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Manger quand on est stressée nous aide-t-il vraiment à calmer nos angoisses ?

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femme stress mange
Le “stress-eating” ou alimentation émotionnelle correspond à l’habitude de compenser ses émotions négatives en mangeant des aliments réconfortants. Mais cette réaction largement liée au stress a-t-elle vraiment des effets bénéfiques sur nos angoisses ?

Si vous avez l’habitude de noyer votre chagrin dans un gros pot de glace façon Bridget Jones, de grignoter vos chips préférés à la première contrariété, ou que vous prévoyez de vous jeter sur la bûche après un repas de Noël où la discussion a été particulièrement houleuse, peut-être avez-vous pris l’habitude de vous adonner au “stress-eating”. 

Le stress-eating, que l’on traduit en français par “alimentation émotionnelle”, correspond à l’habitude de compenser ses émotions négatives en mangeant le plus souvent de la “junk food”, réconfortante et souvent pas très saine. La plupart du temps, cette habitude est liée à des niveaux de stress qui grimpent en flèche. 

Mais dévorer nos aliments préférés lorsque l'on est angoissé.e est-il réellement utile pour nous apaiser ? Dre. Faïza Bossy, médecin généraliste et nutritionniste, nous répond.

Un apaisement temporaire 

“En mangeant, il y a un mécanisme de soulagement. Les aliments dits ‘confortables’ sont des aliments qui apportent une certaine récompense. Ils sont fréquemment riches en sucre, en graisse, en sel, ce qui stimule le système de récompense du cerveau en libérant des neurotransmetteurs comme la sérotonine et la dopamine, qui sont les hormones du bonheur.”, détaille Dre Faïza Bossy. 

C’est la sécrétion de ces hormones qui permet d’apaiser le cerveau et provoque la sensation de réconfort recherchée. Mais la nutritionniste met en garde : “Bien que le soulagement émotionnel soit immédiat, il est de courte durée”. 

Ce sentiment d'apaisement laisse ainsi vite place à nouveau à une émotion négative : "On rentre dans un cercle vicieux émotionnel, car une fois que l’effet euphorisant est dissipé, la culpabilité, la honte, la frustration souvent décrites par les patients, liées à la surconsommation alimentaire, accentuent les émotions négatives initiales” explique-t-elle. 

Une habitude qui finit par nourrir notre stress

À l'inverse donc, la nourriture que vous ingurgitez pour vous calmer pourrait vous faire, à la longue, davantage stresser. Et le risque est de développer une dépendance à ce mécanisme de réconfort qui procure rapidement et sans effort un shoot d’hormone du bonheur. Le problème, c’est que ce yoyo émotionnel est alors sans cesse nourri. 

La Dre Faïza Bossy développe :  "Le stress fait augmenter les niveaux de cortisol, la fameuse hormone du stress, qui, à son tour, influence les comportements alimentaires en favorisant les envies de nourritures énergétiques : des aliments faciles qui donnent rapidement un coup de boost. À long terme, il y a une interaction entre le cortisol et l’alimentation émotionnelle qui perturbe l’ensemble du système hormonal et qui aggrave le stress et les troubles métaboliques. On peut vraiment parler d’un cercle vicieux”. 

Et ce cercle vicieux n’est pas le seul à l'œuvre : les hormones de la faim sont déréglées par le stress, mais ces hormones pourraient se régulent lorsque nous dormons bien. Or, le stress dérègle également le sommeil, privant les hormones de toute stabilisation de leur niveau. Ainsi, le cortisol, pousse à manger des aliments réconfortants, et en même temps dérègle les hormones de la faim : ce qui dans les deux cas empêche l’organisme d’identifier le moment de satiété

Quels sont les risques de manger quand on angoisse ?

En plus des dérèglements hormonaux qu’impliquent le stress-eating, et de ses effets sur la santé mentale de cell.eux qui en ont l’habitude (culpabilité, honte, gêne, isolement, anxiété voire dépression), ses conséquences sur la santé sont aussi importantes. Une alimentation trop riche peut entraîner des risques de maladie cardiovasculaire, de diabète, d’obésité et d’hypertension artérielle

Mais ce n’est pas tout, rappelle la nutritionniste : “Elle provoque aussi des inflammations systémiques : une alimentation déséquilibrée entraîne une inflammation chronique qui amplifie le risque de maladie auto-immune, de troubles inflammatoires, …. On est plus fatigué, le sommeil n’est pas réparateur et on se retrouve dans une situation où on a tendance à développer n’importe quelle infection”. 

L’alimentation émotionnelle a également des effets négatifs sur le plan digestif, et peut entraîner de nombreux troubles gastro-intestinaux : “des ballonnements, des reflux gastriques, des déséquilibres de la flore et du microbiote, une alternance diarrhée-constipation, etc”, précise le Dre. Bossy. 

Je mange quand je stresse : comment m'apaiser autrement ? 

Si l’alimentation émotionnelle touche la grande majorité du temps des personnes atteintes par des troubles du comportement alimentaires, de très nombreux facteurs peuvent favoriser son apparition. 

“Les attentes sociales, les stigmates liés aux poids, les habitudes culturelles peuvent renforcer la tendance au stress-eating. Également les périodes de stress élevé : les examens, les tensions au travail, les événements traumatisants sont souvent des déclencheurs courants”, explique la nutritionniste. 

Avec un terreau fertile à l’alimentation émotionnelle, il peut être dur d’arriver à mettre fin à cette mauvaise habitude. Puisque cette dernière est en premier lieu un mécanisme de gestion du stress, les techniques de respiration contrôlée, la méditation ou encore la pratique de yoga peuvent aider. 

L’exercice d’une activité physique régulière peut aussi permettre de contrer les mécanismes hormonaux en jeu, puisqu’il diminue les niveaux de cortisol et améliore ceux de la sérotonine et de la dopamine. “Le sport permet également de lier le corps et l’esprit : si on fatigue ton corps au bon sens du terme, l’esprit est aussi apaisé”, ajoute la nutritionniste. 

Cette dernière met également en avant l’éducation nutritionnelle et comportementale : “apprendre avec un nutritionniste, un psychiatre à identifier la différence entre la faim physiologique et la faim émotionnelle et encourager la consommation d’aliments avec des vraies qualités pour stabiliser l’humeur et les niveaux d’énergie”. 

Elle recommande par ailleurs de prendre le temps de préparer ses propres repas : “cela va préparer le cerveau à ingérer des aliments qui vous font plaisir et que vous maîtrisez par vous-même. On prend également le temps pour le faire, temps précieux pour pouvoir relativiser par rapport à ses sentiments.” 

Mais quand l’alimentation émotionnelle prend une place démesurée, le mieux est encore de consulter un.e professionnel.le de santé : nutritionniste, gastroentérologue ou psychologue, dépendant de la source de votre problème.

[Dossier] Apprendre à gérer son stress  - 43 articles à consulter
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