Selon les saisies réalisées par les douanes en 2021, parmi les 9,1 millions d’articles contrefaits, les produits de soin corporels arrivaient en tête devant les jeux, jouets, articles de sport et les vêtements avec plus de 1,7 million de produits saisis. Une hausse de + 482 % par rapport à l'année précédente, induite par l'essor du e-commerce pendant la pandémie de Covid-19.
Au cœur de la catégorie des produits de soin corporels contrefaits, les parfums et produits cosmétiques sont les produits qui ont été les plus saisis. Grande favorite du fake et des imitations (que l'on appelle des dupes) : la palette de maquillage. C'est le fléau des marques tendances, à l'instar d'Anastasia Beverly Hills, Huda Beauty, Kylie Cosmetics, Urban Decay ou encore Morphe, qui voient des milliers de contrefaçons de leurs produits envahir Internet.
Un vrai manque à gagner pour les marques qui sont peu enclines à communiquer sur cette épineux problème. En 2019, l'EUIPO (Office de l'Union européenne pour la propriété intellectuelle) estimait dans un rapport qu'environ 10,6 % des ventes du secteur des produits cosmétiques et des soins personnels (7 milliards d’euros) sont perdues chaque année dans l’Union Européenne en raison de la présence de produits de contrefaçon. En France, ce chiffre est de 9,3 %, soit 1,2 milliard d’euros de manque à gagner chaque année.
Mais c’est surtout un véritable problème pour la sécurité des consommateurs trompés si les produits contiennent des substances toxiques. "Un produit cosmétique non contrôlé peut être dangereux pour la peau et provoquer une allergie, aucun test dermatologique n’étant effectué et aucune information sur les allergènes ne figurant sur le packaging, explique-t-on au sein de la FEBEA (Fédération des Entreprises de la Beauté). Sans compter que la fabrication d’un produit contrefait peut être effectuée par une main-d’œuvre non qualifiée, sans aucun respect des règles d'hygiène les plus élémentaires, à l’aide d’ingrédients de mauvaise qualité voire interdits par la réglementation."
Comment reconnaître un produit de beauté de contrefaçon ?
C’est difficile et les marques elles-mêmes doivent recourir à des comparatifs minutieux dans certains cas particulièrement bien imités. Il faut surtout être vigilant au packaging mais aussi au lieu d’achat et au prix qui ne doit pas paraître fantaisiste. En magasin, il est possible de repérer une copie en traquant les fautes d’orthographes sur l’emballage, ou bien en regardant si l’impression est de mauvaise qualité.
Enfin, pour un parfum, l’odeur et la couleur peuvent aussi trahir la supercherie. Un autre signe qui ne trompe pas : les parfums sont commercialisés dans des réseaux agréés (parfumeries, grands magasins sélectifs…). S’ils sont vendus sur le marché le dimanche matin : méfiance.
Quels circuits de vente privilégier pour éviter la contrefaçon ?
Pour les amateurs d’achat en ligne, mieux vaut privilégier les réseaux connus ou les e-shop des marques plutôt que les réseaux sociaux ou les sites de de seconde main.
"Les fabricants de produits sélectifs n’autorisent leurs distributeurs agréés à vendre des parfums sur Internet que s’ils respectent leurs critères d’agrément, indique la FEBEA. Ils doivent posséder un point de vente physique et leur site Internet doit être de qualité suffisante, notamment en matière de conseil. La vente sur Internet est donc un prolongement naturel de la vente en magasin, au bénéfice de l'utilisateur qui peut ainsi choisir où effectuer son achat."
Pour lutter contre le fléau de la contrefaçon, une charte a été élaborée en 2009 qui engage chaque signataire à mettre en place des moyens concrets pour lutter contre la vente de produits de contrefaçon sur Internet, avec un meilleur contrôle des produits mis en vente sur les plateformes signataires.
Ce dispositif de lutte anti-contrefaçon a été étendu à d'autres acteurs du commerce en ligne participant malgré eux à la diffusion de produits de contrefaçon sur Internet tels que les sites de petites annonces ou les acteurs intermédiaires comme les opérateurs postaux.
Le but : mettre en place de nouvelles mesures préventives de détection de produits con
trefaits, retirer plus facilement de la vente un produit contrefait et mieux gérer les signalements de consommateurs victimes de la contrefaçon sur Internet
Et les dupes dans tout ça ?
Il s’agit de produits de soin ou de maquillage qui ressemblent aussi bien par leur couleur et leur texture à un produit d’une marque connue. L’emballage est cependant bien différent du produit original, on ne peut pas ce sens pas dire qu'il s'agit d'un "faux".
Il n'en reste pas moins que ces produits sont des dérivés de la contrefaçon. Sur Internet, les listes de dupes pullulent sur des blogs peu scrupuleux, mais là encore méfiance. Si le résultat semble proche du vrai produit copié, pour ce qui est du maquillage tout du moins, les dupes n’ont pas la même composition que leur modèle qui résulte parfois de plusieurs années de R&D.