"Mon attirance pour les jeunes enfants s'est déclenchée avec ma nièce", avait avoué Joël Le Scouarnec lors d’un interrogatoire, comme le rapporte FranceInfo. Ce lundi 10 mars 2025, alors que s’ouvre la troisième semaine d’audience à la cour criminelle départementale du Morbihan, la nièce de l'ancien chirurgien s’est présentée à la barre pour témoigner des viols et des agressions sexuelles dont elle a été victime alors qu’elle n’était qu’une enfant.
Des faits qui ont commencé alors qu’elle avait 5 ans
Joël Le Scouarnec, ancien chirurgien, est jugé pour avoir commis 111 viols et 189 agressions sexuelles sur des personnes mineures, dans l’exercice de ses fonctions. Une longue liste de victimes, dont la première est Alexandra, la nièce de l’homme. Âgée aujourd’hui de 47 ans, elle confie à la barre : "Ce n'est pas facile de se trouver première sur la liste, ce genre de liste", rapporte FranceInfo.
Elle se remémore ensuite les faits qui ont commencé lorsqu'elle avait cinq ans, "vers 1982-1983". "Dans mes premiers souvenirs, il me demande de lever ma robe pour que je montre mon maillot de bain. Et ça a été de plus en plus loin dans les actes", explique-t-elle.
Elle énumère ensuite, avec douleur, les actes forcés de Joël Le Scouarnec : "l'introduction de son doigt dans mon sexe. Puis après, des cunnilingus, des caresses très appuyées". Quelques années plus tard, lorsque Alexandra a "7-8 ans", l’ancien chirurgien lui impose des pénétrations.
"Bâillonner" pour ne pas réveiller le reste de la famille
Toujours selon FranceInfo, présent à la cour criminelle départementale du Morbihan, la nièce de Joël Le Scouarnec évoque les leçons de piano et les visites familiales. C’est lors de celles-ci qu’il abusait d’elle, principalement la nuit. "J'avais pris l'habitude de mettre la plus longue chemise de nuit que je pouvais avoir pour essayer de faire rempart. Ça n'a jamais marché", confie-t-elle.
Une nuit, alors qu’elle dormait dans la même chambre que ses parents – sa mère étant la sœur de Marie-France Le Scouarnec, l’ex-épouse du septuagénaire –, il est allé jusqu’à la "bâillonner" afin qu’elle ne réveille personne.
À la barre, Alexandra explique que son père avait d’ordinaire "le sommeil très léger". Ne comprenant pas comment ce dernier n’a pas pu être réveillé, elle suspecte l’ancien chirurgien de l’avoir "sédatée".
Vient ensuite la question du silence. Si elle affirme n’avoir jamais été menacée en cas de prise de parole, la femme de 47 ans précise que "l’aura" qu’avait Joël Le Scouarnec "sur la famille" était un élément dissuasif. L’homme était admiré de tous, et son "avis" comptait fortement.
"J'avais cette sensation d'être prise dans une toile d'araignée avec une chape de silence pendant les agressions, les viols. Il me disait qu'il ne faisait rien de mal, que c'était notre secret", témoigne-t-elle, selon FranceInfo.
La pression imposée par le septuagénaire était insupportable pour l’enfant qui précise, des années plus tard, que l'homme la suivait quand elle allait aux toilettes. Afin de l'éviter, elle se retenait au maximum au point de développer des infections urinaires et de s’"abîmer un rein".
Un premier signalement resté sans suite
C’est finalement à 12 ans qu’Alexandra s’éloigne de Joël Le Scouarnec. Puis, en 2002, dix ans plus tard, elle avoue à sa mère les agressions sexuelles et viols qu’elle a subis. Si elle ne porte pas plainte, quelques années plus tard, elle informe le service de la prévention et de la protection des enfants en danger des agissements de Joël Le Scouarnec, en donnant également "sa fonction, là où il travaille, où il vit". Seulement, rien ne sera fait.
Ce n’est qu’en 2017 que l’ancien chirurgien est arrêté. À ce moment-là, elle ne peut plus porter plainte, les faits dont elle a été victime étant prescrits.
Après avoir entendu la totalité du témoignage de sa nièce ce lundi 10 mars 2025, l’accusé affirme : "Tout ce qu'a dit Alexandra concernant toutes les agressions que j'ai pu commettre, les attouchements, les viols, je l'ai fait, et cela pendant tant d'années".