Ces deux dernières années, nos vies ont radicalement changé avec la pandémie de Covid-19. Le port du masque est devenu une habitude, tout comme le fait de se laver les mains régulièrement avec du gel hydroalcoolique.

Ces nouveaux gestes, répétitifs, ont affecté notre microbiome cutané. Explications avec Marie Drago, fondatrice de la marque Gallinée et Gérard Redziniak, consultant en dermo-cosmétologie. 

Le boom des peaux sensibles

En juillet 2020 déjà, après trois mois de nouvelles habitudes faites de gestes barrières "70 % des femmes françaises déclaraient avoir une peau sensible voire très sensible. Un pourcentage en progression sur les cinq dernières années" pouvait-on lire dans une étude commandée par le Label Slow cosmétique à l’Ifop sur l'impact du confinement sur nos habitudes beauté. Aussi, les recherches sur Google pour les termes "peau sensible Covid" ont plus que doublé en deux ans (avec un pic des recherches en janvier dernier). 

"La pandémie nous a éloigné des autres humains et du monde naturel ce qui fait que nous n’avions plus ce renouvellement de bonnes bactéries que l'on pouvait avoir au quotidien. Notre microbiome s'est alors appauvri", décrypte Marie Drago. Un constat appuyé par les résultats d'une étude publiée en janvier 2021 par des chercheurs canadiens qui indiquait que pendant la pandémie, notre microbiome avait perdu en diversité : "Et si il n'y a pas de diversité, le microbiome ne joue pas son rôle de régulateur dans les processus d'inflammation, ce qui va rendre la peau beaucoup plus sensible", précise l'experte. 

Le masque, bon pour notre santé, moins pour notre peau 

Premier responsable du déséquilibre de notre microbiote cutané pendant la pandémie ? Les masques. Portés toute la journée, ce sont de vraies usines à bactéries et nombre d'entre nous ont connu le phénomène du maskné - contraction des mots masque et acné - à savoir l'apparition de petits boutons sur la zone de port du masque.  

"À force de respirer et de parler sous le masque, on génère beaucoup d'humidité et de chaleur", explique Gérard Redziniak. "Et la peau, pour compenser cette hyper humidité a tendance à refabriquer du gras. C'est ce terrain qui favorise la prolifération de la bactérie cutibactérium acnes (responsable de l'acné, ndlr). Elle va alors pousser dans le gras vers la glande sébacée, provoquer l'inflammation et ainsi l'apparition de boutons, rougeurs et points noirs au niveau du nez." 

Autre élément qui s'ajoute à la liste des désagréments liés au port du masque : les frottements répétitifs perturbent la structure épidermique et le tissu de cellulose provoque de la sécheresse. "De nombreuses études font désormais état que le port du masque exacerbe le moindre petit désordre physiologique de la peau, que l'on soit atteint d'acné, de psoriasis ou de rosacée", explique Marie Drago. 

Le gel hydroalcoolique, destructeur de barrière lipidique

Composés à minima de 65 % d'alcool, les gels hydroalcooliques nous accompagnent au quotidien pour limiter la propagation des virus. Avec la pandémie, leur utilisation a explosé. Problème : l'alcool est un très grand perturbateur pour notre microbiome : "Il va détruire la barrière lipidique et donc dessécher la peau, malgré la présence d'actifs hydratants comme la glycérine", indique Gérard Redziniak.

Les mains deviennent alors très fragiles et sensibles, d'où la nécessité de préférer les nettoyages à l'eau et au savon, surgras de préférence. Et de toujours bien les réhydrater après le lavage avec une crème pour les mains hydratante. 

Comment rétablir l'équilibre de notre microbiome cutané ? 

Mais s'il a été perturbé par la pandémie, il n'y a pas de raison de s'inquiéter pour notre microbiome : "La peau n'a pas été perturbée au niveau génétique. Donc avec la levée du port du masque obligatoire, elle va enfin pouvoir retrouver toute sa biodiversité", indique Gérard Redziniak qui ajoute que le microbiome se reconstruit de lui-même en quelques heures. 

Pour retrouver un microbiome sain, "il est préférable d'utiliser des produits lavants bien adaptés et des cosmétiques avec des pré/pro/postbiotiques", développe Marie Drago. L'objectif ? Rééquilibrer les zones sèches et les zones grasses (puisque certaines zones sont à l'air libre tandis que d'autres sont masquées) avec des soins pour peaux mixtes.  

Pour celles et ceux qui continuent à en porter malgré la fin du masque obligatoire, pensez aussi à bien changer votre masque à intervalles réguliers pour limiter la prolifération bactérienne. En cas de maskné, utilisez des actifs reconnus pour lutter contre les imperfections comme l'acide salicylique ou le bakuchiol, un dérivé du rétinol "très favorable pour traiter et derrière reconstituer le microbiote", affirme Gérard Redziniak. Aussi, "essayez de sortir plus" afin de réexposer la peau à divers environnements. Et, si l'envie vous reprend de faire la bise, sachez que votre microbiome vous remerciera. "Les contacts de peau à peau favorisent la diversité du microbiome cutané et donc sa bonne santé", indique encore Marie Drago.