305 pour, 199 contre, 57 absentions. Ce mardi 27 mai 2025, après plusieurs heures de débat en commission puis dans l'hémicycle, l'Assemblée nationale a adopté en première lecture, et non sans émotion pour certains élus et soutiens du projet porté par le député MoDem Olivier Falorni, la création d'un droit de l'aide à mourir.

Un autre texte sur les soins palliatifs adopté à l'unanimité

Quelques minutes avant ce scrutin, un premier texte de loi de cette réforme, relatif au développement, à l'accompagnement et au renforcement des soins palliatifs, a également été voté, à l'unanimité - à 560 voix pour, 0 contre et 3 abstentions -, par les députés.

Au Palais Bourbon, les groupes de gauche, Ensemble pour la République et le MoDem, ont voté quasi-unanimement en faveur de cette proposition qui consiste à "autoriser et à accompagner une personne qui a exprimé la demande à recourir à une substance létale", qu'elle devra s’administrer ou se faire administrer "lorsqu’elle n’est pas en mesure physiquement d’y procéder".

Le texte approuvé par ces députés définit cinq critères cumulatifs, dont le fait d'être atteint "d'une affection grave et incurable", qui "engage le pronostic vital, en phase avancée" ou "terminale", et présentent "une souffrance physique ou psychologique constante". Les voix "contre" proviennent massivement des élus LR ou du Rassemblement nationale.

Ça tourne !

Sur X (ex-Twitter), Emmanuel Macron a réagi à cette "étape importante". "Dans le respect des sensibilités, des doutes et espoirs, le chemin de fraternité que je souhaitais s’ouvre peu à peu. Avec dignité et humanité", écrit le Président depuis l'Indonésie. 

La ministre du travail, de la santé, des solidarités et des familles Catherine Vautrin a salué à la tribune de l'Hémicycle une "très belle unanimité" et s'est engagée à ce que ce texte "continue à devenir réalité". "Cette loi, c'est tout sauf la fin [du développement] des soins palliatifs", déclare-t-elle. Le soir-même, sur le plateau de C à vous, sur France 5, elle insiste : "La fin de vie n’est pas un renoncement aux soins palliatifs, au contraire. On continue à investir dans les soins palliatifs, mais on doit avoir l’humilité de dire que nous n’avons pas la réponse à toutes les souffrances."

Un débat incertain et décisif au Sénat 

Pour Jonathan Denis, président de l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD), il s'agit d'un "vote historique". Avec celui-ci, "la France a l’opportunité de rejoindre les démocraties soucieuses des libertés individuelles, comme les Pays-Bas, la Belgique, l’Espagne ou encore le Canada ou l’Australie", partage-t-il, avec "joie" et "l'espoir d'une fin de vie maîtrisée, épargnée des souffrances inapaisables et des agonies inutiles". Et de nuancer : "Mais l’heure n’est pas au triomphalisme, tant le temps qui s’ouvre aujourd’hui, avant la promulgation de la loi, sera encore trop long pour celles et ceux qui souffrent." 

Car les deux textes partent désormais au Sénat et cette étape, prévu en octobre 2025, est incertaine. Majoritairement à droite, la chambre haute du Parlement français est moins favorable à ces mesures que l'Assemblée nationale. 

Le rapporteur centriste Olivier Falorni espère qu'au Palais du Luxembourg, les sénateurs seront sensibles à ce premier vote et à l'opinion publique. En mai 2024,  l’Ifop publiait les résultats de son étude pour l'ADMD sur le regard des Français sur la fin de vie, et 92% d'entre eux se déclaraient favorables à l’euthanasie lorsque le patient est atteint d’une maladie insupportable et incurable, et en formule la demande.

Craignant ces blocage, en cas "d'enlisement" au Parlement, comme il le formulait en 2022, Emmanuel Macron avait évoqué cette année-là la possibilité d'un référendum sur ces questions.