Une jeune femme en tenue de cow-boy, une autre déguisée en Mercredi Adams… ce dimanche après-midi de novembre, un groupe de skateuses roulent leur bosse sur une planche sur le parvis du Carreau du Temple, dans le centre de Paris (75003).

Et elles attirent l’oeil des passants. "On s’est dit que ce serait sympa de faire une session pour Halloween."

Depuis l’été 2022, Ambre et Pauline, du collectif Swirl Paris, organisent des sessions de skateboard. Ouvertes à tous, elles s’adressent en priorité à un public féminin.

Sur les 6 000 licenciés de France, 40 % sont des filles, et l'augmentation se confirme depuis 10 ans. Mais certaines femmes se sentent encore illégitimes sur une planche à roulettes et dans ce sport longtemps dominé par les hommes. Un point à faire évoluer, alors que la capitale française accueille en 2024 les Jeux Olympiques et que le skateboard fait partie du programme (depuis 2021, ndlr).

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Rider les grandes rues parisiennes

APOLLINE CORNUET pour Swirl Paris

La pluie n’a pas eu raison d’Anaëlle, 30 ans, rideuse depuis ses 13 bougies. "J’utilise mon skate comme moyen de transport, mais j’ai aussi cette envie de progresser, de faire de meilleurs virages."

Quand elle ne ride pas, cette photographe indépendante, regarde des vidéos. "Je suis tombée par hasard sur le collectif de Los Angeles et j’ai vu cette antenne à Paris."

Rider les grandes rues parisiennes, faire des connaissances autour du surfskate, c’est ce qui a encouragé Pauline. La juriste, passionnée depuis 2015, nous prête sa planche et donne quelques astuces pour ne pas tomber. "Voilà, c’est ça ! Et après, pour progresser, il n’y a rien de mieux que la pratique."

Chez Swirl Paris, on souhaite surtout s’extirper du mansplaining. "On ne refuse personne pour son genre par principe, précise Ambre. Mais il faut juste comprendre qu'on est dans la bienveillance." Pas de cours, ni de hiérarchie : on apprend les unes des autres.

"Cet esprit bienveillant m’a bien motivée", abonde Anaëlle.

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Un pont de Los Angeles à Paris

APOLLINE CORNUET pour Swirl Paris

Pour le collectif parisien, tout commence en 2019, quand Ambre, musicienne de 26 ans, visite Los Angeles.

Sur Venice Beach, alors qu’elle cherche des groupes pour pratiquer, elle rencontre les filles de Girl Swirl, collectif né quelques mois plus tôt. 200 pratiquantes en moyenne sur chaque session, voilà qui fascine la bassiste.

"Je découvre alors qu’elles ouvrent une antenne à New York. Je me suis dit que ce serait bien de créer un pont entre Los Angeles à Paris."

Au même moment, à Paris, Pauline se met au skate, parce qu’elle a envie d’apprendre… à surfer, mais que c’était "un peu compliqué lorsqu’on vit ici". La jeune femme investit donc dans un surf skate, une planche qui permet de retrouver les sensations du surf sur le bitume, et rejoint le Concrete Surf Riders, collectif qui encadre des sessions sur les quais.

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Un collectif bienveillant qui fonctionne avec le système D

APOLLINE CORNUET pour Swirl Paris

"Je suis vite tombée amoureuse de ce sport", se souvient Pauline, chez qui naît alors l’envie de "construire une communauté dans sa ville, pour aider à prendre confiance en assimilant de nouveaux "tricks"" (techniques ou figures, ndlr).

Ambre et Pauline se rencontrent et lancent leur groupe à l’été 2022.

Aujourd’hui, le collectif fonctionne par le système D. Les évènements, gratuits, sont annoncés sur Instagram, où 4 000 passionné(e)s les suivent, et des copines skateuses filent un coup de pouce pour les photos. Parfois, les débutantes n’ont pas l’équipement pour s’initier, ce à quoi Ambre et Pauline ont déniché une parade.

"Une marque américaine, Carver, qui aide Girl Swirl, nous prête des planches." Tant mieux, parce qu’un surf-skate vaut 300 euros.

Les filles de Swirl Paris sont aussi sollicitées par "certains spots, comme le bar à Bulles ou le Pavillon des Canaux", pour animer des sessions. Des marques de prêt-à-porter comme Roxy et Maje ont aussi fait appel à elles, car "aujourd’hui, on voit des filles faire du skate partout dans les campagnes de pub", se réjouit Ambre.

"C’est à la mode. Les mecs sont aussi de plus en plus bienveillants avec nous, et c’est chouette."

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Des évènements en prévision pour 2024

Ap

Depuis sa création à L.A., le concept de Girl Swirl s’est développé et des antennes ont aussi été montées à Lisbonne et San Diego.

Mais les filles de Swirl Paris n’ont pas vraiment la volonté de se structurer ou de s’étendre. "On a une vie et un boulot à côté et on fait ça de façon totalement bénévole. On veut juste permettre élargir la pratique du skate dans un cadre bienveillant et libre."

On veut juste permettre élargir la pratique du skate dans un cadre bienveillant et libre.

Cela dit, pour l’hiver et 2024, elles envisagent des évènements chaleureux pour créer du lien, comme "des goûters de Noël, un vide-dressing, voire une projection de films".

Quoiqu'il en soit, même à leur échelle, leur concept simple sur le papier, a déjà un réel impact. La preuve : "Tout à l’heure, une petite fille qui m’a vu skater, résume Ambre. Je l'ai entendu dire à ses parents qu’elle voulait faire comme moi."

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