Le 14 décembre 2024, le cyclone Chido a balayé Mayotte, causant des destructions massives. Le bilan humain reste toujours difficile à chiffrer, sous-estimé pour l'instant* à 40 personnes par les autorités.
Deux mois plus tard, Annabelle Moatty, chargée de recherche au CNRS, géographe spécialiste de la gestion des risques "naturels", établit, pour Marie Claire, les enjeux des semaines et mois à venir.
Des vents à plus de 220 km/h
Marie Claire : Cette catastrophe était-elle prévisible ?
Annabelle Moatty : Mayotte est sur le passage de cyclones potentiels, le risque de catastrophe existe, mais on ne peut prédire avec précision quand passera le "Big One".
Le cyclone Chido a été intense, et face à des vents de plus de 220 km/heure, peu de choses résistent longtemps.
Comme les habitants de l’île Saint-Martin, ravagée par le cyclone Irma en 2017, les Mahorais ont la culture du "faire le cyclone ensemble". Ils se regroupent par famille, par communauté dans le bâtiment le plus solide. Ce qui explique, en partie, le bilan officiel de 39 morts et 4 000 blessés.
Le Premier ministre veut empêcher la reconstruction des bidonvilles, mais l’urgence n’attend pas...
Les bidonvilles, qui n’abritent pas que des personnes en situation illégale, sont en effet déjà en cours de reconstruction, des cases ont été rebâties avec des matériaux de récupération. La difficulté est que les centres d’hébergement, pour la plupart situés dans les écoles, ferment petit à petit pour permettre aux enfants de reprendre leur scolarité. Il faut désormais reloger la population.
Une partie reconstruit ses biens, la solidarité perdure, des gens s’hébergent les uns les autres, et avec la réouverture des vols commerciaux, certains partent un temps ailleurs, à La Réunion ou en métropole.
Les associations sont sur le qui-vive pour identifier les situations d’extrême précarité, il faut mettre les habitants hors d’eau, en sécurité. C’est très compliqué.
Mettre à l'abri les femmes vulnérables
Comment agir concrètement ?
Nous n’avons pas de recette magique. À Mayotte où 70 % de la population, très jeune, vit sous le seuil de pauvreté, on a du mal à transposer ce qu’on a pu faire ailleurs.
Des actions pour la remise en état sont cofinancées par la Fondation de France et l’État. Je suis bénévole au sein du comité Solidarité Mayotte** : même si, dans l’urgence, on simplifie les procédures, on prend le temps de vérifier que l’aide aille bien aux plus démunis et aux structures efficaces sur le territoire.
Dans cette période dangereuse, une attention particulière est portée à la mise à l’abri de femmes vulnérables dans des zones de sécurité. Les Mahoraises occupent une place forte au sein de cette société plutôt matriarcale, beaucoup ont des projets solidaires et sont actives dans les réseaux de relance économique.
Après l’urgence, il faudra du temps pour repenser un mode de développement et redémarrer les économies du territoire.
*au moment de l'écriture de cet article, en janvier 2025.
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Cet article a initialement été publié dans le magazine Marie Claire numéro 870 daté de mars 2025.
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