Je ne suis pas la dernière à commander un dessert mais les parfums inondés de sucre ne me font pas chavirer. Surtout quand ils fleurent la praline, si souvent adulée dans les succès actuels. J’ai beau chercher, un seul trouve grâce à mes yeux et à mon nez.

Quand je suis fatiguée, d’humeur un peu triste ou fragile, ou que j’allège mon assiette pour faire basculer l’aiguille de la balance du bon côté, Rahät Loukoum suffit à me réconforter. C’est l’un de mes trésors, que je ne porte pas au quotidien mais qu’il me faut à la maison, pour les jours sans. Son flacon de verre, avec un bouchon d’apothicaire, semble contenir une potion magique. Et son nom me transporte au Moyen-Orient, si bien exploré par Serge Lutens au fil de ses compositions.

Même si ce parfum délicieux a déjà vingt ans, il continue de me régaler sans jamais m’écoeurer. Véritable loukoum olfactif, il m’emporte dans ses effluves de cornes de gazelle amandées, escortées de cerise et de rose. Ne vous y trompez pas, il n’a rien de surfait, d’indigeste, de commercial, de synthétique ou de facile. La vanille est boisée, le miel est charnel. Son sillage oriental est nourri d’une note tabac douce et planante et de muscs enveloppants.

Quelques gouttes dans un col roulé, sur une écharpe, dans la nuque ou au creux des poignets et je suis consolée, réparée et protégée de tout. Faim assouvie et corps léger.