59%, c’est le pourcentage de Français qui ont l’habitude de consommer des compléments alimentaires au quotidien, dans l’objectif de renforcer leur système immunitaire (56%), être en forme (43%), améliorer leur sommeil (35%) ou encore, réguler leur stress (28%)*.
Face à un tel intérêt pour ces coups de pouce “bien-être”, le marché se développe avec des produits toujours plus attrayants qui s'éloignent de la forme traditionnelle des compléments alimentaires.
Bye-bye les gélules et comprimés à l’allure de médicaments : place aux formats plus ludiques comme les gummies, sorte de bonbons gélatineux qui ont envahi les pharmacies ces dernières années (et qui - soit dit au passage - ne font pas nécessairement l’unanimité auprès des médecins en raison de leur saveur édulcorée qui entretient l'attrait pour le sucre).
Depuis quelques mois, un nouveau type de complément alimentaire semble gagner du terrain sur le segment de la supplémentation : le patch de vitamines.
Cheffe de fil de la tendance, la marque américaine The Patch Brand lancée en 2022 est suivie par plus d’une centaine de milliers d’abonnés sur Tiktok. Énergie, concentration, sommeil, calme, et même libido ou anti-boutons, ces stickers vitaminés répondent à de nombreuses problématiques, en plus d’être pratiques, sans sucres, sans colorants et sans risque gastro-intestinal comme avancé sur le site de la marque.
Alternative intéressante ou coup marketing ? Nous avons posé la question au Dr Alexandra Dalu, médecin anti-âge et auteure avec le chef Thierry Marx de L'assiette santé : alimentation, sommeil, sport et bien-être (Ed. Flammarion).
Les patchs de vitamines, comment ça marche ?
Les patchs de vitamines apportent des micronutriments au corps par voie d’absorption “transdermique” ou “percutanée”. Comme le rappelle le Dr Alexandra Dalu, les compléments alimentaires ainsi que les médicaments peuvent pénétrer dans l’organisme par différentes voies : per os (comprimé, gélule, pilule, sirop, liquide), crèmes, gels, spray, artérioveineuse, transcrânienne… ou encore transdermique.
Comment fonctionne cette dernière méthode ? "Au contact de la peau, le patch diffuse la substance active qu’il contient à travers les capillaires du derme pour atteindre directement les cellules de l’organisme et agir”, explique la médecin. Afin de pouvoir franchir naturellement la barrière cutanée, les molécules actives nécessitent d’avoir une masse molaire inférieure à 500 Daltons. Si tel est le cas, l’effet du patch doit pouvoir commencer à être ressenti plus ou moins rapidement, de quelques minutes avec une diffusion qui se poursuit ensuite pendant plusieurs heures, voire plusieurs jours.
Présentés comme quelque chose d’innovant par les marques de compléments alimentaires qui capitalisent dessus aujourd’hui, les patchs transdermiques ne datent pourtant pas d’hier. Tout le monde connaît les fameux patchs de nicotine utilisés dans le cadre d'un sevrage tabagique.
“On peut citer les patchs anesthésiques qui anesthésient la surface de la peau, et pour certains diffusent l’anti-douleur jusque dans le muscle; les patchs anti-inflammatoires pour soulager les douleurs musculaires/articulaires ; ou encore les patchs hormonaux pour réduire les symptômes de la ménopause”, ajoute le Dr Alexandra Dalu. Ces solutions bien connues de la sphère médicale ont fait leur preuve : “la voie transdermique fonctionne quand la composition du patch adhésif est de qualité et que le principe actif l’est aussi, ce qui est le cas dans le domaine du médicament”, résume la médecin.
Les patchs de vitamines sont-ils efficaces ?
“C’est possible mais cela nécessite d’être testé par des études médicales portant sur l’efficacité des compléments alimentaires en patch”, prévient le Dr Alexandra Dalu.
Rappelons-le, les compléments alimentaires sont soumis à une réglementation plus souple que les médicaments. Avant de commercialiser leurs produits, les fabricants ne sont pas obligés de conduire des études garantissant leur qualité. C’est le distributeur qui est responsable de la conformité de la mise sur le marché dans le respect des normes en vigueur, de sécurité et de non-tromperie du consommateur.
De façon générale, il est toujours conseillé d'acheter les compléments alimentaires après un bilan chez son médecin en pharmacie ou sur Internet en comptant sur des marques qui ont fait leur preuve, et d’examiner la composition du produit en question pour vérifier certains paramètres inhérents à son efficacité : dosage en ingrédients actifs, biodisponibilité de la formule, absence d’excipients, qualité de l’emballage…
Un décryptage pas toujours facile à réaliser quand on n’est pas expert(e) en biologie. Le mieux - et le plus raisonnable - est donc de questionner son pharmacien ou son médecin traitant. C’est d’autant plus important si l’on prend un autre complément alimentaire (gare au surdosage) et/ou si l’on suit un traitement : “il peut y avoir risque d’interférence qui annihile ou exacerbe l’action du médicament”, souligne la docteure.
Un entretien préalable avec un professionnel de santé permet aussi de déterminer si une supplémentation est vraiment utile. Le boom de la tendance “In & Out”, le côté “lifetsyle” plus que “médical” de ces nouveaux compléments alimentaires, peut conduire à un usage qui n’est pas forcément pertinent. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) plaide en faveur d’un usage raisonné, en cohérence avec les besoins réels des consommateurs qui, le plus souvent, peuvent optimiser leur apport en nutriments essentiels via l’alimentation.
Difficulté à avaler les médicaments, troubles digestifs... les patchs peuvent être des alternatives intéressantes
Quand la prise de compléments alimentaires est recommandée, et quand la composition des patchs vitaminés semble sérieuse et qualitative, alors cette voie transdermique peut être intéressante pour certaines populations.
“Certaines personnes ont du mal à avaler les gros comprimés, bien que d’autres alternatives existent déjà sur le marché comme les pastilles sublinguales ou les sachets-doses”, souligne le Dr Alexandra Dalu. Et d’ajouter : “en cas de carence sérieuse, l’injection intraveineuse ou intramusculaire est aussi une option (remboursée par la Sécurité sociale) pouvant être proposée à celles et ceux qui ne peuvent pas avaler”.
Une autre situation dans laquelle les patchs de vitamines présentent un intérêt : en cas de troubles digestifs conduisant à une mauvaise absorption des vitamines. “Les ingrédients actifs étant absorbés par la peau, les organes digestifs sont ainsi contournés”, explique la docteure.
Par ailleurs, on peut imaginer l’utilité de patch de vitamines diffusant en libération prolongée pour des personnes âgées qui ont déjà un traitement de fond à avaler et à penser. “Alors oui, on peut opter pour la voie transdermique sans être concernés par les scénarios ci-dessus, mais si la carence est avérée dans le bilan sanguin et qu’il est établi que le complément per os prescrit suffit, pour quelle raison se coller un patch sur la peau ? ”, conclut le Dr Dalu.
*Observatoire des compléments alimentaires. Résultats de l’enquête Harris Interactive pour Synadiet. Enquête menée en février 2023 sur plus de 1000 Français de 18 ans et + représentatifs de la population française
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