Diplômée en 2020 de La Cambre, prestigieuse école de mode installée dans sa Belgique natale, Marie Adam-Leenaerdt fait irruption sur le circuit de la Fashion Week de Paris en 2023. La styliste navigue depuis aux côtés de maisons établies et d'autres jeunes designers émergent-e-s.
Marie Claire : Vous avez défilé à Paris en février 2023, dès votre première collection. C'était prévu ?
Marie Adam-Leenaerdt : Après un stage chez Balenciaga à Paris, je suis rentrée à Bruxelles avec l'envie de développer ma marque, mais je n'avais pas anticipé cette décision d'organiser un défilé à Paris en six semaines ! Il fallait un minimum de silhouettes, dupliquer les chaussures, prévoir plus de pantalons... Et je n'avais fixé aucun prix ! Tout est allé très vite. Sonja Noël, de la boutique bruxelloise Stijl, a acheté la collection. C'était comme une validation de la part de cette pionnière de la mode belge.
La saison suivante, j'intégrais le calendrier officiel de la Fédération de la haute couture et de la mode. C'est un rythme qui met au défi, car je fais beaucoup de choses et je manque parfois de temps à consacrer à la création.
Comment débutez-vous une collection ?
Souvent sur Vinted, une banque d'images incroyable ! Les prises de vues décalées se révèlent inspirantes, comme ces jupes shootées sur des cintres de veste qui m'ont donné l'idée d'une autre approche de la forme. J'utilise aussi la plateforme comme point de départ d'une collection. Quand je cherche à proposer un trench, j'en achète un dont les volumes et les proportions me plaisent. Je m'en sers comme une base de travail, je le découpe et le remonte. J'aime partir de quelque chose de connu, le sortir de son contexte pour le regarder différemment.
Vous avez fait vos études à l'école de mode de La Cambre, à Bruxelles, mais vous étiez également acceptée à L'Académie royale des beaux-arts d'Anvers. Comment avez-vous fait votre choix ?
À Anvers, l'apprentissage passe d'abord par le dessin, alors qu'à La Cambre, on commence par démonter le vêtement pour apprendre à le remonter. Je préfère cette approche technique qui passe par la 3D, être dans la matière, concevoir des volumes. En comprenant la singularité de chaque élément qui compose les archétypes du vestiaire, il devient plus facile de les repenser et de les bousculer.
Quel regard portez-vous sur la scène mode belge aujourd'hui ?
En dehors de Walter Van Beirendonck des célèbres Six d'Anvers, l'ancienne génération a quitté l'industrie, mais de nouveaux-elles créateur-rice-s ont émergé comme Matthieu Blazy, Pieter Mulier et Ester Manas. Les Belges proposent une approche plus conceptuelle des vêtements, d'abord basée sur une idée. Dans la même veine, j'aime réfléchir à un habit doté de plusieurs fonctionnalités, comme ces vestes qui se portent de trois manières différentes. Une façon de chahuter cette industrie très codifiée.
Par exemple, pour le printemps-été, j'ai travaillé sur la manière de transposer la facilité et le confort d'un T-shirt sur d'autres pièces du vestiaire.
Vous défilez à Paris, n'avez-vous pas envie de quitter Bruxelles pour vous installer en France ?
On me pose souvent la question, mais je ne ressens pas le besoin d'habiter à Paris. Je suis à 100 % Bruxelloise, j'aime la qualité de vie et les grands espaces de travail qu'offre cette ville où la mode a toujours compté. C'est un tout petit pays, mais il y existe une véritable stimulation créative.