Le millepertuis, un antidépresseur naturel à consommer avec prudence

Il ne donne pas un "coup de boost" immédiat, "mais plutôt une aide progressive, qui permet de retrouver un équilibre émotionnel sur la durée", explique-t-il. Et de poursuivre, "les patients décrivent généralement une humeur plus stable, un sommeil plus récupérateur, moins de pensées négatives, moins d’irritabilité".

Toutefois, "il ne remplace pas une évaluation médicale ni une prise en charge adaptée en cas de symptômes plus marqués ou persistants", nuance le Dr Camelot. 

En officine, les produits à base de millepertuis "contiennent une teneur en substance active standardisée", rappelle le psychiatre. Pris par voie orale, leur efficacité serait liée “aux molécules actives comme l’hypéricine et l’hyperforine, qui agissent sur l’humeur”, décrit le pharmacien, précisant que "l’on recommande en général 300 mg d’extrait standardisé, une à trois fois par jour, ou parfois une seule prise à 600 mg par jour selon les laboratoires".

Et d'ajouter que selon lui, il vaut mieux préférer un "médicament" à un "complément alimentaire", car le premier est “mieux encadré en termes de dosage, de stabilité, de qualité et d’efficacité”. Tout comme les antidépresseurs, il doit faire l’objet d’un encadrement médical précis, une prise régulière et d’un sevrage progressif.

Irritations, brûlures et douleurs musculaires : un produit miracle ? 

Bien avant de connaître ses bénéfices sur l’humeur, le millepertuis était utilisé traditionnellement pour soulager les brûlures superficielles, les irritations et plaies de la peau ou les piqûres d’insectes. Selon le site PharmaGDD, elle serait aussi "cicatrisante" et aiderait à "traiter les imperfections", ainsi qu'à "nettoyer les petites plaies en cas d’acné". Mais le Dr Camelot rappelle que “ces effets sont moins documentés scientifiquement”.

Sous forme d'huile, “elle est également proposée en applications locales pour apaiser les douleurs musculaires, les irritations de la bouche, ainsi que par voie orale pour aider les digestions difficiles”, complète le Vidal. Elle existe aussi sous forme de tisane, "avec 2 à 4 grammes de plante sèche dans une tasse d’eau bouillante, infusée environ 10 minutes", note l’expert en phytothérapie. 

Pour une application sur la peau, on peut préparer l’huile de millepertuis chez soi, en tassant des sommités fleuries dans un flacon en verre transparent, puis en recouvrant les fleurs d’huile végétale, toujours selon PharmaGDD. Le flacon est exposé à la lumière du soleil pendant quatre semaines, puis filtré.

Contre-indications et risque d’interactions : les précautions à prendre avant d'utiliser du millepertuis

Bien que cette plante aux fleurs jaunes regorge de propriétés naturelles,  elle ne doit pas être consommée sans précaution. Si elle est efficace sur les adultes, elle n’est pourtant pas recommandée “chez les enfants, les adolescents, les femmes enceintes ou allaitantes, et ne doit jamais être utilisée en automédication chez des patients déjà traités par antidépresseurs’’, prévient le Dr Camelot. De même, elle ne doit pas être indiquée aux personnes souffrant de bipolarité, “car cela peut déclencher un épisode maniaque”, assure le docteur en pharmacie. 

Certains effets indésirables sont aussi notables, tels que des troubles digestifs bénins, une bouche sèche, des maux de tête. Des réactions cutanées et de photosensibilisation ont été observées, particulièrement chez les personnes à peau claire, qui s’exposent au soleil, notamment sans protection, note le Vidal. Cette plante peut également déclencher une allergie.

Enfin, le millepertuis interagit avec de nombreux médicaments et possède un puissant “effet enzymatique” : en clair, il accélère l’élimination de nombreux médicaments et peut en réduire l’efficacité. Parmi ceux-ci, on trouve les "contraceptifs oraux, anticoagulants, antidépresseurs, traitements pour le VIH, immunosuppresseurs, antiépileptiques et hypolipémiants", liste Guillaume Camelot.

Le Vidal rappelle qu’il pourrait aussi interagir avec certaines plantes, comme la valériane, la passiflore ou encore le ginkgo.

En cas de doute, mieux vaut toujours demander l’avis d’un professionnel de santé.