Plusieurs mois après la diffusion d’un reportage de l'émission Stade 2 (France 2), dans lequel d'anciennes athlètes dénonçaient des faits de violence et de maltraitance, l'un des entraîneurs de l’Équipe de France féminine de gymnastique, Nellu Pop, a été suspendu provisoirement, a annoncé, mercredi 6 mars 2024, FranceInfo, une information qui a ensuite été confirmée par l'AFP.
L’homme qui officiait depuis 2013 à l'INSEP, est suspendu “à titre conservatoire” après qu'une enquête a été ouverte par le ministère des Sports en mai 2023, à la suite du reportage.
De nombreux signalements, dont certains concernaient Nellu Pop, ont été recueillis par la cellule "Signal Sports", qui traite des violences, notamment sexistes et sexuelles, dans le sport.
"Il a été décidé de suspendre M. Pop de ses fonctions auprès de l'équipe de France"
Dans le reportage de France Télévisions, d’anciennes gymnastes avaient fait état d’insultes, de propos humiliants et même de gifles de la part d'entraîneurs de l'Équipe de France féminine de gymnastique, dont Nellu Pop, selon Le Parisien. Certaines avaient relaté des maltraitances à l’entraînement et des privations de nourriture, ajoute Libération.
Ces faits ont été "signalés au procureur de la République", a précisé le ministère.
"Dans le cadre d'une enquête administrative menée par le ministère, des faits relevant de l'article 40 du code de procédure pénale concernant M. Pop ont été portés à la connaissance de la Direction des Sports. Ils ont été signalés au procureur de la République. Il a été décidé de suspendre M. Pop de ses fonctions auprès de l'Équipe de France à titre conservatoire, pour laisser les procédures judiciaire et administrative se dérouler sereinement", a déclaré une source au ministère des Sports, relate toujours FranceInfo.
Le monde de la gymnastique déjà montré du doigt pour des violences contre les athlètes
De son côté, la Fédération de gymnastique a annoncé soutenir les victimes.
"La Fédération coopérera avec le ministère et avec les autorités pour garantir à la fois la transparence et la transmission de toutes informations qui permettront de faire la lumière sur les faits. La Fédération prendra aussi les mesures qui s’imposent, en parallèle du ministère […] Nous tenons à condamner fermement les violences sous toutes leurs formes et souligner notre engagement inébranlable envers la protection des gymnastes" a-t-elle expliqué, auprès de France Info.
En mai dernier, le directeur technique d’un centre d’entraînement de gymnastique de haut niveau de Marseille, Vincent Pateau, avait été condamné à six mois de prison avec sursis pour harcèlement moral à l'encontre de sportives. Les jeunes femmes, mineures à l’époque des faits, avaient décrit ce qu’elles vivaient dans une “atmosphère de terreur”, expliquait Le Monde.
À quelques mois des Jeux Olympiques de Paris, l'affaire Nellu Pop secoue une nouvelle fois le monde de la gymnastique, également traumatisé depuis plusieurs années par l’affaire Larry Nassar, aux États-Unis. Le médecin de l’équipe féminine américaine de gymnastique est accusé par des centaines d’athlètes, comme Simone Biles, de violences sexuelles.
Du côté des gymnastes françaises, une cellule de soutien psychologique vient d’être ouverte à l'INSEP.