"Habemus Papam" et fumée blanche. Jeudi 8 mai 2025, au terme de deux jours de conclave, un nouveau pape a été élu pour succéder à François, décédé le 21 avril dernier. Durant son pontificat, Léon XIV devra choisir de poursuivre ou non les travaux entrepris par son prédécesseur, notamment en ce qui concerne la place des femmes dans l’Église. Mais à quoi s'attendre du pontificat de Robert Francis Prevost, de son vrai nom, en termes de droits des femmes notamment ? Quel sera, aussi, son positionnement concernant leur place au sein de l'Église ?
Interrogée par France Info, Blandine Chelini-Pont, professeure d’histoire contemporaine à l’université d’Aix-Marseille, qualifie l'Américain d'"ecclésiastique féministe", avant de nuancer : "Il va être sensible à cette égalisation des charges, mais reste à savoir jusqu’où il ira sur le sujet".
Faire participer les femmes mais pas les ordonner
Lors du Synode sur la synodalité en octobre 2023, il était revenu sur la possibilité d’ordonner des femmes. Il avait alors déclaré, selon le média catholique américain National Catholic Register, que "l’ordination des femmes – et il y a eu des femmes qui l’ont dit de manière assez intéressante –, la cléricalisation des femmes ne résout pas nécessairement un problème, elle peut en créer un nouveau."
Toujours lors de cet événement, le nouveau pape avait reconnu qu’il fallait "peut-être" se "pencher sur une nouvelle compréhension ou une compréhension différente du leadership, du pouvoir, de l’autorité et du service – surtout du service – dans l’Église, à partir des différentes perspectives qui peuvent être apportées à la vie de l’Église par les femmes et les hommes". Il avait cependant tenu à préciser que l’Église catholique ne devait pas se faire le miroir de la société, mais qu’elle avait "besoin d’être différente", cite encore le National Catholic Register.
Le Monde trace ainsi les contours de sa position : le 267e souverain pontife se situe dans la lignée de son prédécesseur (qui avait nommé plusieurs femmes à des postes clés au Vatican et dans les diocèses) et soutient une participation plus importante des femmes dans l'institution ecclésiale, mais dans le même temps, il ne semble pas favorable à l'ordination des femmes, car il ne souhaite pas, selon ses explications, que ces dernières soient sujettes au "cléricalisme", c'est-à-dire, à l'excès de pouvoir et au sentiment de toute-puissance qu'il déplore chez certains prêtres.
Mais Iacopo Scaramuzzi du journal italien La Repubblica, auteur d'essais sur la politique et le christianisme, note que celui qui avait rendez-vous ce lundi 5 mai 2025 pour son premier grand oral devant 6 000 journalistes est "un homme très discret qui n'a pas écrit de livres. On ne sait ce qu'il pense des couples homosexuels, des femmes diacres..."
Ainsi, même si le pape reconnaît, à l’instar de son prédécesseur, que les femmes contribuent "beaucoup à la vie de l’Église", les ordonner "n’est pas aussi simple que de dire : 'Vous savez, à ce stade, nous allons changer la tradition de l’Église après 2 000 ans sur n’importe lequel de ces points'", selon ses mots.
Depuis cette prise de parole, l’homme se serait de nouveau exprimé sur le sujet, rapporte Le Nouvel Obs. Le pape Léon XIV aurait déclaré il y a quelques semaines, à propos de l’ordination des femmes, qu’"il était encore trop tôt, mais qu’on pouvait se poser la question".
Le pape Léon XIV sur le droit à l'avortement
Concernant l’avortement, le pape François avait, durant son pontificat, qualifié cette pratique de "péché grave", allant jusqu’à la comparer à un "meurtre" en 2021, relaie Catholic News Agency. Les positions de Léon XIV semblent similaires sur le sujet.
S’il n’a pas fait de déclaration publique à ce sujet, il était membre d’un club anti-avortement lorsqu’il étudiait à l’université. Interrogée par le Washington Post, Eileen Sceski, présidente du groupe Villanovans for Life – une association anti-avortement de l’université de Villanova, près de Philadelphie – a révélé que le sexagénaire faisait partie des membres fondateurs du club, l’un des plus anciens des États-Unis.
Aussi, le cardinal américain était présent aux côtés du pape François en septembre 2024, lors de sa visite en Belgique au cours de laquelle ce dernier avait déclenché une polémique avec ses propos sur l'IVG. Le Monde rappelle qu'il avait notamment déclaré devant les journalistes : "Un avortement est un homicide, les médecins qui font cela sont, si vous me permettez l’expression, des tueurs à gages".