Soixante mètres d’un tapis rouge incandescent, vingt-quatre marches mythiques à l’ascension parfois périlleuse, des photographes parqué-e-s en quête du cliché iconique : le Festival de Cannes, c’est avant tout — au-delà de la prestigieuse compétition cinématographique — cette scène de théâtre au décor millimétré qui chaque année se mue en opulente démonstration de glamour, d’élégance et de luxe couture.

Et pour cause, ceux et celles qui se rendent aux projections du célèbre Auditorium Louis Lumière se voient opposer depuis plus d’un demi-siècle une mention "tenue correcte exigée" au dos de leur carton d’invitation, qui impose le port du smoking à ces messieurs et la robe du soir doublée de souliers élégants à ces dames.

Le but de cette manœuvre ultra-médiatisée dans le monde entier, pour les créateurs comme pour les célébrités ainsi gracieusement habillées ? Se faire remarquer, quoiqu’il en coûte, quitte à faire flirter allègrement l'élégance avec l'indécence, le chic avec l’extravagance, bref le style avec le scandale, aussi superficiel soit-il.

La preuve en 11 partis pris stylistiques, entre entorses au règlement inavouées et exhibitionnisme assumé.

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Festival de Cannes 1967 - Le total look sixties de Vanessa Redgrave

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Exit les robes de gala endimanchées et autres porte-étendards d’une élégance bourgeoise.

Icône de style et muse inoubliable du film Blow-Up de Michelangelo Antonioni (qui recevra d’ailleurs la Palme d’or cette même année), l’actrice Vanessa Redgrave arrive à la projection vêtue d’un ensemble à l’imprimé psychédélique qui épouse sa silhouette des pieds à la tête.

Une audace stylistique tout droit issue de la mode des années 60 qui ouvrira la voie à de futures impertinences vestimentaires made in Cannes !

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Festival de Cannes 1975 - Le top transparent de Bianca Jagger

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La rumeur court que c’est avec cette silhouette à l’audace sulfureuse que Bianca Jagger, alors socialite et "épouse de", aurait contribué à démocratiser le fameux naked look qui n’a cessé de rythmer par la suite l’histoire du Festival.

Au programme : une jupe longue noire jouxtée d’un top transparent dont la feuille brodée dissimule subtilement la poitrine de l'icône des seventies.

Le détail qui tue ? Le béret en velours, qui laisse deviner une certaine portée politique au regard du contexte socioculturel américain de l’époque. Vous avez dit provoc ?

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Festival de Cannes 1991 - Le soutien-gorge conique de Madonna

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Festival de Cannes 1991. C’est la première fois que Madonna foule le tapis rouge le plus célèbre de la Croisette. Venue présenter In bed with Madonna, le documentaire qui dévoile les coulisses de sa dernière tournée, l'interprète de Like A Virgin arrive devant une foule en délire vêtue d'une monumentale cape rose satinée, dans laquelle elle se love jusqu’au sommet des marches.

Une fois en haut, elle se tourne vers le public, fait tomber son pardessus… Et dévoile un soutien-gorge aux seins coniques. Signé Jean Paul Gaultier, il s’inspire du corset similaire imaginé par le couturier pour la dite tournée de la chanteuse, The Blond Ambition Tour. Résolument anti-conventionnelle, Madonna le porte avec un short en satin immaculé et une paire de mules à micro talons.

Bref, un look aux antipodes du code vestimentaire cannois, qui n’a pourtant pas manqué de forger son histoire.

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Festival de Cannes 1995 - Le flashing de Sharon Stone

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Une robe ? Une combi-short ? Une jupe ? La tenue Valentino arborée par Sharon Stone, alors en pleine ascension, se joue allègrement des conventions et décline l’injonction à la robe de soirée sur un mode glamour effronté.

En chemin pour la projection du documentaire Unzipped, la star hollywoodienne aurait ouvert son jupon face aux paparazzis en un geste spontané et inattendu. Iels s’en souviennent sûrement encore.

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Festival de Cannes 1997 - La culotte de Victoria Abril

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Se faire remarquer à Cannes à l'aide de tenues absurdes, provocatrices et extravagantes ? C’est la spécialité de Victoria Abril, l’actrice espagnole et muse du réalisateur Pedro Almodóvar, qui n'hésite pas à repousser les limites du bon goût pour s’assurer des apparitions remarquées.

Top tout en transparence, robe parapluie aux allures de déguisement, redingote baroque, robe toge de couleur mandarine : elle en fait toujours plus. Mais c’est en 1997 qu’elle rompt résolument avec les exigences stylistiques du Festival de Cannes en portant un blazer d’homme… Sans pantalon.

Ouverte dans le dos, la veste cintrée dévoile sur son passage une grande culotte blanche revêtue d’un string orange, le tout accessoirisé d’une paire de talons et d’un chapeau noir façon cabaret. 

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Festival de Cannes 2002 - La robe filet de pêche de Cameron Diaz

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Temple supposé du raffinement, le Festival de Cannes a toutefois aussi connu les affres stylistiques des années 2000. Certaines célébrités n'hésitent alors pas à épouser le mauvais goût ambiant avec plus ou moins de subtilité.

Preuve emblématique ? La robe filet de pêche portée par Cameron Diaz en 2002 pour assister à la projection de Gangs of New York de Martin Scorsese.

Décolleté asymétrique, transparence à peine voilée et tissu scintillant façon Britney Spears : la silhouette s’extirpe résolument des codes couture du Festival pour s’imprégner des tendances du moment.

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Festival de Cannes 2005 - Le sein droit de Sophie Marceau

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Que serait le Festival de Cannes sans son fameux nipplegate ? En 2005 et Sophie Marceau, ex-ado chérie de la République, s’apprête à assister à la projection de La Vérité Nue d’Atom Egoyan.

Alors qu’elle pose avec aisance et décontraction devant les flashs des photographes, la bretelle de sa robe glisse soudain malencontreusement le long de son épaule et laisse son sein droit se dérober aux yeux de tous…. Puis se faire immortaliser par les médias du monde entier. Culte.

Dix ans plus tard, l’actrice se fait remarquer au détour d’une jupe fendue, dévoilant ses sous-vêtements de couleur chaire et d’une veste décolleté donnant à voir l’un de ses tétons. Accidents de parcours ou coups de com’ maîtrisés ?

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Festival de Cannes 2016 - Le no-shoes de Julia Roberts

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Ce n’est qu’en 2016 que Julia Roberts foule les marches du Palais du Festival pour la première fois. Et quelle montée ! Bien qu’elle descende de sa voiture chaussée d’escarpins, l’interprète d’Erin Brockovich n'hésite pas à jouer de nouveau les femmes rebelles en ôtant ses talons et en traversant le tapis carmin pieds nus.

Un clin d'œil à la polémique qui avait bousculé la Croisette l’année précédente, un groupe de femmes venu assister à la projection du film Carol de Todd Haynes s’étant vraisemblablement vu refuser l’accès pour non-port de talons.

De quoi alors échauffer de nombreuses personnalités, dont Julia Roberts qui visiblement a tenu à faire un pied de nez au protocole.

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Festival de Cannes 2016 - La robe très fendue de Bella Hadid

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Quand elle s’apprête à monter les marches pour se rendre à la projection du film La Fille Inconnue des frères Dardenne, Bella Hadid, même pas 20 ans, vaguement mannequin, l’est presque tout autant.

Mais c'était sans compter la sulfureuse robe que lui fait porter le créateur belge Alexandre Vauthier, dont le design couple rouge incandescent, décolleté vertigineux graphique et fente ultra-haute qui laisse deviner l’intimité de celle qui ose la porter.

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Festival de Cannes 2018 - Le masculin-féminin de Kristen Stewart

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Et si le smoking version tapis rouge devenait une affaire de femmes ? C’est la brillante proposition stylistique qu’adresse Kristen Stewart à la direction du Festival de Cannes en 2018 à travers une tenue réinterprétant les codes du costume masculin.

Redingote noire aux détails satinés, ceinture de smoking imposante, chemisier oversize subtilement déboutonné et surtout, des mocassins plats en pied de nez à la fameuse (non) obligation imposée aux femmes de porter de talons sur les marches du Festival : la membre du jury transgresse les conventions avec une rébellion nonchalante, inscrivant l'événement septuagénaire dans une rafraîchissante modernité.

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Festival de Cannes 2021 - Les baskets Air Jordan de Spike Lee

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Président du jury en 2021, Spike Lee, alors premier réalisateur américain a occupé ce poste prestigieux, fait une entrée remarquée sur le tapis rouge de la Croisette dans un total look rose Louis Vuitton assorti à une paire de Jordan.

Le ton est donné. Si "officiellement" aucun dress code de Cannes n'est imposé, c'est la première fois que cette paire mythique de l'histoire de la sneakers foule le tapis rouge.

Avec ces sneakers, tout comme avec les looks Louis Vuitton homme par Virgil Abloh qu'il a porté tout au long de la Quinzaine, Spike Lee met à l'honneur la culture noire et streetwear auquel il a consacré son travail cinématographique.

[Dossier] Les tenues les plus iconiques du tapis rouge - 23 articles à consulter

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