Du jour de notre naissance jusqu'à la fin de notre vie, notre microbiote intestinal évolue. Au fil des années, différents facteurs peuvent le modifier : une grossesse, l'arrivée de la ménopause, une maladie, la prise de médicaments, notre alimentation... Celui qu'il est à 20 ans n'est plus forcément le même à 50.
Il est donc important de rapidement prendre conscience du "vieillissement" de nos intestins afin de limiter (si on le peut encore) les dégâts.
Quels changements dans le microbiote intestinal à mesure que l'on vieillit ?
Il est difficile de savoir exactement à partir de quel âge un microbiote commence à vieillir. Les modifications se font progressivement, sont souvent multifactorielles et propres à chaque individu.
"Plusieurs modifications se produisent dans l'intestin, explique le Dr Caitlin Hall, diététicienne spécialisée en santé intestinale, à Stylist UK. La diversité du microbiote intestinal - qui comprend des milliards de bactéries, champignons et archées qui vivent à l'intérieur de nous - décroît avec l'âge. Par exemple, les bactéries intestinales qui produisent des composés anti-inflammatoires bénéfiques pour la santé appelés acides gras à chaîne courte (AGCC) diminuent".
Parmi eux, on trouve par exemple le butyrate. Si ce dernier vient à manquer, l’hyperperméabilité intestinale guette : l’intestin devient une "passoire" qui laisse passer dans le sang des toxines, des polluants et des bactéries pathogènes. Les AGCC pourraient également avoir une action protectrice contre le cancer du côlon, dont l’incidence augmente à partir de 50 ans.
Dès 60 ans, on constate chez une majorité de personnes une biodiversité réduite, une augmentation des pathobiontes (bactéries pathogènes du microbiote, ndlr) tels que streptocoques, staphylocoques, entérocoques et entérobactéries et une diminution des bifidobactéries (aussi surnommées bifidus). Considérées comme des "héroïnes de la santé digestive", elles représentent jusqu'à 95 % des bactéries présentes dans nos intestins à la naissance. Un pourcentage qui chute à 25 % chez les personnes âgées. Ainsi, la dysbiose (déséquilibre de la flore intestinale) est plus fréquente chez cette population.
En outre, la prolifération bactérienne empêche l’absorption de minéraux et de vitamines, notamment la vitamine B12. Essentielle au maintien d’un bon équilibre du système nerveux, elle sert à prévenir les maladies cardio-vasculaires et participe à la fabrication des globules rouges.
À terme, un déséquilibre du microbiote intestinal peut faire le lit de problèmes de santé graves : cancers, diabète, maladie de Crohn, sclérose en plaques, polyarthrite rhumatoïde, dépression, maladies neurodégénératives...
En cas de perte d’appétit ou en présence de symptômes évocateurs de troubles intestinaux, mieux vaut alors consulter son médecin généraliste qui, au besoin, orientera le patient vers un gastro-entérologue.
Microbiote âgé : comment ralentir le processus ?
Augmenter ses apports en fibres
Les fibres sont le carburant du microbiote intestinal. On les retrouve essentiellement dans les fruits, légumes, ou les céréales complètes. Des chercheurs de l’Inra ont démontré que "plus l’apport en fibres est grand et plus la diversité et le nombre d’espèces de bactéries sont importants. Le microbiote en est d’autant plus stable et équilibré". Mieux : la dégradation des fibres produit les fameux AGCC protecteurs.
Pratiquer une activité physique quotidienne
"Le sport, c'est la santé" : on ne le répétera jamais assez. Pratiquer une activité physique régulière et adaptée est primordial pour garder ses intestins en bonne santé, car elle a une influence sur la diversité du microbiote. La bactérie du genre Veillonella se retrouve par exemple en quantité importante dans le microbiote des marathoniens, mais pas chez les personnes sédentaires, selon une étude publiée dans la revue Nature medicine.
Aussi, d'après une étude menée par des chercheurs de l'Université de Calgary (Canada), une activité physique de durée modérée (supérieure à 150 minutes par semaine) augmente à la fois la richesse et la diversité du microbiote intestinal.
Privilégier le "bon gras"
Des travaux de l'Institut Pasteur et de l'Inserm mettent en évidence qu'un régime trop riche en graisses déséquilibre la flore intestinale.
L'idée n'est pas de supprimer totalement les graisses car l'organisme en a besoin, mais plutôt de choisir les "bonnes" graisses et d'éviter les "mauvaises". Haro donc sur les acides gras trans, qui flinguent nos intestins et notre santé en générale. On fait la part belle aux omégas-3, que l'on retrouve principalement dans le saumon, mais aussi le maquereau et les sardines. L'huile de colza, de germe de blé, de noix, les graines de sésame ou encore la mâche sont également d'excellentes sources de ces acides gras polyinsaturés. L'avocat, les amandes, noisettes, l'huile d’olive, le canard - riches en omégas-9 (acides gras mono-insaturés) - sont aussi à favoriser.
Bien évidemment, on les consomme en quantité raisonnable et de manière équilibrée.
Limiter le stress
"Se tordre les boyaux" n'est jamais bon. Le stress est un véritable catalyseur de maladies intestinales. "De nombreuses études démontrent que les événements stressants de la vie sont associés à l’apparition de symptômes ou à une aggravation des symptômes d’affections digestives, notamment la maladie inflammatoire de l’intestin, le syndrome de l’intestin irritable, le reflux gastro-œsophagien pathologique et l’ulcère gastro-duodénal", précise une étude publiée dans la revue Gut - British Medical Journal.
Méditation, cohérence cardiaque, yoga, gym douce... Il existe une multitude de méthodes ou activités pour réduire le stress et empêcher l'altération du microbiote.