Ses prises de position et ses décisions auront marqué l’histoire. Le pape François s’est éteint à l’âge de 88 ans lundi 21 avril 2025.
Considéré comme progressiste, son pontificat a été marqué par de nombreuses décisions historiques, notamment concernant la place des femmes dans l'Église. En janvier dernier, Vatican News révélait qu'il avait nommé la sœur Simona Brambilla au poste de préfète du dicastère pour les instituts de vie consacrée – une fonction comparable à celle d’un ministre. Une grande première.
Des avancées pour les femmes dans l’Église
Au fil de ses douze années de pontificat, l’Argentin a octroyé aux femmes, pour la première fois, des rôles de choix dans l’Église. En 2022 déjà, le pape François nommait quatorze nouveaux membres du dicastère pour les Évêques, dont trois femmes, comme le rappelle Ouest-France.
Ses prises de parole témoignaient, elles aussi, de son engagement pour la cause des femmes. Le Pèlerin rapporte notamment que lors de son discours du Nouvel An en 2024, le pape avait fermement condamné les violences conjugales, les qualifiant d’actes "quasi sataniques".
Ces déclarations étaient-elles le reflet d’un pape engagé pour les droits des femmes ? Christine Pedotti, journaliste, autrice d'Autopsie d’un système : pour en finir vraiment avec les abus dans l’Église (éd Albin Michel) et directrice de la revue Témoignage chrétien – une publication d’inspiration chrétienne née durant la Seconde Guerre mondiale –, nous éclaire.
"Une vision très genrée" du rôle des femmes
Marie Claire : Quelle vision le pape avait-il des femmes et de leurs rôles dans la société ?
Christine Pedotti : Le pape François était un pape qui aimait les femmes et qui n’avait pas de réticence à leur égard. Seulement, l’idée de parité entre les hommes et les femmes n’existait pas dans sa pensée. Il avait une vision très genrée et très complémentaire des rôles. Pour lui, les femmes devaient se consacrer aux soins, à la vie et à la maternité… C’est une vision assez archaïque.
Pour autant, il a eu de nombreuses collaboratrices et appréciait travailler avec des femmes. Il était en réalité moins misogyne qu’il n’était féministe, ce qui est en soi une grande avancée, lorsque l’on connaît l’ampleur de la misogynie cléricale.
Je pense également que ses origines (il est argentin, ndlr) ont eu une grande influence sur sa vision de la femme. Lorsqu’il pensait aux femmes, il ne pensait certainement pas aux femmes libres occidentales, qui ont fait des études et mènent leur vie à leur guise… Il pensait aux "mères courage" des bidonvilles de Buenos Aires, qu’il connaissait très bien.
Bien qu’il ait pris position contre les violences conjugales et les violences faites aux femmes, il a fermement condamné l’avortement. S’il s’agit de la position traditionnelle de l’Église sur le sujet, il a tout de même employé des mots d’une grande violence, comparant l’avortement au recours à un tueur à gages.
Beaucoup le décrivent comme un pape progressiste. D’autres parlent d’un réformateur prudent… Qu'était-il réellement ?
Le pape François, c’est d’abord un changement de style. C’est le premier à reconnaître qu’il y a un problème avec la place des femmes dans l’Église. Le simple fait d’admettre cette question était en soi une avancée. D’autant qu’il a joint le geste à la parole. Avec lenteur, prudence et circonspection, mais avec détermination, il a nommé des femmes à des postes importants au Vatican.
Le 6 janvier 2025, il a nommé une femme préfète du Vatican : Simona Brambilla. Une avancée tellement renversante qu’il s’est vu contraint de nommer un co-préfet, qui est un homme. On observe alors les limites des progrès qu’il lui était possible de réaliser.
Une frilosité face aux changements concrets ?
Concernant les avancées qu’il a contribué à mener, notamment pour la présence et le rôle des femmes dans l’Église, peut-on espérer qu’elles perdurent après sa mort ?
Tout le problème est là. Tous ces gestes ne contraignent pas son successeur à en faire autant. Le catholicisme est un juridisme : quand on n’écrit pas les lois, cela n’a pas de réelle valeur. Le pape François a fait beaucoup de gestes, a fait avancer les choses, mais il n’a pas inscrit ces avancées dans les textes normatifs du catholicisme.
Comment expliquez-vous cela ? Était-il frileux à l’idée de les formaliser par des textes ?
Il y a sûrement eu une forme de frilosité, ou du moins de prudence. L’une des missions du Pape est de préserver l’unité de l’Église. En ce sens, il n’a pas pris le risque de créer une rupture en rédigeant de nouveaux textes. Il a d’ailleurs répétée sa prudence à de nombreuses reprises, déclarant qu’il ne se sentait pas "l’autorité" pour rompre avec certaines traditions catholiques.
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