"Le microbe n’est rien, le terrain est tout." La thèse qui fit débat parmi les chercheurs du 19e siècle est à la base de la naturopathie. En bref : plus votre terrain est sain, moins vous êtes susceptible d’attraper des maladies. L’approche vise à renforcer les différents systèmes de défense par des moyens exclusivement naturels : "notre énergie vitale régule les fonctions de l’organisme et nous protège. Dès qu’elle est déséquilibrée, bloquée ou menacée, nous sommes fragilisés", décrit la naturopathe Emilie Kapps.
Matrice de cette vitalité stratégique, le terrain est déterminé par le capital génétique, la constitution, les émotions ou encore le degré d’encrassement des tissus et des organes. Il peut être oxydé, déminéralisé, acidifié ou intoxiqué. Le travail du naturopathe consiste à le rendre de nouveau apte à soutenir le bon fonctionnement du corps.
Un traitement de fond
A l’origine – elle remonte à l’antiquité grecque, la "naturo" est une démarche préventive qui aide à rester en bonne santé tout en disposant d’une bonne vitalité. Bien appliquée, elle s’adresse aussi à des individus qui souffrent de dysfonctionnements chroniques auxquels la médecine n’apporte pas de réponse.
Elle est particulièrement efficace sur les dérèglements digestifs (colopathies, syndrome de l’intestin irritable…), les problèmes de peau (eczéma, dermites, psoriasis…) ou d’articulations, les migraines, les allergies, les troubles du sommeil, de l’humeur, de la respiration ou encore de la circulation sanguine. La naturopathie peut aussi fournir un accompagnement efficace à un traitement médical lourd. "C’est une approche non pas alternative mais complémentaire à la médecine classique. Un naturopathe n’est pas habilité à faire un diagnostic médical quelconque", cadre la spécialiste du bien-être Claudine Richard.
Comprendre les origines du trouble
Premier rendez-vous, premier entretien. Les nombreuses questions du thérapeute passent en revue tous les systèmes métaboliques de la personne : digestif, nerveux, articulaire ou encore le sommeil… "Cela permet de comprendre comment les déséquilibres se sont installés. Certains traitements chimiques chroniques, des antécédents médicaux ou génétiques entrent parfois en ligne de compte. Quelques praticiens complètent les questionnaires par des analyses sanguines – non remboursées", détaille Anne-Laure Jaffrelo, auteure de Naturopathie (Editions Rustica).
Rien ne remplace la consultation : chaque traitement est individualisé, il n’existe pas de cure standard. "Tout dépend de la personne et de son mode de vie. Certaines sont prêtes à changer beaucoup de choses, tout de suite, d’autres préfèrent y aller doucement", abonde la naturopathe Claudine Richard.
Une large palette de techniques
Dans la boîte à outils de cette médecine douce, l’alimentation (nutrition, mono diètes, cures saisonnières), l’activité physique et la gestion des émotions et du stress forment le triptyque majeur. En marge, l’hydrologie (douches alternées, bains dérivatifs, bouillottes…), le soin par les plantes, les massages non médicaux, les élixirs floraux, les techniques respiratoires ou énergétiques se révèlent utiles. "Je peux rediriger ma patiente vers un ostéopathe, un réflexologue, un sophrologue ou tout simplement un médecin.
Certaines clientes sont si désireuses de se soigner naturellement qu’elles font l’impasse sur le B.A.BA. Or, nous ne faisons pas le même métier. Ainsi, nous sommes en mesure de soulager un syndrome de l’intestin irritable mais pas de diagnostiquer ou traiter des polypes", prévient Claudine Richard. Enfants, adultes, malades sous traitements allopathiques… Il n’y a pas de contre-indications. Les femmes enceintes font l’objet de précautions spécifiques. "On évitera la phytothérapie et l’aromathérapie pour se concentrer sur les auto-massages, la relaxation et bien sûr l’assiette", partage Emilie Kapps.
Des cures pour soigner le terrain
Le travail de rééquilibrage s’articule en trois phases : la cure de détoxication nettoie l’organisme en drainant et en évacuant les toxines accumulées dans les organes et les tissus. Elle aide aussi à se libérer des dépendances alimentaires (sucre, excitants, aliments industriels…) et comportementales (tabac, inertie…). Plus longue, la cure de revitalisation vise à nourrir les cellules en profondeur. Enfin, une fois le corps purifié et rechargé, la phase de stabilisation s’évertue à autonomiser la personne. Celle-ci devra apprendre à écouter son corps et à respecter ses besoins (repos, sommeil, mouvement, oxygène etc.).
"Le versant pédagogique fait partie intégrante de la cure : on explique toujours le but de chaque action", souligne Claudine Richard. Une fois qu’elle se connait mieux, la patiente sera en mesure de régler les petits déséquilibres au fur et à mesure qu’ils se présentent. "Je vois la personne tous les deux ou trois mois, histoire de faire le point sur chaque cure et de lancer la suivante. Il faut compter environ cinq rendez-vous, à condition que les protocoles soient bien appliqués", évalue Anne-Laure Jaffrelo.
Revoir l’hygiène de vie
Les experts du bien-être sont formels : rééquilibrer le corps ne tenant pas du miracle, la naturopathie ne convient pas à celles et ceux qui espèrent un coup de baguette magique. "Ce n’est pas de l’allopathie verte ; on ne remplace pas les médicaments par des plantes ou des compléments alimentaires", prévient Anne-Laure Jaffrelo. Changer ses habitudes requiert une implication personnelle forte. Les cures doivent être suivies sur plusieurs mois. Certaines personnes doivent passer à des régimes sans gluten ou sans produits laitiers, très contraignants.
Attention aussi au spécialiste qui, ayant appris à manier de nombreuses de compétences, finit par se prendre pour un super médecin
"Nous œuvrons à effacer les troubles… et faire qu’ils ne réapparaissent pas. Si une personne parvient à soigner son eczéma après des semaines d’alimentation saine et qu’elle recommence à terme à manger n’importe comment, nul doute que ses soucis reviendront à vitesse grand V", argumente la naturopathe. Même son de cloche chez Claudine Richard : "Nous sommes très conscients de la difficulté à mettre en œuvre le changement", admet-elle. En coup de pouce, elle organise des cures en séjours de plusieurs jours. Le format permet d’expérimenter les protocoles dans des conditions faciles, avec un entourage qui vous porte. "Une fois que le corps a goûté aux bienfaits liés aux nouvelles habitudes, il lui est plus facile de continuer."
Mieux vaut prévenir que guérir
Plus les gens consultent tard, une fois les troubles bien installés, plus le traitement sera long, au risque de décourager les impatientes. "Si vous avez plusieurs petits symptômes qui s’expriment sans être suffisamment gênants pour consulter un médecin (humeur, sommeil, digestion), il est probablement temps de voir un naturopathe", conseille Anne-Laure Jaffrelo. "Certaines personnes éprouvent des inconforts, voire des douleurs toute leur vie et finissent par trouver cela normal ; ce n’est pourtant pas une fatalité". La thérapeute se veut optimiste : peut être que dans le futur, nous aurons tous un suivi naturopathique en début de vie adulte, pour avoir les bons réflexes et les bonnes habitudes le plus tôt possible. "Idéalement, il faudrait que naturopathes et médecins travaillent ensemble."
Ce n’est pas demain la veille, à en croire le docteur Karine Phan. Cette médecin formée à la micronutrition et la mésothérapie estime que les médecins français ne sont au fait ni de la discipline, ni de la notion-même de terrain. "Les mentalités évoluent doucement. Le corps médical se méfie de la naturopathie et c’est dommage. Elle aborde plusieurs médecines complémentaires, regarde le patient de manière globale… c’est une très bonne approche à condition que le naturopathe soit bon", pointe la médecin, qui conseille de se renseigner sur la formation du thérapeute.
L’école est elle sérieuse ? Son cursus court-il sur plusieurs années ou est diffusé via des cours du soir ? "Attention aussi au spécialiste qui, ayant appris à manier de nombreuses de compétences, finit par se prendre pour un super médecin", alerte-t-elle. Si, en France, la naturopathie n’est pas reconnue, l’Organisation Mondiale de la Santé (O.M.S.) la classe comme la troisième médecine traditionnelle mondiale, après les approches chinoise et ayurvédique. On est loin du charlatanisme ou de la toquade d’écolo.
Remerciements au Docteur Karine Phan, aux naturopathes Anne-Laure Jaffrelo (aroma-massage.fr), Emilie Kapps (https://www.emiliekapps.com) et Claudine Richard (naturopathie-alimentation-vivante.net)
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