Après une longue carrière en tant que rédactrice mode au magazine ELLE, Marie Lichtenberg a décidé de mettre sa créativité au service d'une marque de bijoux qui porte son nom. Un label original qui déchaîne les passions. Parmi ses illustres fans, la chanteuse Rihanna. Rencontre avec celle qui met un point d'honneur à rendre le secteur joaillier plus original qu'original.

Marie Claire : Votre propos créatif tout comme votre esthétique vont à contre-courant du monde codifié de la joaillerie, pourquoi ce choix ?
Marie Lichtenberg :
J'ai longtemps travaillé dans la presse, donc je ne viens pas de ce sérail. C'est sûrement l'une des raisons pour lesquelles je m'exprime de façon différente, loin des règles propres à ce milieu. À l’image de nos photographies au flash, sur lesquelles on peut même apercevoir des traces de doigts !

Et si nous apportons un soin tout particulier au choix de nos savoir-faire, nous ne ferons jamais de vidéos montrant un artisan avec des gants blancs dans un atelier. Nous sommes volontairement plus irrévérent-e-s dans notre manière de communiquer.

Vous avez lancé en 2023 une deuxième marque comme un pied de nez à la contrefaçon. Quel a été le cheminement de Raiz'in ?
J’ai été confrontée à la contrefaçon dès le début de la marque, en 2019. C’est une problématique difficile qui coûte de l'argent et demande beaucoup d'énergie. Et même si l'on gagne les procès, il reste de la frustration, alors j'ai eu l'idée de lancer Raiz'in, une sorte de contrefaçon officielle de nos bijoux dans un esprit sympathique et abordable. Après le succès du Locket en résine alimentaire pailletée fin 2023, nous avons dévoilé le 15 novembre une deuxième déclinaison de l'une de nos pièces signatures, dans une matière plus accessible, mais toujours avec un savoir-faire exceptionnel.

Après l'Institut Rafaël, nous reverserons cette année une partie des bénéfices à l'association Make-A-Wish France, qui permet à des enfants malades de 12 à 17 ans de réaliser des rêves un peu fous.

Vos bijoux cachent des mécanismes ingénieux, comment abordez-vous l'aspect technique ?
Je travaille avec une dizaine d'ateliers spécialisés, et ils peuvent être jusqu'à cinq à collaborer sur une seule pièce. Le savoir-faire est au centre de la marque... Mais cela n'empêche pas de créer avec de l'humour ! Comme la bague de fiançailles Dick in A Box, qui s'ouvre pour révéler un pénis en diamants ou la version miniature du jeu iconique Magic 8 Ball développé avec Mattel en pendentif. Nos pièces demandent généralement un an de développement.

Nos Lockets, par exemple, paraissent simples, mais ils sont complexes à fabriquer, car ils possèdent six faces, un système de fermeture, demandent de l’émaillage à la main, du guillochage, un serti minutieux...

Il existe désormais une offre entre la haute joaillerie et la fantaisie, quel regard portez-vous sur cet entre-deux ?
Certes, une nouvelle garde de la joaillerie créative émerge en France, mais elle reste très timide par rapport à l'étranger où il existe depuis longtemps des noms indépendants comme Bibi van der Velden et Selim Mouzannar. Peut-être qu’en France, le poids de l'historique place Vendôme écrase un peu la création joaillière. D'une certaine façon, c’est une chance d’avoir été tant copiée dès le départ, car cela m’a permis d’élever très rapidement le niveau d’exigence sur les savoir-faire.

Quand on a peur pour sa boîte, ça galvanise.