Quand les températures estivales refont surface, les nuits peuvent s'accompagner de quelques désagréments : des moustiques aux bruits de la ville, en passant par la chaleur, parfois étouffante.
Cette dernière est d’ailleurs réputée pour perturber notre sommeil et occasionner des sensations de bouffées de chaleur, des réveils assoiffés, voire des rêves agités. Mais comment expliquer qu’elle puisse avoir un impact sur nos rêves ?
Si aucune étude n’a, jusqu'alors, pas montré de lien direct entre des températures en hausse et une augmentation des cauchemars, pour Pascale Ogrizek, médecin spécialiste du sommeil, il est clair que "température et sommeil sont interdépendants".
Augmentation du rythme cardiaque et activation de la transpiration
Vous l’avez déjà sûrement expérimenté, mais quand il fait très chaud, les nuits sont agitées et le sommeil semble moins réparateur.
En effet, cela est dû au fait que “le corps va tenter de maintenir la thermorégulation et de se rafraîchir en augmentant le rythme cardiaque pour accélérer la circulation sanguine afin qu’il y ait une vasodilatation des extrémités. Puis, il va évacuer l'excédent de chaleur, en activant la transpiration", explique la spécialiste.
Ainsi, lorsque le corps lutte contre la chaleur, il lutte pour conserver de bonnes conditions d’endormissement. Mais celle-ci "augmente l’activité physiologique de l’organisme, ce qui n’est donc pas compatible avec la nécessité de mise au repos du corps" pour sombrer - de manière apaisée - dans les bras de Morphée.
Plus précisément, si la température interne augmente pendant la nuit, “elle intervient au moment où l’on sécrète de la mélatonine, l’hormone du sommeil, qui s’accompagne d’une baisse de la chaleur corporelle”, poursuit-elle. Cette interaction est donc susceptible d'occasionner des réveils nocturnes.
L'impact du sommeil paradoxal sur les rêves intenses
Pendant la nuit, le corps se repose, mais en fonction des différentes phases de sommeil, le cerveau est plus ou moins actif. Ainsi, au cours du premier stade d'endormissement, appelé “sommeil profond”, “l’activité électrique du cerveau est ralentie”, précise la médecin du sommeil.
Toutefois, “pendant le sommeil paradoxal, l'activité électrique ressemble à celle de la veille” et peut être perturbée par la chaleur, “se traduisant par une augmentation des éveils intra-sommeil” et “une fragmentation du sommeil paradoxal”, rapporte l’Institut du sommeil et de la vigilance.
Si l’on rêve à tous les stades de sommeil, lors de la phase paradoxale, “qui correspond au sommeil de la mémoire et des rêves, les songes sont davantage construits et élaborés”, indique-t-elle. Elle correspond à un moment où l’activité du cerveau est plus intense.
Selon le Dr Alex Dimitriu, psychiatre et médecin du sommeil, “la chaleur vous fait vous réveiller plus souvent à la fin du cycle REM (“rapid eye movements” équivalent à la phase de sommeil paradoxal, ndlr). Cela signifie que vous avez plus de chances de vous souvenir du rêve que vous venez de vivre, explique-t-il à Healthline.
Ainsi, on ne ferait pas plus de cauchemars quand il fait chaud, mais on aurait tendance à s’en souvenir plus facilement.
Toutefois, le cerveau donnerait la priorité à la température et non pas au rêve. C’est la conclusion d’une étude suisse, publiée le 30 mai 2019 dans la revue Current Biology. Les chercheurs ont découvert que “dans le sommeil paradoxal, notre cerveau est très actif, mais nous sommes également paralysés et nous perdons la capacité de thermoréguler ou de maintenir une température corporelle constante”, explicite le communiqué de presse.
En d’autres termes, entre laisser s’exprimer le rêve et réguler notre température corporelle, le cerveau n’aurait pas d’autre choix que d’effectuer une seule des deux tâches, car les deux à la fois lui demandent trop d’énergie.
Hormones, stress : comment la chaleur dérègle notre corps
Le rêve nous permet d’évacuer une certaine somme d’informations : nos préoccupations, nos peurs ou même nos fantasmes. Il n’est donc pas impossible que les vagues de chaleur puissent provoquer “de l’agitation et une augmentation du niveau de stress”, chez certain.es.
Ce dernier, ainsi que les fluctuations émotionnelles qu’il entraîne parfois, “peuvent se manifester dans les rêves sous forme de scénarios étranges ou inhabituels, tandis que l’esprit traite et tente de donner un sens à ces expériences”, complète Martin Seeley, expert du sommeil, à The Independent.
Une autre hypothèse serait que la réponse physiologique du corps à la chaleur peut influencer l’activité cérébrale. Celle-ci “peut affecter les niveaux de neurotransmetteurs, comme la sérotonine et la dopamine, qui jouent un rôle dans la régulation de l’humeur et des émotions. Ces altérations de l’activité des neurotransmetteurs peuvent avoir un impact sur le contenu et le ton émotionnel des rêves, ce qui peut conduire à des expériences plus surréalistes ou plus bizarres”, suggère finalement le Dr Seeley.
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