La Collection L’Art & La Matière de Guerlain a le don de toujours mettre en avant un bel ingrédient et de l’emmener ailleurs pour mieux surprendre, troubler, aimanter. Cette fois-ci, la talentueuse Delphine Jelk, créatrice des senteurs de la maison, s’empare du patchouli avec une audace rare.
Cet emblème des années 70, délicieux semeur de troubles, est selon moi empreint d’une incroyable sensualité avec ses facettes sombres, tour à tour terreuses, boisées, camphrées. Il est aussi addictif que difficile à maîtriser.
Son idée, le semer à profusion et l’embarquer dans une promenade nocturne entre amoureux, en plein Paris. Elle lui donne un nom de code éloquent, "I’ve got you under my skin", à traduire par "Je t’ai dans la peau". Et elle se lance avec cran et surtout délectation.
Elle ose le patchouli sauvage, animal, désinhibé, en surdose, l’habille d’ambroxan charnel, façon seconde peau, le domestique avec élégance grâce à une Guerlinade tissée d’iris poudré, de teinture de vanille et d’ambre gris, puis ajoute habillement une note vive et frissonnante cousue d’aldéhyde et de muscs évoquant le coton propre.
Au final, le sillage d’une puissance et d’une ténacité formidables réchauffe le cœur et le corps et embrase l’hiver, de jour comme de nuit. Entre bestialité et élégance à la française, il réveille les sens et m’évoque des ébats passionnés dans des draps frais.
Aussi magicien sur un homme que sur une femme, il est flamboyant et palpitant comme la nuance écarlate de son jus, peut faire rougir comme un coup de foudre et séduira les passionné.es de cette matière qui n’a pas froid aux yeux. Âmes sensibles s’abstenir, les autres grimperont voluptueusement au septième ciel.