C'est la star du moment. Pas l'une de celles qui défilent devant l'objectif; du moins, pas seulement. Sa place à elle est derrière la caméra. Son nom ? Nadia Lee Cohen. Cette trentenaire, diplômée du London College of Fashion en photographie de mode, a, en une dizaine d'années, bâti un solide CV. Ses premiers pas dans l'industrie du prêt-à-porter, elle les fait en 2017 avec la marque espagnole Bimba Y Lola. En parallèle, celle qui cite Paris Hilton et Donatella Versace parmi ses icônes d'adolescente, signe ses premières séries photos avec des publications pointues, notamment Citizen K, Interview et Paper Magazine.

Son esthétique : des couleurs saturées, des mannequins à la peau huileuse ou au teint de cire, make up exagéré et brushing peroxydé comme dans les années 60. Dans la lignée des photographes Pierre & Gilles et David LaChapelle, ou dans celle des réalisateurs Wes Anderson et Alfred Hitchcock. Ce qu'elle aime aussi, c'est se grimer et se mettre en scène, méconnaissable à la façon de l'artiste Cindy Sherman.

Des réinventions totales qui se font au gré des expositions, des commandes et des ouvrages de la Britannique, née à Essex et élevée dans une ferme isolée dans la campagne anglaise. Reste que c'est Los Angeles et son Hollywood Boulevard jalonné de "magasins trash et de rêves brisés" qui attirent la jeune femme comme un aimant. Installée dans la capitale du cinéma, elle séduit au-delà du papier glacé et en 2019, elle dirige le clip Babushka Boi d'A$AP Rocky avant d'être embauchée en tant que mannequin pour le show de la griffe Alessandra Rich.

American Dream

La voici lancée sur l'autoroute du succès aussi vite qu'une décapotable sur la Pacific Coast Highway. L'année suivante, elle immortalise les tops Lili Sumner et Alva Claire pour Mac Cosmetics. Quelques mois plus tard, elle participe à un défilé du label de lingerie Savage x Fenty et imagine une publicité de Noël sensuelle pour GCDS. Suit la marque de shapewear Skims, puis Schiaparelli — en tant que mannequin catalogue.

Mais la consécration arrive en 2022. Nadia Lee Cohen est désormais une personnalité qui compte, de celles conviées à la très exclusive semaine de la haute couture parisienne. En plus, elle est choisie par Demna, alors directeur artistique Balenciaga, pour shooter l'une des campagnes de la maison. Son nom ne se chuchote plus entre initié-e-s, il s'impose dans les rédactions et les agences créatives : Nadia Lee Cohen est la photographe sur qui miser.

Kim Kardashian capturée devant le drapeau américain, les sourcils décolorés pour Interview ? C'est elle. Lana Del Rey en mariée gothique, toujours pour Interview ? Elle à nouveau. Julianne Moore en héroïne 60's pour The Cut ? Encore elle. Sans oublier Rihanna en nonne ultra maquillée, une fois de plus pour le titre fondé par Andy Warhol en 1969. 

Un jour invitée au premier rang chez Saint Laurent, le lendemain sur le tapis rouge du Festival de Cannes, elle trouve le temps de réaliser les images de promotion de la collection Zara x Barbie et s'essaye à l'autoportrait pour l'enseigne & Other Stories à l'automne 2024.

Plus récemment, c'est avec On que Nadia Lee Cohen s'est illustrée. Pour l'équipementier sportif suisse, celle qui a foulé le podium Balenciaga automne-hiver 2025-2026 a transformé la chanteuse Zendaya en héroïne fantaisiste surréaliste, avec décor spatial et oreilles elfiques en option. Des clichés à l'inspiration geek assumée, qui devraient s'imposer dans la pop culture. Exactement comme Nadia Lee Cohen, dont le fabuleux destin ne fait que commencer.