Soixante mètres d’un tapis rouge incandescent, vingt-quatre marches mythiques à l’ascension parfois périlleuse, des photographes parqué-e-s en quête du cliché iconique : le Festival de Cannes, c’est avant tout — au-delà de la prestigieuse compétition cinématographique — cette scène de théâtre au décor millimétré qui chaque année se mue en opulente démonstration de glamour, d’élégance et de luxe couture.
Et pour cause, ceux et celles qui se rendent aux projections du célèbre Auditorium Louis Lumière se voient opposer depuis plus d’un demi-siècle une mention "tenue correcte exigée" au dos de leur carton d’invitation, qui impose le port du smoking à ces messieurs et la robe du soir doublée de souliers élégants à ces dames.
Le but de cette manœuvre ultra-médiatisée dans le monde entier, pour les créateurs comme pour les célébrités ainsi gracieusement habillées ? Se faire remarquer, quoiqu’il en coûte, quitte à faire flirter allègrement l'élégance avec l'indécence, le chic avec l’extravagance, bref le style avec le scandale, aussi superficiel soit-il.
La preuve en 11 partis pris stylistiques, entre entorses au règlement inavouées et exhibitionnisme assumé.