Depuis son ouverture le 2 septembre 2024, le procès des viols de Mazan bouleverse l'opinion française, et interpelle même à l'international. Dominique Pelicot, le principal suspect, est accusé d'avoir utilisé la soumission chimique pour violer et orchestrer les viols de son épouse par des inconnus qu'il a recruté sur Internet pendant dix ans.
Jusqu'au 20 décembre 2024, 50 hommes seront jugés. Âgés de 26 à 74 ans et issus de tous les milieux sociaux, ils se sont rendus, pour certains, plusieurs fois au domicile du couple, mais seule une poignée d'entre eux reconnaît les faits et exprime des regrets. La plupart accusent le mari de les avoir piégés.
Retour chronologique sur les temps forts de cette affaire tentaculaire et révélatrice de tant de violences systémiques.
Une plainte qui a révélé l'ampleur de l'affaire
Le 12 septembre 2020 est un jour crucial dans l'affaire Pelicot. Alors qu'il se trouvait dans un supermarché de Carpentras (Vaucluse), Dominique Pelicot est surpris en train de filmer sous les jupes de plusieurs clientes par le vigile.
Ce jour-là, Nathalie, l'une des victimes, avertie par la sécurité du magasin, porte plainte. Dominique Pelicot est alors placé en garde à vue, et ses effets personnels, dont son smartphone, son ordinateur et ses disques durs, sont saisis. Les policiers découvrent alors une multitude d'images de Gisèle Pelicot, inerte et abusée par plusieurs hommes, révélant l'ampleur de l'affaire.
Placé en garde à vue, l'homme de 67 ans admet qu'il s'agit de son épouse, et qu'il l'a droguée pour la livrer à des hommes inconnus recrutés sur Internet. La police dénombre 83 agresseurs. Tous n'ont pas pu être identifiés.
La vie de Gisèle Pelicot bascule le 2 novembre 2020. Ce jour-là, la septuagénaire, mariée au père de ses enfants depuis des décennies, apprend par les policiers de Carpentras ce que son époux lui fait endurer.
Un procès qui ne se tiendra pas à huis clos
Le 2 septembre 2024 s'ouvre le procès de l'affaire dite "des viols de Mazan". Gisèle Pelicot a refusé le huis clos pour que "la honte change de camp". Seules les vidéos enregistrées par son mari ne seront pas partagées publiquement.
Dès la première semaine, le 5 septembre 2024, elle témoigne courageusement devant la cour criminelle. Elle insiste sur le fait qu'il s'agit de viols : "Qu'on ne me parle pas de scènes de sexe, ce sont des scènes de viol. Je n'ai jamais pratiqué le triolisme ni l'échangisme, je tiens à le dire." Une déclaration relayée par plusieurs médias présents sur place, à l'instar de BFMTV, et adressée aux avocats de plusieurs accusés, qui expliquent avoir seulement participé au scénario d'un couple libertin.
Gisèle Pelicot aborde également la question de la soumission chimique. "Je parle pour toutes ces femmes qui sont droguées et qui ne le savent pas, je le fais au nom de toutes ces femmes qui ne le sauront peut-être jamais […], pour que plus aucune femme n'ait à subir la soumission chimique."
Le profil psychologique de Dominique Pelicot longuement analysé
Alors que Dominique Pelicot était absent pour des raisons de santé lors de la deuxième semaine de procès, les psychologues et psychiatres se sont succédé à la barre après s'être longuement entretenus avec l'accusé durant l'enquête.
Le 9 septembre, les experts expliquent que le mari de Gisèle Pelicot est une personne "colérique, rigide, conduisant ses proches à craindre ses réactions", cite, entre autres, Ouest-France. Ils décrivent une "personnalité à double facette". Une psychologue note un "clivage entre la personnalité qu'il souhaite être et ce qu'il est vraiment".
Sur le plan de la santé mentale, Dominique Pelicot n'a pas d'antécédents psychiatriques ou de pathologies, selon les experts. Aucune addiction n'a été relevée, si ce n'est "une possible addiction à la sexualité". Enfin, il est souligné une absence "totale" d'empathie de la part du septuagénaire.
Dominique Pelicot serait lié à cinq autres affaires non élucidées
Depuis l'ouverture du procès, le nom de Dominique Pelicot est évoqué même au sein du pôle cold case (affaires non résolues) de Nanterre (Hauts-de-Seine). Le Monde rapporte que l'ADN de l'agresseur, correspondant à celui de Dominique Pelicot, a été retrouvé sur la semelle des chaussures d’une jeune femme victime d'une tentative de viol lors d'une visite d'appartement à Villeparisis en 1999. Interrogé en octobre 2022, Dominique Pelicot a d'abord nié toute implication dans cette affaire avant d'avouer les faits, après avoir appris que son ADN avait été retrouvé sur la victime.
Une autre affaire, remontant au 4 décembre 1994, semble suivre le même mode opératoire. Sophie Narme, également agente immobilière, a été violée puis tuée alors qu'elle effectuait une visite d'appartement à Paris. Si l'ADN de Dominique Pelicot n'a pas été retrouvé sur la victime ou la scène de crime, il est tout de même mis en examen pour meurtre précédé de viol, informe Le Monde.
Depuis 2023, les investigations conduites par la direction centrale de la police judiciaire ont permis de relier cinq autres affaires : deux viols commis en 1994 dans le Morbihan et le Nord, un autre en 1995 dans les Yvelines, une tentative de viol en 2004 en Seine-et-Marne, ainsi qu'un homicide en 2000 dans les Bouches-du-Rhône.
La première prise de parole de Dominique Pelicot
Après une suspension du procès du 12 au 16 septembre, en raison des problèmes de santé de Dominique Pelicot, ce dernier a pris la parole pour la première fois le 17. L'ex-mari de Gisèle Pelicot reconnaît "la totalité" des actes pour lesquels il est jugé.
"Je demande pardon, même si ce n'est pas acceptable. Elle ne méritait pas ça. Je suis un violeur comme ceux qui sont dans cette salle. Ils savaient tous, ils ne peuvent pas dire le contraire", clame-t-il, selon des propos rapportés par l'Agence France-Presse (AFP), en évoquant les autres hommes accusés.
Dominique Pelicot affirme également avoir lui-même été victime de viol par un infirmier lors d'une hospitalisation à l'âge de 9 ans, puis d'avoir été contraint de participer au viol collectif d'une jeune femme handicapée à l'âge de 14 ans.
Le même jour, Louis Bonnet, le maire divers droite de Mazan, est interrogé par la BBC et tient des propos qui choquent par-delà nos frontières. "Ça aurait pu être plus grave. Il n’y a pas eu d’enfants impliqués, aucune femme n’est morte. Ce sera difficile pour la famille, mais ils pourront se reconstruire. Après tout, personne n'est mort", lance-t-il. Et d'ajouter : "Les gens ici disent que personne n'a été tué. Cela aurait été bien pire si [Dominique Pelicot] avait tué sa femme. Mais ce n'est pas ce qui s'est passé dans cette affaire".
Les co-accusés sur TF1
À la fin de cette troisième semaine de procès, le dimanche 29 septembre, un reportage dévoilant les versions de cinq co-accusés est diffusé dans l’émission Sept à Huit sur TF1.
Dans Les 50 de Mazan, Charles avoue avoir trouvé un peu "bizarre" le manque de réaction et le corps inerte de Gisèle Pelicot, mais il admet ne pas s’être posé de "question" étant donné la présence et l’accord de Dominique Pelicot. "Il est là, donc c’est que c’est ok", explique-t-il, comme si le mari pouvait décider à la place de son épouse, sans son consentement.
De son côté, Louis, plus lucide sur la situation, avoue : "Tout ce que j’ai pu faire, c’était évidemment sans l’accord et l’assentiment de cette femme." À la fin de son reportage, TF1 rappelle que les SMS envoyés par Dominique Pelicot étaient sans équivoque : "On est plusieurs couples à aimer violer nos salopes", ou encore "On reste en contact, t’es comme moi, t’aimes le mode viol".
La deuxième prise de parole de Dominique Pelicot
Un mois après l'ouverture du procès, Dominique Pelicot est interrogé une seconde fois pour tenter d'expliquer comment il avait pu violer et organiser les nombreux viols de Gisèle Pelicot pendant une dizaine d'années. Le 3 octobre, il déclare, comme le relaie France Info : "Tout le monde peut penser qu’effectivement j’ai pu la considérer comme un objet. C’est paradoxal, mais je ne sais toujours pas expliquer aujourd'hui la vraie raison. C’est pour ça que j’y travaille et que je travaillerai encore. Ce que je sais, c'est que je l’ai trahie".
Lorsque son avocate, Me Béatrice Zavarro, lui demande s'il n'avait pas agi par "égoïsme pur", il admet : "Il est évident que ce sont des fantasmes tellement égoïstes. Je n’ai pensé qu’à moi et pas à eux [les cinquante coaccusés, ndlr]. Pas à elle surtout". "La seule chose que que j’ai comme regret depuis quatre ans [depuis son arrestation à l’automne 2020, ndlr], c’est que j’aurais dû disparaître par la maladie en 2002", a-t-il révél. Avant de finir par se questionner : "J’ai trahi sa confiance. Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?"
Au lendemain de cette prise de parole, et après un long débat de deux heures, la cour criminelle du Vaucluse a décidé que les photos et les vidéos des viols de Gisèle Pélicot seraient finalement diffusées en présence de la presse et du public, rapporte Le Monde. Quelques heures plus tard, plusieurs vidéos et photos ont été montrées afin de confronter les accusés à leurs déclarations.
Pour les avocats de Gisèle Pélicot, il s’agit d’une victoire, même s’il est "trop tard pour Gisèle Pélicot", a expliqué durant l’audience Me Babonneau. Pour Me Antoine Camus, ces vidéos "font s’écrouler la thèse d’un viol accidentel". "Elles montrent que ce sont des viols par opportunité et que, au-delà, il était question d’avilir, d’humilier, de salir, il était en réalité question de haine de la femme".
À la barre, Gisèle Pelicot s'adresse à Dominique Pelicot
Le mercredi 23 octobre 2023, à mi-parcours du procès, la victime de 72 ans a pris la parole à la barre de la cour criminelle du Vaucluse pour la seconde fois. Sans lui adresser un regard, Gisèle Pelicot s'est directement adressée à son ancien époux.
"J'aimerais m'adresser à monsieur Pelicot. Je ne peux pas le regarder, car la charge émotionnelle est encore là. Je vais l'appeler Dominique aujourd'hui", déclare-t-elle d'abord, avant d'employer le "tu".
"Nous avons eu 50 ans de vie commune, trois enfants, sept petits enfants. Tu as été un père attentionné, présent à l’écoute. Un homme bienveillant, de toute confiance", poursuit-elle, comme le rapportent les médias présents dans la salle, BFMTV et FranceInfo, entre autres. Et d'énumérer : "On a partagé nos rires et nos peines. On a partagé nos moments difficiles, nos vacances, nos anniversaires, nos Noël."
"Pendant 4 ans, je me suis préparée à ce procès et je n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi ? Comment ma vie a basculé ? Comment il en est arrivé là ?"
Et d'interroger directement le père de ses enfants : "Comment tu as pu me trahir à ce point ? Faire rentrer ces inconnus dans notre chambre à coucher ? Pour moi, cette trahison est incommensurable." "J'ai toujours tenté de t'entraîner vers la lumière, vers le haut, lui fait-elle remarquer, toi, tu as choisi les bas-fonds de l'âme humaine."
"Je pensais finir mes jours avec ce monsieur. Aujourd'hui ma vie a basculé dans le néant", témoigne encore Gisèle Pelicot. Qui confie, plus tard au cours de l'audience : "Je ne sais pas comment je vais me relever de tout ça. J'ai déjà 72 ans et je ne sais pas si j'y arriverai dans les années qu'il me reste."
Elle explique aussi avoir "entendu", au cours de ce procès, "ces femmes, mamans, ces sœurs qui disent que leurs proches, les accusés, sont des hommes exceptionnels..." "Moi aussi, j'avais le même à la maison", lance-t-elle, avant de rappeler que "le violeur peut être aussi dans la famille, les amis". "Ils sont insoupçonnables", a-t-elle ajouté.
Celle qui est applaudie par des inconnues à ses sorties d'audiences "exprime [sa] volonté et détermination pour qu'on change cette société." "Que toutes les femmes qui [sont] victimes de viol se disent 'Madame Pelicot l'a fait, on peut le faire'. Je ne veux plus qu'elles aient honte", formule la combattive. Et de rappeler : "La honte, ce n'est pas à nous de l'avoir, c'est à eux".
L'appel de l'Ordre des médecins pour lutter contre la soumission chimique
Jeudi 24 octobre 2024, le Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) a appelé les pouvoirs publics à rendre les tests pour détecter une soumission chimique "accessibles et remboursables". À ce jour, ils ne sont remboursables que si la personne qui les demande a porté plainte. En dehors de ce cadre défini, ils sont très coûteux, environ "1000 euros", indique l’Agence France-Presse (AFP), relayée entre autres par Le Parisien.
Dans un communiqué rapporté par Le Parisien, le Cnom regrette que "les personnes victimes de soumission chimique ont peu recours au test de dépistage, en partie en raison de l’amnésie qui peut survenir lors de l’administration. De nombreux facteurs compliquent considérablement la démarche de dépôt de plainte et rendent d’autant plus nécessaire une intervention de dépistage précoce et accessible à tous les patients, sans condition de ressources".
Pour le Cnom, la soumission chimique est un "problème de santé publique".
La prise de paroles des trois enfants du couple
Le 18 novembre, les trois enfants de Gisèle Pelicot qui ont pris la parole. Pour David et Florian, il s’agissait d’une première, puisqu’ils n’avaient jusqu’alors jamais témoigné, contrairement à leur sœur, Caroline Darian. "Cet homme a gravi l'échelle de fantasmes non réalisés à travers une violence qu'il a, en réalité, toujours eue en lui. C’est ce que j’affirme aujourd’hui à cette barre." C’est la première phrase prononcée par le fils aîné de Dominique Pelicot à son sujet, selon France Info.
Il n'a, à aucun moment, nommé son père et ne s'est jamais adressé à lui par son prénom. Le ton monte lorsqu’il évoque ce que l'accusé a fait subir à sa mère : "Mais comment as-tu pu faire une chose pareille ?" Il parle aussi de sa sœur Caroline Darian – deux photographies d’elle, dénudée et endormie, ont été retrouvées dans l’ordinateur de Dominique Pelicot. "Si tu as encore un peu d'humanité, dis la vérité sur ce que tu as fait à ma sœur, qui souffre tous les jours et qui souffrira toute sa vie !", insiste le fils aîné.
Le quinquagénaire a également révélé qu’il soupçonnait son père de s’en être pris à son fils, en lui proposant de "jouer au docteur". L’accusé s’est alors emporté, niant les faits : "Rien ! Sur aucun des enfants ni des petits-enfants ! Rien !"
C’est ensuite Florian Pelicot qui s’est présenté à la barre. Après avoir d’abord exprimé sa gratitude d’avoir encore sa "maman en vie" aujourd’hui, il a, lui aussi, interpellé son père : "Je lui pose la question directement : pourquoi t’as fait ça ? Pourquoi t’as prêté notre mère comme ça ? T’as toujours dit que notre mère était une sainte. Mais toi, tu étais le diable en personne." Le benjamin de la fratrie s’est également souvenu d’attitudes étranges chez Dominique Pelicot : "Quand j'imprimais des choses pour les gosses sur son PC, je sentais qu'il n'était pas à l'aise."
Interrogé par l’avocat de la partie civile, Florian Pelicot a avoué ne pas être certain d’être le fils biologique de l’accusé, sa mère ayant eu une relation extraconjugale à l’époque de sa naissance. À 38 ans, le frère de Caroline Darian affirme vouloir faire un test de paternité : "Je veux lever le doute. J'ai besoin de faire ce test. Ma mère a toujours dit : ‘Si tu as envie, fais-le’", explique-t-il, avant de conclure : "Ce serait un soulagement de ne pas être le fils de Dominique Pelicot".
La cour criminelle du Vaucluse a ensuite une nouvelle fois entendu Caroline Darian. "Lorsque j’ai quitté cette cour (un mois après son ouverture, ndlr), c’était extrêmement difficile de revenir à la vie réelle. Je me considérais comme la grande oubliée dans ce procès. Ceux qui me connaissent bien savent que je suis quelqu’un d’ancré et de solide. Il y a quatre ans, quand ma vie a basculé, j’ai passé 72 heures en hôpital psychiatrique, car j’avais compris que j’étais une victime. Mais, à ce moment-là, je ne pensais qu’à une chose : ma mère, pas à moi", raconte-t-elle.
La fille de Gisèle Pelicot a une nouvelle fois accusé son père de l'avoir violée, estimant qu’elle était, elle aussi, une victime : "Sur les photos qu’il y a de moi, je sais que j’ai été sédatée, c’est une réalité, je le sais. Gisèle (en parlant de sa mère) a été soumise chimiquement, violée, mais la seule différence entre elle et moi, c’est le manque de preuves me concernant".
L’ultime déclaration de Gisèle Pelicot
Le lendemain, Gisèle Pelicot s'est présentée à la barre pour une ultime déclaration. La femme de 71 ans a livré un ultime message fort. "Il est temps qu’on change de regard sur le viol", a-t-elle lancé face aux juges, évoque l’Agence France Presse, reprise par Le Monde. Après avoir assisté à chaque jour du procès de Dominique Pelicot et des 51 accusés, Gisèle Pelicot a dénoncé "une société machiste et patriarcale" qui doit "changer de regard sur le viol" et qualifié ce procès de "procès de la lâcheté".
Elle a ajouté qu’elle ne "pardonnera jamais" ce qui lui a été fait, puis a réagi aux témoignages de la cinquantaine d’hommes accusés, ayant défilé à la barre, à quelques mètres d’elle, durant ces quatre dernières semaines : "Toute ma vie, je vais devoir vivre avec ça. Que des hommes m’ont souillée, je vais devoir vivre avec ça, toute ma vie. Toute ma vie."
Toujours le 19 novembre, Dominique Pelicot a, à son tour, été interrogé pour la dernière fois. Il s’est d’abord adressé à ses enfants, relate France 3, présent dans la salle : "Je dois tout d’abord parler à mes enfants, c’est la première fois que je les revoyais depuis quatre ans. J’avais mesuré l’anéantissement, mais pas à ce point. Je le regrette amèrement". Il a reconnu les faits "vis-à-vis de [son] épouse", mais a avancé n’avoir "jamais touché à [ses] enfants et [ses] petits enfants".
Évoquant son ex-femme, il a ajouté : "Personne ici ne la connaît mieux que moi. J’ai eu deux dieux dans ma vie, ma mère pendant 18 ans, ma femme pendant 50 ans. C’est pour ça que j’ai parlé d’une sainte. Une sainte parce que, toujours égale à elle-même, elle a été bienfaisante".
Questionné sur ses motivations l’ayant poussé à violer et faire violer sa femme, et à la droguer à son insu, il a parlé de son "[son] fantasme par égoïsme, pur égoïsme " et mis en avant son souhait de "soumettre une femme insoumise".
L’avocate de Dominique Pelicot, Mr Babonneau, l’a ensuite invité à s’adresser à sa fille, Caroline Darian, dont des photos dénudées, prises à son insu, ont été retrouvées sur son ordinateur. "Je ne me souviens pas d’avoir fait ses photos. Elle sait mieux que moi qu’il s’agit bien d’elle", a-t-il reconnu, et a finalement dit ne l’avoir" jamais touchée". "Caroline je ne t’ai jamais rien fait", a-t-il dit.
Après la prise de parole de son père, Caroline Darian, qui se refuse à le considérer comme tel, est apparue émue, criant à travers la salle d’audience, en l’interpellant avec son nom : "Tu mourras dans le mensonge".
La peine maximal requise contre Dominique Pelicot
La date 25 novembre a marqué le début des réquisitions du ministère public. Ce dernier a affirmé que "l’enjeu" du procès de l’affaire Mazan "est de changer fondamentalement les rapports entre hommes et femmes", selon Le Parisien. Jean-François Mayet, qui représente le ministère public, a par la suite déclaré : "Ce procès vient bousculer notre société dans notre rapport à l’autre, dans les rapports les plus intimes entre êtres humains. À faire comprendre nos besoins, nos émotions, nos désirs, et surtout à prendre en compte ceux de l’autre."
Vingt ans de réclusion criminelle : c’est la peine requise par les avocats généraux contre Dominique Pelicot avance l'AFP. La peine maximale a été demandée pour les "agissements abjects" de l’homme de 71 ans, qui a reconnu les faits qui lui sont reprochés.
"Vingt ans, c’est à la fois beaucoup, parce que vingt ans de la vie d’un homme, vingt ans à vivre entre les quatre murs d’une cellule de prison, ce n’est pas rien, mais c’est aussi trop peu, au regard de la gravité des faits commis et répétés. C’est donc avec la plus grande conviction que je requiers la peine de 20 ans de réclusion criminelle", a lancé Laure Chabeud, avocate générale, au cours de son réquisitoire, rapporte Le Figaro.
Elle a demandé d’assortir cette peine de dix ans de suivi socio-judiciaire et d’un réexamen de sa situation à la fin de sa peine. Me Béatrice Zavarro, avocate de Dominique Pelicot a déclaré au micro de BFMTV "qu’il n’y a pas de surprise".
Concernant les 50 co-accusés de Dominique Pelicot, des peines allant jusqu’à 18 ans de prison ont été requises par le ministère public. Si 49 des hommes présents sur le banc des accusés risquent de lourdes peines, Joseph C., lui, encourt 4 ans de prison, soit la peine minimale. Une réquisition qui s’explique par le fait que l’homme de 69 ans n’est pas poursuivi pour viol aggravé mais pour atteintes sexuelles sur la personne de Gisèle Pelicot, précise Le Parisien.
La plaidoirie de l’avocate de Dominique Pelicot
Après la fin des réquisitions, les plaidoiries des avocats ont commencé. Béatrice Zavarro a été la première à prendre la parole pour défendre le principal accusé, Dominique Pelicot. "Bien malgré moi, depuis le 2 septembre, je suis devenue l'avocate du diable", a-t-elle déclaré selon les information relayées par France Info en guise d’introduction avant de poursuivre : "Comme je l'ai souvent dit : c'est vous et moi contre le monde entier".
Durant plus d’une heure, l’avocate marseillaise a parlé des traumatismes qui ont marqué la vie de son client, à commencer par la violence dont son père faisait preuve à son égard, mais également le viol dont Dominique Pelicot dit avoir été victime lorsqu’il était enfant, ou encore le viol en réunion d'une femme sur un chantier, auquel il aurait été forcé de participer quand il avait quatorze ans.
Toujours dans le but d’insuffler un peu d’humanité à son client, Béatrice Zavarro a rappelé qu’"on ne naît pas pervers, on le devient". Elle a insisté sur la dualité de la personnalité de son client, estimant qu’"il y a eu un premier Dominique", le "bon père" avec qui Gisèle Pelicot formait le "couple idéal". "Gardez en tête ce premier Dominique. Celui qui vous a choyé, câliné, dorloté et, je pense, profondément aimé. Oubliez celui pour lequel j'ai plaidé", a-t-elle insisté.
Dans la seconde partie de sa plaidoirie, l’avocate du principal accusé s’est attelée à montrer que Dominique Pelicot n’a pas forcé ni manipulé les 50 autres hommes accusés. "Était-il violent ? Non. La porte était-elle fermée à clé ? Non. Est-il responsable de chacun ? Non", affirme-t-elle avant de poursuivre : "Ne venez pas me dire qu'il exerçait un phénomène d'emprise à l'égard de ces hommes !" Toujours dans le but de montrer que son client n’est pas responsable des agissements des autres hommes qu’il a contactés sur Coco.fr, Béatrice Zavarro les a qualifiés d’"impatients qui se connectent le jour même" ou "d’astucieux" qui parlent de "viol involontaire". Elle reprendra finalement les mots de Gisèle Halimi pour déclarer : "Le violeur commun est un bon Français, pas un psychopathe et pas un immigré".
Dernière prise de parole de Dominique Pelicot et des 50 co-accusés
Lundi 16 décembre marque le début de la dernière semaine du procès. Dominique Pelicot ainsi que les 50 co-accusés ont pu prendre la parole une dernière fois avant le verdict.
L'homme de 72 ans a, dans un premier temps, tenu à "saluer le courage de [son] ex-femme" avant de demander à sa famille de "bien vouloir accepter [ses] excuses", comme cite France Info. "Je regrette ce que j'ai fait, faire souffrir depuis quatre ans [la date de la révélation des faits, en 2020, ndlr], je leur demande pardon", a-t-il précisé.
Depuis son box, il a de nouveau affirmé avoir uniquement dit "la vérité totale" depuis l’ouverture de son procès, le 2 septembre dernier. Dominique Pelicot, qui bénéficie de mesures spéciales en raison de son état de santé, a également remercié la cour avant de déclarer qu’il ne s’agissait pas de "désinvolture" de sa part. "Je peux dire à toute ma famille que je les aime. Voilà, vous avez le reste de ma vie entre vos mains", a-t-il conclu.
Au fil de la journée, les autres accusés qui le souhaitaient ont pu prendre la parole. Si la plupart d'entre eux a simplement affirmé ne rien avoir à "ajouter", certains, comme Jean-Pierre M., qui est poursuivi non pas pour des faits commis sur Gisèle Pelicot, mais pour avoir reproduit le même schéma que Dominique Pelicot – et en sa compagnie – sur sa propre épouse, a fait des déclarations plus conséquentes, selon France Info : "Monsieur le Président, je suis responsable de mes actes : j'ai violé mon épouse avec monsieur Pelicot. J'ai honte de moi, je me dégoûte."
Redouane E., l’infirmier libéral, a de son côté déploré l’absence "d’émotions" chez la victime avant de dénoncer "une dictature de l'image comme moyen magistral pour manipuler". Pour cet homme de 55 ans, la diffusion des vidéos des viols subis par Gisèle Pelicot crée "une confusion et un amalgame", afin de "sidérer les gens pour qu'ils ne réfléchissent pas".
Dominique Pelicot condamné à la peine maximale
Après plus de trois mois d'audiences, la cour criminelle du Vaucluse, à Avignon, a rendu ses décisions, le jeudi 19 décembre 2024. Dominique Pelicot est le premier à recevoir son verdict. Il est reconnu coupable de l’ensemble des chefs qui lui sont reprochés.
Le septuagénaire est déclaré coupable de viols aggravés et tentative de viol sur son ex-épouse Gisèle Pelicot. Il aussi aussi déclaré coupable pour les photos prises de sa fille Caroline Darian, alors qu'elle était dénudée et semblait endormie, rapporte sur X Marion Dubreuil, journaliste judiciaire à RMC info qui s'est rendue au tribunal pour suivre le verdict. France Info précise, qu'il est également reconnu "coupable de tentative de viol aggravé et viols aggravés sur Cilia M", l'épouse du co-accusé Jean-Pierre M. Dominique Pelicot est ainsi condamné à 20 ans de réclusion criminelle. Il s'agit de la peine maximale, celle qui avait été requise par le ministère public le 25 novembre dernier.
Dominique Pelicot est ainsi condamné à 20 ans de réclusion criminelle. Il s'agit de la peine maximale, celle qui avait été requise par le ministère public le 25 novembre dernier. Une période de sureté des "deux tiers" - durée pendant laquelle le coupable ne peu bénéficier de réduction de peine - est également demandée par Roger Arata, le président de la cour, précise TF1. Il sera aussi inscrit au fichier national des délinquants sexuels et en fin de peine, sa situation sera réexaminée afin de "juger de sa sureté".
Aucun acquittement et des peines allant de 3 à 15 ans pour les co-accusés
Jean-Pierre M. a été quant à lui reconnu coupable de viols en réunion sur sa propre épouse. Il écope de 12 ans de prison, alors que le parquet en avait réclamé 17.
Concernant Andy R., le tribunal a retenu le chef d'accusation suivant : tentative de viol, le condamnant à 6 ans d'emprisonnement avec un mandat de dépôt - un acte juridique ordonnant le placement ou le maintien en détention provisoire du condamné - et une obligation de suivi socio-judiciaire de 5 ans. Il est le seul avec Joseph C. à ne pas être reconnu coupable de viol. Ce dernier étant désigné coupable d'agression sexuelle en réunion, ressort libre avec une condamnationde trois ans de prison dont deux ans de sursis.
Pour les 48 autres hommes présents sur le banc des accusés, ce sont les faits de viols aggravés qui sont retenus par le président de la cour criminelle du Vaucluse. Aucun acquittement n'a dont été prononcé. Les peines prononcées vont de 3 à 15 ans de réclusion criminelle. Elles sont, pour la majorité, inférieure à celles demandées par le ministère public.
Parmi les 50 co-accusés, certains comme Jean-Pierre M. comparaissait alors qu'ils étaient déjà détenus, pour d'autres ce n'était pas le cas. Ceux dont les peines sont accompagnées de mandat de dépôt, RMC Info en compte 23, seront donc conduits en prison immédiatement après leur sortie du tribunal. Mais ce n'est pas le cas de tous : trois hommes font l'objet de mandat différé, leur emprisonnement se fera donc ultérieurement.
Enfin, parmi les condamnés, 6 d'entre eux, dont Hugues M., disposent d'une période de sursis probatoire et ressortent libre de ce procès. En ce qui concerne Hassan O., l'accusé en fuite, il est reconnu coupable de viol en réunion et est condamné à 12 ans d'emprisonnement par contumace. Il ne peut donc pas faire appel de cette décision, contrairement aux 50 autres hommes, dont Dominique Pelicot, qui dispose de 10 jours pour le faire. Ce que son avocate n'exclut pas, rapporte Ouest France.
Les mots de Gisèle Pelicot après le verdict
Après les révélations de ces peines, Gisèle Pelicot a tenu à s'adresser une dernière fois au président de la cour criminelle départementale du Vaucluse, comme le rapporte sur X la journaliste judiciaire spécialisée dans les affaires de violences sexistes et sexuelles Marion Dubreuil, qui couvre le procès pour RMC info. "Monsieur le président, je voulais vous remercier, je sais que, vous aussi, vous allez entrer dans l’histoire". En réponse, Roger Arata lui a souhaité "beaucoup de courage".
Gisèle Pelicot s'est ensuite exprimée à la sortie du tribunal devant la presse, comme le rapporte France Info, remerciant le public qui, pendant plus de trois mois, est venu la soutenir devant le tribunal Avignon (Vaucluse), lui donnant "la force pour revenir chaque jour affronter ces longues journées d'audience". "Ce procès était une épreuve très difficile", reconnaît-elle, avant d'affirmer ne "jamais" avoir "regretté" son refus de huis clos. Gisèle Pelicot a tenu à adresser une pensée particulière aux "victimes non reconnues".
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