Ce parfum n’est pas nouveau, ce succès imaginé par Romano Ricci, fondateur de Juliette has a gun, fête même ses 15 ans. À son lancement tout en lui faisait figure d’Ovni. Si son nom sonnait comme une provocation, sa composition était encore plus audacieuse : rien de floral ou de sucré, du 100 % moléculaire et même un seul ingrédient. Comment faire plus à contre-courant ?
Et pourtant… semer jusqu’à l’obsession ce Cetalox, matière synthétique développée dans les années 50 par Firmenich pour simuler l’ambre gris, était une idée visionnaire. D’ordinaire, elle vient agrémenter le fond des parfums tandis qu’ici elle trône en majesté. Formidable pari.
La preuve : il s’en vend aujourd’hui un flacon par minute ! Et la fragrance se décline à l’infini, du mini-flacon au géant 200ml, en passant par la lessive, la bougie ou le diffuseur pour la maison, le gel douche, l'huile, le savon, la crème mains ou brume corps et cheveux. Et comme, par accoutumance, on pourrait ne plus le sentir sur soi, Romano Ricci a même imaginé une version plus concentrée, Not a perfume Superdose.
Mais comment expliquer un succès si fracassant, jusqu’en Chine et aux États-Unis et qui perdure par la grâce du bouche-à-oreille ? Magie d’une appellation qui rassure évidemment les effrayés des sillages trop opulents, attrait du non genré, assurance d’être délivré de tout allergène, mais surtout génie d’une surdose de ce fameux Cetalox, dont la pureté "clean" en a inspiré plus d’un depuis.
Cousin de l’ambroxan avec ses inflexions boisées, animales, propres et musquées, il s’exprime sur la peau pour fusionner avec elle et la sublimer en douceur, ultra confortablement. Rien ne klaxonne. Le chuchotement est discret mais attachant et d’une stupéfiante fidélité.
Ce parfum à note unique, si intime, subtil, pur et douillet peut se porter seul, pour soi et ceux qui s’approchent tout près, mais aussi se combiner à n’importe quelle autre fragrance, pour renforcer son fond ambré musqué. C’est ainsi que je le préfère, dans l’idée d’une base idéale de make-up. Je le vaporise en premier, plutôt sur les points de pulsation, avant d’user d’une autre senteur qui devient alors, par le jeu du layering, habilement personnalisée.