Vous connaissez peut-être Etat Libre d’Orange, cette maison de fragrances française, diablement irrévérencieuse créée il y a une quinzaine d’années par le talentueux Etienne de Swardt. Vent de liberté, créativité débridée… Du logo à la cocarde révolutionnaire bleu-blanc-rouge au credo "le parfum est mort, vive le parfum", tout est joyeuse provocation.

Les noms des senteurs de cet "enfant terrible" affolent nos sens autant qu’ils suscitent la curiosité : Secrétions Magnifiques, Attaque le soleil Marquis de Sade, Jasmin et Cigarette, Vierges et Toreros… Mais ne vous y trompez pas, au-delà de l’exercice de style, la très belle parfumerie est là.

Dans cette quête de libertinage olfactif, j’ai une tendresse particulière pour Putain des Palaces, qui n’est pas nouveau mais dont les charmes troublants n’en finissent pas de m’emballer. Parce qu’il a des accents de rouge à lèvres –rose, violette et iris, poudre de riz- débordants de féminité. Parce que sa pointe de framboise -ni collante, ni sucrée mais malicieuse et savoureuse- me réjouit, éclairée encore par la mandarine et le gingembre.

Et parce que ces inflexions cosmétiques ou appétissantes sont audacieusement contrebalancées par des effluves charnels. Après le rouge à lèvres et le fruit se dévoilent en effet l’ambre puis des notes animales autour du cuir et du cumin, troublant comme une peau échauffée. Oui, dans ce parfum, il y a l’idée du maquillage mais aussi celle, assumée, du corps enfiévré. On se sent irrésistible comme dans une robe décolletée, mais avec subtilité, assurance et modernité.

Cela donne envie de prendre les devants pour enlacer et embrasser. Ne vous fiez pas à son appellation cavalière, ce parfum a certes de l’humour et du sex-appeal mais il est aussi véritablement élégant. N’hésitez plus, sentez. 

 Putain des Palaces de Etat Libre d’Orange, 135 euros les 100 ml.