L'affaire avait bouleversé les Français. Le 21 juin 2019, Evaëlle, 11 ans, était retrouvée morte, pendue dans sa chambre par son père. Pascale B., enseignante de français de la collégienne est jugée au tribunal correctionnel de Pontoise lundi 10 mars et mardi 11 mars 2025 pour "harcèlement moral sur mineur de moins de 15 ans".

Jugée pour "harcèlement moral sur mineur de moins de 15 ans"

Présumée innocente, Pascale B. s’est pour la première fois exprimée au sujet de cette affaire, dans les colonnes du Parisien. Dans un article publié à la veille de l'ouverture du procès, elle déclare qu’"il n’y avait pas lieu de faire de rapprochement" entre le suicide de son ancienne élève et ce qu’elle avait vécu au collège Isabelle-Autissier, à Herblay-sur-Seine (Val-d'Oise). L’enseignante ajoute qu'elle n'est "ni de près ni de loin poursuivie par la justice" pour avoir entraîné la mort d'Evaëlle.

Selon les témoignages de plusieurs élèves recueillis au cours de l'enquête, Pascale L. ne cessait de faire des remarques désobligeantes à l’élève. À la suite de problèmes de santé, la jeune fille utilisait, sur les recommandations de son médecin, un classeur pour ranger ses cours et non un cahier par matière. Une décision qui aurait déplu à sa professeure de français.

Auprès du Parisien, cette dernière explique : "Ce classeur, c’est un point de départ. Il m’a permis de voir qu’elle avait un certain nombre de difficultés importantes. Certains collègues ont trouvé que ce classeur posait problème. De toute façon, il y a une liste de matériel remise en juin. Il n’y avait pas lieu qu’un enfant fasse différemment des autres." Elle assure également ne "jamais" avoir été informée des aménagements prescrits par le médecin.

Ça tourne !

Des humiliations devant l’ensemble de la classe ?

Quelques semaines plus tard, en février 2019, durant deux heures de "vie de classe", comme le retrace Le Parisien, Evaëlle aurait dû expliquer pourquoi "elle se sentait harcelée et exclue par la classe", devant la totalité de ses camarades. C’est à la suite de cet événement que ses parents auraient pris la décision de la changer d’établissement.

Interrogée au sujet de cette séance de "vie de classe" par le quotidien, Pascale B. répond : "Je n’ai pas ‘invité’ la classe. Il y a eu des élèves qui sortaient d’EPS et qui sont arrivés extrêmement énervés dans mon cours. Je les ai entendus échanger des insultes. Là, je me suis fâchée et j’ai dit : Ça suffit, il faut qu’on parle de ça et que ça s’arrête."

"C’est un échange qui a été fait sans qu’il y ait de parti pris de ma part", assure-t-elle auprès du journal, précisant qu’à aucun moment, les questions ne portaient sur le harcèlement que subissait Evaëlle.

"Un témoignage n’est pas forcément vrai"

Lorsque les journalistes du Parisien rappellent les témoignages de certains élèves recueillis durant l’enquête et qui entrent en contradiction avec les réponses de la professeure, elle déclare qu’"un témoignage n’est pas forcément vrai" et souhaite garder ses réponses "pour le tribunal".

Quant au harcèlement dont était victime la collégienne, elle affirme n’en avoir jamais été "ni consciente ni informée" et conclut : "J’ai quand même plus de trente-trois ans d’expérience. Des erreurs, on en fait tous, mais spécifiquement et spécialement là, je ne pense pas en avoir commis."

Jugée au tribunal correctionnel de Pontoise pour harcèlement moral sur mineur de moins de 15 ans, Pascale B. encourt jusqu'à trois ans de prison et 45 000 euros d'amende.