"Blonde" : un adjectif qui revient souvent pour faire référence à Marilyn Monroe, actrice hollywoodienne devenue mythe. Une couleur de cheveux qui lui a permis d'être élevée au rang d'icône, mais qui paradoxalement a- en quelque sorte - contribué à son destin tragique. Retour sur l'histoire du blond le plus célèbre de tous les temps. 

Une coloration blonde contre une publicité pour un shampoing

1945 : Norma Jeane Baker - épouse Dougherty - a 19 ans. Recrue de l'agence The Blue Book Modeling Agency, on lui propose une séance photo pour apparaître dans une publicité pour un shampoing de la marque Rayve. Problème : elle a les cheveux châtain foncé (voire bruns) et frisés. Le photographe, lui, veut absolument une blonde. Elle doit teindre ses cheveux si elle veut être prise. Peu emballée par l'idée, la jeune mannequin finit par céder à la pression de ses agents. 

Elle se rend alors dans un célèbre salon de coiffure de Los Angeles, Frank & Joseph, pour réaliser sa toute première décoloration. C'est la coiffeuse Sylvia Barnhart qui s'occupe de ses cheveux ce jour-là (et qui continuera à le faire durant plusieurs années après). Progressivement, elle décolore ses cheveux jusqu'en 1946, passant du roux au blond vénitien pour arriver jusqu'au blond platine, presque blanc, définit par la star elle-même comme un "blanc taie d'oreiller". 

Des décolorations et défrisages toxiques

Le blond de Marilyn Monroe ne s'est pas fait sans mal. Si aujourd'hui les colorations et décolorations sont formulées avec des ingrédients respectueux de la fibre capillaire, c'est une tout autre histoire en 1946. Acide sulfurique, ammoniaque et eau oxygénée font partie du cocktail explosif utilisé pour décolorer ses cheveux. Elle fait également une épilation électrique à l'électrolyse au niveau de sa ligne de cheveux pour effacer sa pointe de veuve (le pic formé par les racines des cheveux sur le dessus du front, ndlr).

Outre la teinte de ses cheveux, c'est aussi sa texture que Sylvia Barnhart s'attèle à changer, passant du bouclé au lisse. Des traitements qui fragilisent profondément sa chevelure, puisque le produit prisé à l'époque pour raidir les cheveux n'est autre que la soude caustique (qu'on utilise normalement pour déboucher des canalisations). 

En pleine gloire, plusieurs coiffeur.ses se succèdent pour entretenir sa blondeur diaphane. L'une d'elles, Gladys Rasmussen, détaille à l'époque : "Les cheveux de Marilyn posent plusieurs problèmes : ils sont très fins et difficiles à maîtriser. Trop gras pour ne pas être lavés tous les jours et si frisés que je dois les lisser très soigneusement à la moindre occasion. Quant à la recette de son blond platine, elle est due au mélange d’une teinte argent étincelant et d’eau oxygénée à 20 volumes. Plus un rinçage secret de ma composition pour éviter l’effet jaunâtre." 

On dit que pour cacher ses repousses, l'actrice utilise également du talc blanchissant et que sa couleur est refaite environ toutes les semaines pour paraître aussi immaculée. 

La seule fois où elle se remet dans la peau d'une brune ? Lors d'une séance photo avec Bert Stern, en juillet 1962. Surnommée "The Jackie Kennedy Sitting", cette série photo montre la star affublée d'une perruque brune, ressemblant étrangement à la coiffure que porte la Première dame des États-Unis. Quelques mois avant, le 19 mai, Marilyn Monroe avait chanté son célèbre Happy Birthday, Mr. President au Président John F. Kennedy, avec qui on la soupçonnait d'entretenir une liaison secrète. Rejetée par le clan Kennedy après cette apparition, elle aurait porté cette perruque pour se moquer de sa "rivale". 

Une blondeur préjudiciable 

Si sa blondeur l'a aidée à façonner son personnage, Marilyn Monroe a aussi souffert de l'image qu'elle pouvait véhiculer à travers cette teinte. Tout au long de sa carrière, on lui attribue des rôles de "blonde" stéréotypée, stupide et séductrice. "À l'époque, les rôles qu'on lui proposait n'étaient pas très sophistiqués. Elle était souvent la secrétaire, la maîtresse...etc. Il y avait donc une contradiction entre ce qu'elle voulait devenir et ce qu'on lui imposait à l'écran. Et même si elle a eu des rôles plus importants par la suite, cette image de 'blonde' lui a tout de même collé à la peau", décrypte Yvon Molostoff, passionné de Marilyn Monroe, collectionneur et auteur du blog lammquejaime.

Durant les dernières années de sa vie, Marilyn Monroe continue de teindre ses cheveux et d'arborer ce blond platine signature malgré les dégâts que causent ces choix capillaires. Sa chevelure n'est plus aussi fournie qu'à ses débuts. Abîmés par les défrisages et décolorations à répétition, elle les perd peu à peu et ses coiffeur.ses doivent ruser avec des coiffures toujours plus volumineuses pour donner le change et créer un effet de masse capillaire. "Sur les essais du film inachevé Something got to give, elle porte une perruque. Avant sa mort, ses cheveux sont complètement détruits. Elle est enterrée avec une perruque", confirme Yvon Molostoff.

Une chose est sûre, c'est que Marilyn sans ses cheveux blonds ne serait sans doute jamais devenue le mythe qu'elle est encore aujourd'hui, soixante-deux ans après sa disparition tragique.