On en retrouve dans nos parfums en tant que dénaturant de l'alcool afin qu'ils ne puissent pas être bus, dans les vernis pour prolonger leur tenue, dans les shampoings pour apporter souplesse et brillance à la chevelure, dans les anti-transpirants et bien d'autres produits du quotidien (comme les plastiques, par exemple)... En bref, les phtalates sont presque partout.
Mais, ces substances chimiques sont au cœur des préoccupations de la part des scientifiques. Inquiets de leurs répercussions sur la santé et leur impact sur les prochaines générations, des experts de la santé, interrogés par le Washington Post dans un article publié le 2 décembre 2024, tirent la sonnette d'alarme.
Doit-on vraiment s'en méfier ? Pour Marie Claire, Lionel de Benetti, cosmétologue, revient sur l'utilisation des phtalates en cosmétique et leur potentiel danger.
Des perturbateurs endocriniens connus
L'affaire des phtalates n'est pas nouvelle. Depuis plusieurs années déjà, on les accuse d’être des perturbateurs endocriniens, à l’origine de cancers, de problèmes de fertilité et dangereux pour le développement du fœtus. Mais aussi d'être responsables de maladies cardiovasculaires, de troubles du développement neurologique et de résistance à l'insuline.
Selon le média, l'impact serait davantage inquiétant pour les enfants et les futures générations, car l'exposition prolongée à certains perturbateurs endocriniens pourraient avoir des conséquences sur plusieurs générations. "Le fait que les produits chimiques aient des effets multigénérationnels est l’exemple le plus convaincant de la raison pour laquelle, si un produit chimique est introduit sur le marché puis retiré du marché plus tard, il est trop tard : le cycle d’hérédité a déjà commencé, a déclaré au quotidien Andrea Gore, professeure de pharmacologie et de toxicologie à l’Université du Texas à Austin, qui dirige un laboratoire étudiant les effets des perturbateurs endocriniens. Personne ne veut que ses petits-enfants soient voués à la maladie, une génération avant même d’être conçus."
Depuis 2003, l’Union européenne a interdit un grand nombre de phtalates dans la composition des cosmétiques. Toutefois, le diethyl phtalate, particulièrement utilisé en parfumerie, est quant à lui toujours autorisé.
Doit-on dire adieu à nos produits de beauté ?
De son côté, Andrea Gore recommande, surtout aux familles avec de jeunes enfants, "d’éviter complètement les parfums ajoutés – dans les parfums, les lotions parfumées et les shampooings, même les détergents parfumés et les anti-transpirants", détaille-t-elle au Washington Post.
Réduire l'exposition aux phtalates
La liste d'ingrédients controversés est si longue qu'il serait mentalement épuisant de tous s'en préoccuper. Alors, pour réduire notre exposition à ces derniers - et notamment aux phtalates - Rebecca Jeun, endocrinologue, interrogée par le média américain, conseille d’envisager d’autres moyens de minimiser l’exposition aux perturbateurs endocriniens, comme réduire la consommation d’aliments en conserve et ultra-transformés et éviter de chauffer des aliments ou des boissons dans du plastique.