Prix International du Parfum Marie Claire 2024 : le palmarès

Plus intense mais toujours aussi fraîche, une dualité de génie. En réinterprétant Chance Eau Fraîche Eau de Toilette dans cette version Eau de Parfum, Olivier Polge, parfumeur créateur des parfums Chanel, ne se contente pas de modifier la concentration. En maestro, il déconstruit puis reconstruit l'ensemble afin de dessiner un parfum inédit renforcé à tous niveaux, conservant la vivacité éclatante de l'original mais approfondissant magnifiquement son sillage. L'envolée de cédrat, toujours aussi juteuse, devient étonnamment fusante.

Le jasmin s'épanouit dans sa plénitude colorée.

L'accord bois de teck, en fond, révèle une facette plus ambrée, d'une élégance rare.

Notre jury international applaudit autant ce travail remarquable que la beauté d'une senteur si texturée et riche en sensations. Comme toutes les créations olfactives de la maison, elle allie chic et confort. Un délice à porter !

Une vision réussie de la masculinité d'aujourd'hui. Un nom génial, comme une déclaration d'estime de soi, écrite à la manière de la "GenZ" et intégrant habilement les initiales de la marque. Un flacon radical et épuré, aussi noir qu'élancé, rechargeable et contenant du verre recyclé.

Une fragrance surtout, magistralement orchestrée par Daniela Andrier, Christophe Raynaud et Antoine Mainsondieu (chez Givaudan). Elle se révèle virile sans basculer dans la caricature du genre car elle ose la sensualité d'une fleur d'oranger de Tunisie.

Sensuelle et presque narcotique, elle s'éclaire grâce au vert de bergamote de Calabre, à la lavande et à la sauge sclarée, dans un effet frais et propre comme une joue savonneuse, puis se réchauffe de bois désirables et enveloppants, entre ambrofix à la vibration ambrée et cœur de patchouli. Même l'ambassadeur, l'acteur Austin Butler, nous fait chavirer.

La quintessence d'un bouquet culte. Il fallait du cran pour s'atteler à réinventer une icône au succès planétaire telle que J'Adore. C'est le pari que s'est lancé Francis Kurkdjian, peu de temps après avoir endossé le poste prestigieux de directeur de la création des parfums Dior. Pour cela, il épure et zoome "pour ne conserver que l'essentiel, comme lorsqu'on chauffe un bain d'or".

De cette audace naît l'essence même de la floralité initiale, qui, magnifiée, devient puissante et charnelle. Ce liquide précieux et concentré exalte toute la suavité d'absolus d'exception : fleur d'oranger baignée de soleil, jasmin grandiflorum enivrant et rose centiflora charnue. Pour abriter ce trésor sensuel et solaire aux reflets moirés, le fameux flacon amphore se pare d'un col précieux, comme coulé d'or liquide et ondoyant. Une ode à la volupté.

Tous les prismes de la féminité glorifiés. Trente ans après le mythique Classique, Jean Paul Gaultier dévoile un nouveau corset, aux courbes plus généreuses et voluptueuses comme libérées des injonctions, et ressourçable à l'infini. À ce talisman de pouvoir et de liberté, il fallait une fragrance originale, aussi spectaculaire que contemporaine.

Ce floral gourmand marin cousu de main de maître par Quentin Bisch (chez Givaudan) met en tension un lys solaire et capiteux et une meringue aérienne et crémeuse, puis traverse le tout d'une vibration fraîche et salée, comme une brise iodée marine.

Si l'on succombe à la modernité du flacon, on célèbre tout autant cette gourmandise olfactive solaire, joyeuse et jamais sentie, haute en contrastes. De l'écrin au parfum, tout invite à affirmer sa singularité avec flamboyance et à réveiller la divinité qui sommeille en chacune.

Une senteur vitaminée comme un aller simple pour la Californie. Jacques Cavallier-Belletrud, maître parfumeur de la maison Vuitton, décline une passionnante collection Parfum de Cologne, conciliant fraîcheur surprenante et ténacité à fleur de peau. L'inspiration naît partout.

Cette fois, un smoothie détox du mythique Beverly Hills Hotel de Los Angeles lui donne l'idée d'une fragrance à la fois chic et « wellness ». Le cassis, illuminé par le cédrat et le citron, est dynamisé par les graines de coriandre et d'ambrette et par les herbes aromatiques – menthe poivrée, basilic -, puis transcendé par la rose de mai et par l'essence de carotte, aux accents veloutés de datte et d'abricot.

Cette source vive de vitalité vibre dans un flacon coloré d'un vert irisé de bleu par l'artiste américain Alex Israel. Quel luxe de sentir si bon et de se faire du bien, littéralement.

Une naturalité ciselée et raffnée. Sisley fait fi des tendances et n'aime que l'intemporel. Fidèle à cette philosophie, cette Eau Rêvée, hommage au fondateur de la maison dont elle emprunte le prénom, a la trempe d'un classique auquel on s'attache et qu'on ne peut finalement plus quitter.

Composée par Alexis Dadier (chez Robertet), elle met en flacon le Pelargonium tomentosum, un géranium aux savoureux accents de menthe poivrée. Pour que la plante ait la sophistication d'un parfum, il la façonne avec soin.

Il transcende sa fraîcheur avec des feuilles de shiso, l'adoucit d'inflexions rosées et boisées, et donne à son sillage toute l'allure d'un chypré grâce à la mousse, à l'ambroxan, au patchouli et au papyrus, délicatement terreux. Une senteur figuraliste d'une classe exemplaire, impeccable sur la peau d'un homme mais qu'on empruntera aussi délicieusement qu'une chemise blanche parfaitement coupée.