Le labdanum ou ciste labdanum est une plante qui ressemble à un petit arbuste poussant dans le maquis corse et en Espagne. Elle donne une fleur blanche ou jaune, mais surtout, elle exsude, lorsqu’il fait très chaud, une gomme, sorte de résine ultra odorante qui lui permet de s’hydrater. C’est cette résine qu’on récupère, véritable trésor pour la parfumerie.
Dans les années 1920-1930, la méthode d’extraction était un peu artisanale : les moutons et les chèvres raffolaient de cette gomme liquoreuse et on la récupérait directement sur leur moustache. Aujourd’hui on distille l’ensemble du buisson (branche et feuille) et cette fameuse gomme noire, qu’on appelle aussi or noir.
Sa force : elle est très gluante, liquoreuse, sucrée, puissante et il suffit d’en mettre très peu pour galvaniser un parfum.
Une note de cuir, d’ambre sensuelle voire aphrodisiaque
"Le labdanum, c’est divin ! Il rentre dans la catégorie des parfums cuirés mais sans le côté bestial, trop animal. C’est plus un effet 'fourrure', qui type les parfums, les chauffe, leur donne une puissance, une sensualité sans nulle autre pareille. Pour moi, c’est aphrodisiaque", s’enthousiasme Amélie Bourgeois, parfumeuse.
Le labdanum rappelle l’odeur chaude et cirée du bois qu’on trouve dans les vieilles églises du sud de la France. Pain béni pour la parfumerie, c’est une matière pas trop chère (entre 150 et 130€ le kilo), et quelques gouttes suffisent pour la sentir, explique Amélie Bourgeois. Ainsi, on retrouve cette note dans beaucoup de compositions de senteurs ambrées comme Ambre Sultan de Serge Lutens, la boule d’ambre de l’Artisan Parfumeur, Soma de Noeme Parfums, Rouge Smoking de BDK, Larmes du désert d’Atelier des Ors….
Une note si puissante que quelques gouttes suffisent
Le labdanum signe de nombreux parfums orientaux et très présente dans la parfumerie de niche avec des marques comme Roja, Rania J, les Eaux Primordiales. Moins dans la parfumerie sélective car trop racé, trop signé. S’il se marrie bien avec la rose, lui apportant un côté très capiteux, mais aussi avec les épices et les bois, difficile de l’accorder avec des agrumes ou des fleurs car il dominera trop toutes les autres senteurs.
"S’il s’agit bien d’une matière première phare qui reste leader pour signer des notes orientales et ambrées, elle ne modernisera pas la parfumerie et va rester encore un peu niche pendant quelques années", analyse Amélie Bourgeois. Sauf pour les curieux qui auront le désir de la découvrir…