L'été commence avec les festivals de musique en plein air. Ce vendredi 6 juin 2025, des milliers de festivaliers se retrouveront à We Love Green pour écouter Charli XCX, Clara Luciani, Tiakola, LCD Soundsystem, ou encore Vald, qui figurent en tête d'affiche.
Si plus artistes féminines sont tête d'affiche, qu'en est-il de la programmation complète ? À l'heure où l'équité est au cœur de nombreux débats politiques, la parité est-elle respectée parmi les 7 000 festivals recensés par la Philharmonie de Paris ?
Les festivals, reflets de l'industrie musicale ?
Il y a six ans encore, croiser plusieurs noms féminins sur les scènes des grands festivals français relevait souvent de l'exception.
"Dans le top 100 Spotify, il y a 70% de profils masculins." Clément Meyère
En 2019, la part d'artistes féminines dans les line-up était de 14% selon le Centre national de la Musique (CNM). Un déséquilibre criant, reflet d'une industrie dominée par les hommes, d'après Clément Meyère, programmateur de We Love Green : "Dans le top 100 Spotify, il y a 70% de profils masculins. Les festivals reflètent une industrie musicale qui est naturellement déséquilibrée au niveau des écoutes."
Ce retard a longtemps été justifié par la rareté d'artistes femmes. En 2019, en France, seulement 28% des titres enregistrés l'étaient par des artistes féminines, rapporte le CNM. "C'est vrai que certains styles comme le métal comptent encore peu de femmes", concède Jeanne Rucet, co-programmatrice des Vieilles Charrues. "Mais dans l'électro, la pop, elles sont nombreuses et talentueuses, sans compter que du côté du rap, de nouveaux talents émergent de plus en plus."
"À l'époque, moins de 20% de notre programmation étaient des femmes, alors qu'aujourd'hui, elles représentent plus de 40% des artistes présents." Jeanne Rucet
Un tournant progressif
Face à ce manque de représentation, de nombreux festivals ont fait de la parité leur cheval de bataille depuis plusieurs années maintenant.
"Depuis une dizaine d'années, la parité est très importante pour nous. À l'époque, moins de 20% de notre programmation étaient des femmes, alors qu'aujourd'hui, elles représentent plus de 40% des artistes présents", se réjouit Jeanne Rucet.
Une politique qui se révèle payante puisqu'en 2025, les chiffres parlent d'eux-mêmes. D'après nos calculs, We Love Green atteint les 44% de programmation féminine et Rock en Seine est premier de la classe avec 45% de femmes à l'affiche.
Pour ce dernier, la volonté est même plus affirmée. Depuis deux ans, le premier jour du festival est réservée aux artistes féminines. Cette année, Chappell Roan ouvrira le bal, succédant à Billie Eilish et Lana Del Rey, têtes d'affiches des soirées du mercredi en 2023 et 2024.
"En 2023, 55% des shows ont été menés par des femmes." Mathieu Ducos
Pour Mathieu Ducos, le directeur, il s'agit "d'une belle manière de débuter les festivités, de mettre en valeur des artistes ainsi que nos engagements". Fier du travail accompli, il nous précise également que lors de l'édition 2023, "55% des shows ont été menés par des femmes".
Ce travail de fond ne se limite pas à la musique. Il s'étend aux scènes de discussion, aux dispositifs d'accompagnement de jeunes talents, et même à la formation professionnelle. "Sur les 20 jeunes étudiants accueillis cette année 2025 pour se former aux métiers du secteur musical, 13 sont des femmes", ajoute le représentant de Rock en Seine.
Des défis qui persistent
Mais les progrès, aussi significatifs soient-ils, n'effacent pas les obstacles. L'aspect commercial est également à prendre en compte pour les festivals. Les têtes d'affiche, par exemple, jouent le rôle de vitrine et doivent attirer les festivaliers.
Seulement, "parfois, il n'y a que des têtes d'affiche masculines, et même avec de la bonne volonté, ça devient compliqué", répond le programmateur de We Love Green. "Cette année, on a Charli XCX, à la fois une des artistes les plus attendues de la saison, et un profil féminin qui permet de cocher toutes les cases : artistiques, parité et commerciales", se réjouit-il.
La disponibilité est une autre contrainte de taille. Lorsqu'une artiste rencontre un grand succès, elle est très demandée. Clément Meyère cite l'exemple de Théodora, rappeuse qui a émergé en début d'année avec son titre Kongolesse sous BBL, a depuis conquis le public et a remporté la Flamme de la révélation féminine 2025. Elle sera à l'affiche de nombreux festivals, dont Les Vieilles Charrues et We Love Green.
Un engagement qui dépasse la scène
Aux Vieilles Charrues, la co-programmatrice insiste sur le travail de fond mené en interne : signature du pacte HF+ pour l'égalité dans les musiques actuelles, formation des équipes, charte contre les violences sexistes et sexuelles intégrée aux contrats, mise en place d'une safe zone et de maraudes sur les campings. "On veut que l'accueil soit le meilleur possible, et que tout le monde se sente en sécurité", explique Jeanne Rucet.
Le festival breton est aussi membre du réseau international De Concert!, qui regroupe plus de trente festivals à travers le monde autour de l'inclusion, de la diversité et de la responsabilité sociale. "On avance, on avance", répète-t-elle avec conviction.
La parité se construit, année après année, avec vigilance et détermination. Et si les chiffres actuels ne signent pas encore une égalité parfaite, ils montrent des progrès significatifs. "On veut être moteur", affirme Mathieu Ducos. "Il faut accompagner, il faut être acteur de cette parité."
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