Comment les agissements de l’homme ont-ils pu être ignorés pendant autant d’années ? C’est l’une des questions centrales du procès de Joël Le Scouarnec, qui s’est ouvert le 24 février 2025 à Vannes, devant la cour criminelle du Morbihan.

L'ancien chirrugien est jugé pour des faits de "viols aggravés" et "agressions sexuelles aggravées" sur 299 victimes majoritairement mineures, qu'il aurait commis dans le cadre de ses fonctions, dans les hôpitaux où il exerçait. Alors que le septuagénaire a reconnu l’intégralité des faits qui lui sont reprochés le 20 mars 2025, l’émission Envoyé spécial : affaire Le Scouarnec : un silence coupable ?, diffusée le même jour sur France 2, a révélé que certains de ses agissements avaient été repérés dès 2004 par le FBI.

Joël Le Scouarnec repéré par le FBI

Les journalistes d’Envoyé spécial ont mené l’enquête pour tenter de comprendre comment le médecin retraité a pu passer entre les mailles du filet durant tant d’années. L’émission nous apprend qu'en 2004, Joël Le Scouarnec est, pour la première fois, repéré par les autorités.

Le FBI (Federal Bureau of Investigation, aux États-Unis, ndr) avait alors découvert son profil sur un site russe de pédopornographie. Les autorités américaines avaient dès lors transmis le dossier à la brigade de gendarmerie de Grand-Champ, dans le Morbihan, en décembre de la même année.  

Ça tourne !

Condamné en 2005, mais sans obligation de soins ni interdiction d'exercer

Le septuagénaire aurait, selon l’enquête menée par les équipes d’Envoyé spécial, reconnu à l'époque auprès des autorités avoir téléchargé des vidéos à caractère pédopornographique. Seulement, il aurait assuré aux enquêteurs ne plus en consulter. Une déclaration "confirmée" par une perquisition à son domicile, infructueuse.

Aucune vidéo et aucun de ses journaux intimes n’ont été découverts à cette époque, car, selon les journalistes d’Envoyé spécial, son matériel informatique se trouvait dans son bureau, à l’hôpital. À la suite d’une audition et en raison du manque de preuves, Joël Le Scouarnec sera finalement condamné en 2005 à quatre mois de prison avec sursis pour "importation et détention d’images pédopornographiques", indique France Info. L’émission précise que cette peine n’était assortie d’aucune obligation de soins, ni d’interdiction d’exercer.

Aujourd’hui, l’homme encourt 20 ans de réclusion criminelle. Seulement, ayant déjà été condamné en 2020 à 15 ans de prison pour viol et agression sexuelle sur mineur de moins de 15 ans, il risque donc, après les 75 jours d’audience de ce nouveau procès, seulement cinq années supplémentaires, puisque la peine maximale pour les crimes pour lesquels il est poursuivi est de 20 ans en France.