En France, 1 personne sur 3 souffre d’une maladie de peau, selon une vaste étude épidémiologique* réalisée par la Société Française de Dermatologie (SFD). Et 80% des patients concernés en cumulent même deux. Et les femmes sont davantage touchées que les hommes : 33% d’entre elles ont une pathologie dermatologique, contre 28% de la gente masculine.
Ces chiffres alarmants sont bien supérieurs aux estimations précédentes. Le stress de la vie moderne et la pollution croissante jouent sûrement un rôle non négligeable dans l’augmentation du nombre de troubles cutanés.
L'acné en tête des maladies de peau les plus fréquentes
Parmi les douze affections cutanées les plus fréquentes, l’acné arrive en tête de liste : 3,3 millions de Français en souffrent même une fois la puberté passée. L’eczéma (2,5 millions de malades) et le psoriasis (2,4 millions) complètent le trio de tête. Les maladies du cuir chevelu (hors pelade), les mycoses et les maladies des ongles arrivent derrière, avec respectivement 2,3 millions, 2,2 millions et 2,1 millions de Français touchés.
Un fardeau difficile à porter
Comme la plupart de ces pathologies s’affichent à l’extérieur, elles génèrent un sentiment d’exclusion, voire de honte.
"Les maladies de peau sont parmi les plus stigmatisantes qui soient, reconnaît le sociologue Stéphane Héas. Il n’est pas si rare qu’un patient atteint d’une maladie de peau chronique et invalidante envisage le suicide parce que le regard des autres, ajouté aux souffrances dans sa chair et aux lourdeurs des traitements, est au-delà du supportable".
De fait, 54% des personnes touchées souffrent d’anxiété ou de dépression selon la SFD. 29,2% sont gênées par leur dermatose dans leur vie professionnelle et 45,2% dans leur vie personnelle.
"À la fin de l’été, on récupère des gens en miettes car l’exposition au soleil a accentué la visibilité de leur maladie, témoigne Jean-Marie Meurant, président de l’Association française du vitiligo (AFV). De simples plaisirs, comme acheter une glace ou se balader sur la plage, ont souvent été gâchés par des regards choqués, fuyants, dégoûtés des autres vacanciers."
Traitement des affections cutanées : une course contre la montre
Plus le diagnostic tarde, plus les traitements seront lourds et les conséquences importantes pour les patients, voire même irréversibles. Il faut donc une prise en charge rapide pour limiter au maximum les dégâts, tant d’un point de vue physique que psychologique.
"Sans compter que certaines maladies cutanées sont associées à d’autres facteurs de comorbidité (hypertension, diabète…) qui eux-mêmes s’aggravent faute de diagnostic posé à temps", souligne la SFD.
Mais deux problèmes persistent : le nombre de dermatologues reste insuffisant en France (on en compte seulement 3500) et les traitements pharmacologiques (crèmes, pommades émollientes, lotions…) sont très peu ou pas du tout remboursés par l’Assurance Maladie. C’est pourquoi beaucoup s’en privent et voient leur maladie empirer.
Les cures thermales dermatologiques (Thermes d’Avène, La Roche-Posay ou Uriage) donnent de bons résultats pour certaines affections comme l’eczéma ou le psoriasis. Les soins thermaux sont certes remboursés si la cure est prescrite par le médecin traitant. Mais l’hébergement ne l’est pas, d’où un reste à charge conséquent qui exclut là encore nombre de patients.
*étude "Objectifs Peau" réalisée sur un échantillon représentatif de 20 012 personnes âgées de plus de 15 ans.