Depuis plusieurs années, le fonctionnement du microbiote est largement étudié par la communauté scientifique et son univers commence à nous être de plus en plus familier. 

On connaît bien les "probiotiques", ces micro-organismes vivants (bactéries, levures) qui exercent un effet protecteur sur l’intestin et la santé en général. On peut les trouver en pharmacie sous forme de compléments alimentaires, ou directement au sein de l’alimentation dans les yaourts, les laits fermentés, le kéfir, la choucroute...

On connaît aussi les "prébiotiques", qui sont des molécules non-vivantes servant de nourriture aux probiotiques. Principalement issues des fibres des fruits et des légumes, elles stimulent la croissance et l’activité des bonnes bactéries du microbiote intestinal.  

Ceux que l’on connaît moins, en revanche, ce sont les "postbiotiques".... 

Les postbiotiques, kézaco ?

Pour schématiser, les postbiotiques sont en quelque sorte les déchets des micro-organismes.

"Ces molécules sont naturellement produites par les micro-organismes après la digestion et le passage par l’intestin", explique Harry Sokol, professeur en gastro-entérologie à l'hôpital Saint-Antoine (AP-HP et Sorbonne Université) et auteur de la BD Les extraordinaires pouvoirs du ventre (éd. De Boeck Supérieur). "Il existe de nombreuses sortes de postbiotiques différentes, et toutes ne sont pas encore connues. C’est un sujet de recherche très actif, car nous sommes convaincus que ce sont des molécules cruciales pour le maintien en bonne santé". 

Les spécialistes distinguent à l’heure actuelle trois grandes familles de postbiotiques :  

> les acides gras à chaîne courte (AGCC), issus de la digestion des fibres végétales par les bactéries du microbiote intestinal.  

> les métabolites de tryptophane, un acide aminé essentiel que l’on retrouve dans les protéines. Il est le précurseur de plusieurs hormones comme la sérotonine (l'hormone du bonheur) et la mélatonine (l'hormone du sommeil). "Certaines bactéries de l’intestin vont utiliser ce tryptophane pour produire d’autres molécules (des postbiotiques), notamment ce que l’on appelle les indoles", détaille le Pr. Harry Sokol. 

> les acides biliaires, des molécules produites par le foie, qui servent notamment à la digestion des graisses. "Une fois que ces acides sont libérés dans l’intestin lors du processus de digestion, ils vont rencontrer les bactéries de l’intestin qui vont les transformer en postbiotiques", résume l’expert. 

Quels sont les bienfaits des postbiotiques ? 

"Lorsque les postbiotiques sont produits en bonne quantité, ils contribuent globalement au bon équilibre de l’intestin en réduisant les risques d’inflammations", nous éclaire le Pr. Harry Sokol.

Mais leurs bienfaits ne s’arrêtent pas là et s’étendent bien au-delà de l’intestin.

"Les postbiotiques sont des petites molécules produites en grand nombre et en grande diversité au sein d’un organe (l’intestin, ndlr) dont la fonction principale est d’absorber", développe le spécialiste. "Tout ce qui est absorbé dans l’intestin transite d’abord vers le foie. Là, certaines de ces molécules vont être détruites, d’autres vont être transformées pour servir au bon fonctionnement du foie, et d’autres encore vont passer à travers le foie sans être modifiées. Ces dernières vont alors se retrouver dans la circulation générale, avec des effets sur tous les organes du corps".

Et d’ajouter : "elles vont notamment permettre un fonctionnement optimal du système immunitaire qui va réagir de manière normale face aux diverses agressions et infections". Plusieurs données suggèrent également que ces molécules jouent un rôle dans la bonne réponse contre le cancer, ainsi qu’un rôle dans le bon fonctionnement du cerveau. 

Comment augmenter son taux de postbiotiques ? 

Pour s’assurer une quantité suffisante de postbiotiques, il faut veiller à maintenir un microbiote intestinal en bonne santé. Pour ça, deux pistes principales : ne pas l’agresser et favoriser la prolifération des bonnes bactéries.

"Pour ne pas perturber l’équilibre du microbiote, il est important de prendre des antibiotiques uniquement quand cela est nécessaire, assure le Pr. Harry Sokol. Par ailleurs, il est recommandé d’éviter les aliments un petit peu toxiques pour le microbiote comme les aliments ultra-transformés, et de réduire sa consommation de viande rouge et de charcuterie qui favorisent l’émergence de bactéries pro inflammatoires dans l’intestin".

Quant aux bonnes bactéries, c’est facile de les chouchouter : il suffit de manger des fruits et des légumes en bonne quantité, si possible en diversifiant un maximum les sources.