à Créteil deux jours plus tard. "Le but, c’est que le règlement soit ancré dans notre esprit pour toujours", poursuit Maëva.
"Tous les arbitres font des erreurs"
"Tous les arbitres font des erreurs, même les plus grands, rassure la Française Sandra de Jenken, qui fut en 2007 la première femme à arbitrer une finale du simple messieurs en Grand Chelem. L’important c’est d’en tirer une leçon."
Pour maximiser leurs chances et la convivialité, les Françaises, qui se croisent déjà sur les tournois, ont organisé une colocation. "Cela va nous permettre de réviser ensemble." Ces dernières semaines, elles échangent via WhatsApp avec des arbitres déjà badgées.
J'ai senti qu’on était actrices d’un moment important et historique.
"J’ai ressenti beaucoup de sonorité, de bienveillance, de la part de nos enseignantes." Aujourd’hui, cinq arbitres au plus haut-niveau officient tout en ayant des enfants. "C’est important de montrer que c’est possible", note la Suédoise Louise Azémar-Engzell. Reconnue mondialement, la Grecque Eva Asderaki-Moore se souvient de ses débuts, quand on lui conseillait de ne pas s’approcher trop près du filet au risque d’être blessée par la balle. "Quand j’ai commencé, en Grèce, j’étais la seule femme : j’aurais adoré suivre ce type de formation."
Le bon équilibre entre diplomatie et fermeté
Quelques semaines après l’examen, débrief avec Maeva et Stéphanie. Hormis le règlement, elles ont aussi découvert des cas pratiques. Des vidéos de situations litigieuses ont été exposées, coupées avant la décision de l’arbitre, et les élèves devaient expliquer comment elles choisissaient de réagir.
"Tout le monde n’était pas d’accord, remarque Maëva, mais l’important c’était d’arriver à prendre sa décision et de pouvoir l’expliquer." Les apprenties officielles ont aussi découvert le bon équilibre entre diplomatie et fermeté dans le dialogue. "J’ai beaucoup appris en matière de communication, résume Stéphanie, en fin de formation. Est-ce qu’on doit répondre de suite à un joueur énervé, ou vaut-il mieux attendre le changement de côté ? Parfois, il vaut mieux attendre qu’il soit plus réceptif. "
Le bilan de cette première ? "On a eu 100% de réussite, se réjouit Fabien Almanzy. Cela n’est pas commun : sur ma formation, en 2017, il y avait eu deux échecs sur les 15 élèves."
Après ce badge blanc, les diplômées peuvent désormais poursuivre en tentant le badge bronze, argent et or, et officier dans les grands tournois comme Roland-Garros. "Pour vivre de l’arbitrage, il faut des badges plus élevés, répond Fabien Almanzy. C’est là qu’elles ont du mérite".
Maëva espère être arbitre et pharmacienne le plus longtemps possible, "un double rôle", qui convient à sa vie actuelle. En parallèle de son activité, Stéphanie, elle, se voit plutôt juge arbitre et donc gérer l’organisation d’un tableau, les inscriptions des joueurs, le déroulement d’un tournoi… De cette formation, Maëva retiendra ce qu’elle a ressenti le premier matin, en arrivant dans la salle de cours. "Cela tranchait avec cette impression que j’avais à mes débuts, quand j’étais la seule femme en tournoi. J'ai senti qu’on était actrices d’un moment important et historique."
Crédits photos : FFT
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