Huit. C'est le nombre d'années qu'il nous aura fallu attendre pour encourager une tricolore en quarts de finale de Roland-Garros. Alors, ce mercredi 4 juin 2025, la terre battue vibrera sous les cris d'un public scandant le nom de Loïs Boisson, 22 ans.
Invitée aux Internationaux de France après plusieurs mois tenue éloignée des courts pour cause de blessure grave au genou, l'actuelle 361ème mondiale s'est imposée face à la troisième du classement WTA (l’Américaine Jessica Pegula), dans un match haletant en trois sets (3-6, 6-4, 6-4).
Portée par les aficionados du court Philippe Chatrier, Loïs Boisson est devenue la troisième plus jeune joueuse française à atteindre les quarts de finale en simple dames à Roland-Garros (après Mary Pierce en 1994 et Brigitte Simon en 1978).
Un grand coup frappé qu'elle espère ne pas être son dernier : avant d'affronter la Russe Mirra Andreeva (tête de série n°6), la nouvelle pépite du tennis français, inspirée par son modèle de toujours, Rafael Nadal, s'est confiée à Marie Claire.
Une victoire avec le public
Marie Claire : Quels sentiments vous ont envahi une fois la victoire de ces huitièmes de finale proclamée ?
Loïs Boisson : "La joie immense, surtout au vu des conditions du match. Ça a été très tendu, donc s'en sortir comme ça, c'était très beau.
Comment aborde-t-on un match face à la tête de série n°3 ?
Pour être honnête, comme tous les autres. On ne se rajoute pas de pression en fonction du classement de l'adversaire. Je reste concentrée sur mon jeu, sur ma performance... Finalement, c'est plus le court (Philippe Chatrier, ndlr) qui m'a impressionnée au début, y jouer, c'est très fort. Mais au fil du match, je me suis détendue et j'ai apprécié le moment, c'était top !
Justement, le public du Chatrier était derrière vous hier après-midi. Cette présence est-elle une force pour vous ou peut-elle être intimidante ?
C'est que du bonheur, ça me porte ! J'ai vraiment ressenti cette force sur les deux derniers jeux, ils étaient vraiment là, et le fait de les entendre dans des moments de pression comme ça, je pense que ça aide énormément, donc c'était génial.
Un retour post-blessure rêvé
Les matchs et les adversaires s'enchaînent durant la quinzaine. Comment restez-vous concentrée sur une période aussi intense ?
Il ne faut pas regarder ce qu'il se passe autour. Depuis le début du tournoi, je reste dans ma bulle et je me concentre juste sur ce que j'ai à faire sur le court et sur mes matchs. Au final, on a un peu de temps pour nous, car il y a un jour de repos entre chaque match, je peux me préparer, penser mon jeu...
Préparer le match, ça passe par scruter le jeu de son adversaire ?
Pas vraiment dans mon cas. Bien sûr, on sait comment ça joue, oui, mais on se concentre surtout sur ce que nous on a à faire, pour préparer au mieux le plan de jeu.
Vous revenez d'une longue absence tennistique suite à une blessure au genou, qu'est-ce qui vous a porté pendant ces moments difficiles ?
L'envie de revenir me battre sur le terrain. Quand j'étais blessée au début, forcément, c'était dur, mais quand j'ai su que j'allais pouvoir revenir et que j'allais tout faire pour, j'ai repris de nouveau confiance. En enchaînant les matchs, en voyant que tout se passait bien, j'ai avancé jusqu'à ce quart.
Osez-vous rêver de la victoire ?
Non... Pas encore (rires). J'essaie vraiment de penser match après match, notamment dans des tournois aussi gros. On sait que chaque match va être compliqué, que les filles jouent bien... On ne peut pas trop se projeter.
Faire abstraction du monde autour
Sur les réseaux sociaux, vous recevez de nombreux commentaires encourageants. Mais les tenniswomen sont souvent la cible de raids de cyberharcèlement (parieurs, propos sexistes et grossophobes...), quel rapport entretenez-vous avec ces plateformes ?
Les messages négatifs, j'essaie de les regarder le moins possible, pour me protéger. Je supprime directement, je ne passe pas beaucoup de temps sur les réseaux sociaux... Ce qui fait que, parfois, je loupe aussi certains messages positifs. Cependant, quand je m'attarde sur ceux-là, ils me boostent réellement. Mais pour l'instant, je veux rester dans le tournoi et faire abstraction de tout ce qu'il se passe autour".