Quand les hormones se dérèglent, de larges taches brunes aux contours irréguliers - appelées mélasma - peuvent se dessiner sur la peau. Un phénomène commun, que l’on associe généralement aux femmes enceintes, mais qui peut en réalité toucher n’importe quelle femme. Il ne faut pas les confondre avec les lentigos, des taches pigmentaires associées à l'épuisement du capital solaire et au vieillissement cutané.

Souvent considérées comme inesthétiques, ces taches brunes qui se situent principalement sur le visage peuvent toutefois être évitées et traitées, si déjà bien installées. Le Dr Emmanuelle Wanono, dermatologue conseil pour Teoxane, nous explique le mécanisme derrière ce processus et comment le stopper.

Les différentes origines des taches brunes hormonales

"Les origines du mélasma sont principalement génétiques, tout le monde n'est pas amené à en développer un", assène d’emblée Emmanuelle Wanono. Mais, une exposition aux UV associée à des perturbations hormonales : une grossesse, l’introduction d’une nouvelle pilule, la modification d’une pilule, la prise d'un traitement hormonal substitutif contribue à son apparition.

La formation de ces taches apparaît dès lors que les mélanocytes - les cellules responsables de la sécrétion de la mélanine - libèrent leur pigment de manière excessive sur certaines zones. Elles se concentrent principalement  sur le visage, le front, les ailes du nez, les joues, la lèvre supérieure, et le menton. On parle également d’hyperpigmentation.

Le mélasma pendant la grossesse, un phénomène fréquent

Les femmes enceintes sont les premières touchées par les taches brunes hormonales. Elles portent même un nom dans ce cas particulier : chloasma ou masque de grossesse. Puisque la grossesse provoque un chamboulement au niveau des hormones, celles-ci peuvent s’enflammer et se développer davantage dès la moindre exposition au soleil.

Elles apparaissent généralement dans le second trimestre de grossesse et touchent principalement les femmes à la peau mate ou foncée, plus que celles à la peau claire, en raison du taux de mélanine important déjà présent dans l’épiderme. Un phénomène qui toucherait environ 45 à 75 % des femmes enceintes, comme le suggère une étude publiée en 2015 à ce sujet

Le rôle de la pilule dans l’apparition des taches brunes 

Dans d’autres cas, les taches brunes sont dues à des changements hormonaux liés à la pilule. Toujours selon l’étude de 2015, le mélasma serait dû à l'augmentation des niveaux des hormones féminines (œstrogène et progestérone) ainsi que de la beta-endorphine. Des hormones puissantes responsables de la stimulation de la mélanine qui peuvent être déréglées par la prise d’une pilule contraceptive.

Selon le site anglais Healthline, "si votre mélasma est déclenché par une contraception, il pourrait disparaître de lui-même après que vous ayez arrêté de prendre un contraceptif oral."

Comment prévenir leur apparition ? 

"La seule manière efficace de prévenir l’apparition des taches brunes est de se protéger du soleil", conseille Emmanuelle Wanono, qui poursuit : "Je recommande aux personnes sujettes aux taches brunes de porter quotidiennement un écran solaire."

Un SPF 50+ aura une action renforcée sur les UVA (les UV longs qui pénètrent en profondeur dans la peau) et les UVB (les UV courts responsables du bronzage et des coups de soleil). "Il faut aussi prendre l’habitude de réappliquer la crème solaire toutes les deux heures si nécessaire sur l’ensemble du visage", poursuit-elle.

Comment traiter des taches brunes hormonales ?

Si malgré les précautions prises une ou plusieurs taches brunes apparaissent, il vaut mieux commencer à les traiter. Dans un premier temps, l’idée est de "stabiliser leur développement grâce à des traitements qui calment la sécrétion de mélanine par les mélanocytes" avec des sérums ou des crèmes dépigmentantes.

"Le traitement de la tache pigmentaire est graduel", prévient la dermatologue. On commence par appliquer une crème contenant de l’acide rétinoïque, de l’hydroquinone et de l’hydrocortisone pendant 3 mois seulement puisque ces actifs très puissants sont agressifs pour la peau. 

"Si l’on n’observe pas d’amélioration après ce premier traitement, on opte pour un traitement plus agressif", ajoute l’experte. Ce traitement "agressif" est un peeling dépigmentant. Généralement à base d’acides de fruits, il va essayer de détruire le pigment. Il faut compter 3 à 4 séances espacées d’un mois pour obtenir des résultats.

Si les taches sont tenaces, la dermatologue évoque le "traitement ultime" : le laser dépigmentant. Un laser fractionné qui a pour but de casser le pigment. À l’instar du peeling, il demande plusieurs séances à intervalles réguliers. 

Enfin, à la maison, "on chouchoute sa peau". Les frictions, le nettoyage trop intensif et les gommages répétitifs augmentent le développement du mélasma. Tous ces gestes sont donc à proscrire. On privilégie plutôt les soins réparateurs et hydratants, respectueux de la peau.