Depuis toujours, les stars hollywoodiennes nous ont diverties par leurs étranges pratiques bien-être. En 2022, Kourtney Kardashian et Travis Barker ont expliqué, avec beaucoup de sérieux, avoir cessé le sexe, le sport et la caféine pour se préparer à une cure Panchakarma censée leur donner un maximum de chances pour leur projet de F.I.V.
La détox avait été plébiscitée, avant eux, par de nombreuses célébrités, comme Gwyneth Paltrow ou encore Katy Perry, qui ne jure plus que par les lavements du côlon pour entretenir sa forme.
Lubie des célébrités ? Si, en Inde aussi, le panchakarma est apprécié des acteurs et actrices de Bollywood, il l’est tout autant par le commun des mortels. Il est effectivement un pilier de l’Ayurvéda, la médecine traditionnelle indienne reconnue par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Cette science millénaire se fonde sur le principe de cinq éléments ou dosha (éther, air, feu, eau et terre). De nombreuses études ont prouvé ses bienfaits. Dans le sous-continent asiatique, le réseau des hôpitaux ayurvédiques est vérifié par l’État et les études de cette médecine durent aussi longtemps (sept ans, sans les spécialités) que celles de la médecine allopathique.
"Le panchakarma, ainsi que l'ensemble de la médecine ayurvédique, a fait ses preuves en termes d'efficacité, comme l'ont montré de multiples recherches scientifiques", observe Kiran Vyas, coauteur, avec le Dr Krishna U.K., de Ayurvéda et Panchakarma pour se libérer des toxines (éd. Adi Shakti). Selon le directeur et fondateur des centres Tapovan et de la Tapovan Open université de Yoga et Ayurveda, près de 700 études rigoureuses sur le sujet sont publiées chaque année par les grandes facultés de médecines indiennes comme celle de Bénarès.
Des centres hospitaliers du monde entier (États-Unis, Russie, France…) poursuivent également leurs recherches sur l’approche holistique de la santé.
"Dans les hôpitaux ayurvédiques, les traitements commencent par le panchakarma, car il faut déjà nettoyer le corps avant de pouvoir le soigner. Il est même recommandé de le faire avant chaque opération. Certains patients indiens n'hésitent pas à programmer un panchakarma de 2 ou 3 semaines avant toute intervention chirurgicale", remarque le pionnier de l’Ayurvéda en France.
Toutefois, la "tendance" portée par les célébrités n'est pas sans dangers : d'une part la cure n'est pas accessible à tou.te.s. Il est fondamental d'avoir un bon équilibre psychique et physique avant de se lancer. Et d'autre part découlant du premier point, il est très important de vérifier le sérieux de l'organisme et des praticiens pour ne pas prendre de risque. La cure est parfois violente pour le corps et l'esprit.
Différencier panchakarma de guérison et de bien-être
La cure panchakarma est un protocole thérapeutique qui se compose d’une succession de traitements corporels accompagnés de phytothérapie ayurvédique. Il est réalisé sur une période de quelques jours à quelques semaines.
Son objectif est de détoxifier l’organisme et d’en rééquilibrer les trois Doshas (humeurs du corps). "On envisage ces soins soit de manière préventive pour renforcer un corps sain, soit de manière curative en cas de déséquilibre avéré", explique Fabien Correch, thérapeute ayurvédique et co auteur avec Nathalie Ferron de Ma bible de l’ayurvéda (Ed. Leduc).
Le premier concerne les personnes malades, se réalise uniquement dans les hôpitaux et dure au minimum trois semaines (jusqu’à 7, voire 12 semaines pour les cas très lourds). "Le panchakarma de bien-être, lui, qui s'adresse aux personnes bien portantes qui souhaitent s'offrir un nettoyage de fond pour construire ou maintenir les conditions la santé. Il peut se faire dans des centres spécialisés, mais toujours avec le suivi d'un médecin ayurvédique", précise Kiran Vyas.
Un programme en 5 étapes, précis et sur mesure
Le panchakarma se base sur le fonctionnement du corps, qui utilise trois voies d’élimination des toxines : la bouche, l’anus et les pores de la peau. Pour détoxifier le corps en profondeur, la cure, comme son nom l’indique, utilise cinq (Pancha) actions de purification (karma).
Avant même la partie consacrée au nettoyage, le corps est préparé durant une phase d’oléation appelée Purvakarma : "on gorge le corps d’huile (à la fois par voie interne grâce à l’ingestion de corps gras et de beurre clarifié ; et de manière externe, en enveloppant tout le corps d’huile de sésame grâce à des massages", explique Fabien Correch. Certaines personnes ne peuvent pas consommer de beurre clarifié, donc le traitement est adapté en conséquence.
Vient ensuite la phase de Panchakarma à proprement parler. Ses cinq méthodes d’élimination des déchets sont :
Le lavement (Basti) : pour nettoyer le gros intestin, on y diffuse par voie anale une décoction de plantes ou un mélange d’huile de sésame et de ricin. "Cela semble bizarre, mais ce n’est pas désagréable", considère Kiran Vyas. C’est le traitement idéal des désordres Vata, le premier Dosha à être impliqué dans les problèmes de santé (dans 80 % des cas).
La purge intestinale (Vireschana) : réalisée avec une préparation laxative comme l’huile de ricin, comme on le faisait anciennement une fois par mois, elle nettoie l’intestin grêle. Cette thérapeutique est privilégiée pour corriger les désordres et les exacerbations de Pitta.
Le vomissement (Vamana) : "On a recours à ce procédé lorsqu’il existe des excès de Kapha (diabète, estomac qui manque de force, asthme, troubles des voies respiratoires, tuberculose en dernier recours)", indique Fabien Correch. On peut boire environ un litre de l’eau tiède avec un peu de citron ou tout simplement du sel, puis on vomit immédiatement après. "Cela s’apprend ! C’est une excellente manière de nettoyer l’estomac, et c’est moins désagréable que quand on vomit à cause d’une maladie", tente de rassurer Kiran Vyas.
L’écoulement des sinus (Nasya) : il consiste à mettre dans les narines de l’huile de sésame, du ghee, des fines poudres de plantes ou des huiles herbalisées, en fonction des problématiques à soigner. Nasya permet d’entretenir les parois nasales et de purger les sinus. Cette pratique est recommandée en cas de maux de tête, de dents, de la nuque, de sinusite chronique, de problèmes au niveau respiratoire ou de douleurs d’épaule chroniques.
Les saignées (Rakta mokshana) : cette pratique, plus rare, paraît d’un autre âge et pourtant, elle est préconisée en cas de déséquilibre Pitta du sang. On observe deux types de méthodes : elle peut être pratiquée avec un objet tranchant ou avec des sangsues.
Bien sûr, on n’applique pas forcément les cinq techniques à un patient. Certains tireront essentiellement un bénéfice des lavements, qui pourront être appliqués plusieurs jours d’affilée. D’autres n’auront que des purges. Tout dépend de ce dont le corps a besoin. Et c’est le médecin qui le décide, en fonction de la prise du pouls et de l’examen clinique.
En parallèle à ces cinq actions, on organise régulièrement des sudations (swedana) par sauna, hammam, ou en ayurvéda, grâce à une sorte de boite en bois, qui permet de transpirer tout en gardant la tête hors des vapeurs. Des préparations à base de plantes sont administrées (tisanes, décoctions, poudres…). À l’huile de sésame, moutarde, coco, au lait, à la farine, avec un bol métallique, à quatre mains, localisés sur une partie du corps… : les massages sont adaptés avec précision, en fonction de l’objectif et du dosha de la personne. Une diète neutre, adaptée à la constitution de chacun (sans crudités) est suivie.
La phase de clôture de cure est essentielle
Règle d’or du panchakarma : soigner l’avant et l’après cure. Avant la cure, chacun se préparera en mangeant végan, en arrêtant les excitants (café, thé, sucre) et en buvant beaucoup d’eau chaude.
Pour clore le Panchakarma, il existe une dernière phase dite de Rasayana (régénération) vise à soutenir l’organisme éprouvé par le processus d’élimination. Cette parenthèse de convalescence va reconstruire les forces du corps dont le rythme est ralenti, après ce reset total.
L’ensemble de ce processus est fatigant, et requiert du temps, de la disponibilité. "Sur le plan émotionnel, une certaine fragilité peut également apparaître. Un corps qui vient de se débarrasser de ses toxines peut montrer la fragilité d’un enfant. Il est donc conseillé de se préserver du stress et des émotions négatives pendant plusieurs jours", prévient Fabien Correch.
Durant cette phase, la personne peut faire des cauchemars, vivre des remontées émotionnelles importantes. On veillera donc autant à l’aspect mental que physique, car pendant cette période, la moindre émotion peut avoir un impact très important, compte tenu de la vulnérabilité de la personne à ce moment-là.
On reprend des activités douces telles que la marche, la lecture ou la méditation. "Il convient de modifier le rythme de vie et de changer certaines règles qui ont précédemment contribué au déséquilibre de l’organisme : veiller à manger lorsqu’on a faim, ne pas se surpasser en termes d’efforts physiques, être vigilant sur le temps et la qualité de sommeil. Il s’agit d’une sorte de rééducation de l’organisme à travers des choses simples, comme se lever à la même heure tous les matins, par exemple", explique le thérapeute. Un Panchakarma est souvent l’occasion de prolonger ou d’amener une nouvelle forme de rythme de vie.
C’est donc aussi une cure qui permet de faire le point sur sa vie, ses habitudes, ses manières de penser, et même de ressentir ! Le panchakarma porte une dimension spirituelle : il s’agit d’entamer une réflexion profonde sur notre rapport au monde… et à nous-mêmes. On conseille par ailleurs de s’organiser un retour à la vie normale en douceur, avec au moins une semaine de repos et de transition une fois chez soi.
Autant dire qu’on ne s’engage pas dans un panchakarma à la légère. Et tout le monde ne peut pas faire cette cure radicale.
Le suivi quotidien d’un médecin ayurvédique est obligatoire
Le médecin doit vérifier chaque jour comment le corps réagit au traitement. Et certaines conditions de santé ne permettent pas la cure.
"Elle est par exemple déconseillée en cas de tension artérielle ou oculaire trop élevée ; si la personne porte des lunettes ou est très myope, si on a plus de soixante ans", cadre Kiran Vyas. La femme ne pouvant pas réaliser cette cure pendant les règles, il lui faudra donc faire une pause le temps que ce processus naturel s’écoule. Les personnes qui se débattent avec une dépression nerveuse ou qui ont traversé récemment un deuil ou une séparation douloureuse devront attendre au minimum six mois après leur rétablissement avant de s'engager dans un panchakarma.
"Une base psychique et émotionnelle stable et nécessaire pour supporter ce traitement de fond", résume le pro.
L'étude se fait au cas par cas, par le médecin. Par ailleurs, la cure doit être réalisée par des thérapeutes aptes, qui connaissent le processus et savent le gérer. Impossible donc, de réaliser cette cure seule chez soi.
"Encadrée par des pros formés au panchakarma, la cure se passera bien", estime l’expert. "Il faut faire très attention aux formules proposées par des structures qui ne sont pas sérieuses. Il y a actuellement près de 300 à 400 nouvelles adresses qui ouvrent chaque année en Inde".
Son conseil : préférez toujours des adresses vérifiées par le gouvernement indien (hôpitaux et cliniques agréées) ; des labels existent. "Parfois, le centre est correct, mais il suffit de tomber sur un médecin insuffisamment formé ou qui manque de vigilance pour prendre des risques. Les médecins en charge des panchakarmas ont une formation spécifique", souligne Kiran Vyas.
Quid de l’Europe ? "Rien n’est régulé. Certaines personnes font deux ou trois week-ends de formation d’introduction à l’ayurvéda et proposent ensuite des panchakarmas", déplore le spécialiste. Vérifiez le cursus de votre thérapeute, si jamais l'expérience vous tente !
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