Camille et Isabelle, créatrices de parfums talentueuses et amies de toujours, lancent enfin leur propre maison. Leur défi ? Imaginer des sillages singuliers, totalement naturels, inspirés par des destinations fantasmées aussi captivantes sur la peau d'une femme que sur celle d'un homme.

Cette alternative au synthétique, difficile à formuler et plus coûteuse, s'inscrit dans une démarche sérieuse d'écoresponsabilité, allant jusqu'au flacon rechargeable habillé dans un pochon en coton bio non blanchi. Tout est beau, illustré par des photos personnelles de Camille, et sent remarquablement bon.

Marie Claire : Pourquoi avoir suivi cette piste du naturel ?

Camille Goutal et Isabelle Doyen : "Nous nous connaissons depuis une trentaine d'années, et nous partagions, chez Annick Goutal, un même amour du naturel, des absolues aux essences. C'est émouvant et fascinant comme le naturel évolue, selon les provenances et les récoltes, mais aussi sur la peau au fil des heures, sans doute encore davantage que la synthèse.

Au-delà de la beauté olfactive, nous sommes émerveillées par la présence de l'homme, de l'agriculteur qui récolte la matière première au chercheur en quête de la plus belle qualité, à tel ou tel endroit. Enfin, nous voulions répondre aux attentes de certains clients, soucieux de la biodégradabilité dès la production."

Est-ce plus compliqué à formuler ?

"Beaucoup de maisons veulent du naturel mais se contentent d'y consacrer 95 % de la formule globale. Il est nettement plus ardu de s'engager sur une note parfumante naturelle à 100 %, diluée dans de l'alcool de blé bio.

L'orgue du parfumeur se trouve considérablement réduit, passant de 2000 possibilités à 2 ou 300 ingrédients seulement. On se prive d'odeurs fabuleuses, comme l'hédione – fraîche et fleurie –, l'ambroxan – boisée – ou les muscs blancs qui participent de la douceur, la tenue et la sensualité d'une fragrance.

Il faut apprendre à formuler différemment et à jongler, en remplaçant par exemple la coumarine – au prix trop élevé quand elle est naturelle – par une fève tonka. La formule finale revient facilement 10 à 20 fois plus cher."

Quel était votre défi artistique ?

"Proposer, malgré ces contraintes, de véritables parfums, des voyages olfactifs qui vous emportent ailleurs, plutôt qu'une simple matière sublimée comme le patchouli. C'est un plongeon dans la parfumerie de demain."

5 parfums, autant de voyages immobiles

  • Une fleur d'oranger sentie au Maroc. Éclaboussée par la fraîcheur du petit-grain et de la mandarine, appétissante comme une guimauve grâce à la vanille. Azahar.
  • Une nuit dans une ville asiatique. Une tension entre une envolée aveuglante – lavande verte, géranium rosat – et un sillage sensuel et obscur – vanille, fir balsam et patchouli. La couleur de la nuit. 
  • Une île méditerranéenne. Une figue crémeuse, éclairée par agrumes et baies roses, puis réchauffée par bois de cèdre, gaïac et fève tonka. L'échappée sauvage.
  • La plage au zénith. Gardénia, tubéreuse, lait de coco et vanille pour s'y projeter, à longueur d'année. Le grand jeu.
  • L'Angleterre, chic et déjantée. Un thé à la bergamote fumé, velouté par le maté aux effluves cuirés et par la fève tonka. Tea & rock'n'roll.

Disponibles sur Noseparis.com et prochainement via Voyagesimaginairesparfums.com