A comme Analyse de Cycle de Vie (ACV)

Comprendre l'impact d'un produit sur l'environnement n'est pas simple. Ce n'est pas juste une question de packs d'ingrédients, de formulation, de production ou de trajet de transport. C'est la somme de tout cela à la fois.

L'analyse de cycle de vie (ACV) est une méthode de calcul normalisée (ISO 14040 à 14043) prenant en compte chaque étape de la vie d'un produit. Elle permet ensuite d'agir sur ce qui pèse le plus lourd. Au niveau cosmétique, Henkel, L'Oréal, LVMH, Natura & Co et Unilever ont annoncé en septembre dernier une collaboration mondiale pour co-développer un système de notation de l'impact environnemental des produits de beauté, accessible à toutes les entreprises du secteur, pour fournir aux consommateur.rices "des informations claires, transparentes et comparables grâce à une méthodologie scientifique commune".

B comme Biodégradable 

Le meilleur moyen de ne pas laisser de traces dans la nature, c'est d'être biodégradable. Pour l'instant, les packagings qui répondent à ce critère sont extrêmement rares.

Les pots de la marque Akane et les nouveaux suremballages des produits de maquillage La Bouche Rouge donnent l'exemple avec du compostable biodégradable. En attendant que le procédé se généralise, il importe de se concentrer sur les formules elles-mêmes et d'éviter les microplastiques, surtout dans les produits qui se rincent. Issues de la pétrochimie, ces particules, dont la taille est inférieure à 5 mm, s'accumulent dans la nature et notamment dans les mers et les océans, où elles sont ingérées par la faune marine et retrouvées ensuite dans les produits de la pêche. On piste sur ses gels douche et shampoings la mention "biodégradable". Selon la norme OCDE 31, un produit peut la revendiquer s'il est dégradé au minimum à 60 % au bout de vingt-huit jours.

C comme Climat

Pour évaluer la pression d'un produit sur le climat, on calcule son empreinte carbone liée à la libération de gaz à effet de serre (GES). Le coût total cumule la part des ingrédients (culture, extraction, synthèse) à celle de la production (gaz produit par les usines, fabrication et recyclage des packs) et de la livraison (transport).

Les laboratoires cherchent notamment à limiter la dépense énergétique de leurs usines. Quelques exemples : Dior utilise à 100 % de l'électricité verte. Le nouveau site Caudalie de Gidy, dans la Cosmetic Valley, produit, quant à lui, plus d'énergie qu'il n'en consomme. Quant à Pierre Fabre, son usine de Soual dans le Sud-Ouest est certifiée Haute qualité environnementale (HQE), avec notamment 99 % des déchets issus de la fabrication de produits réutilisés pour produire de l'énergie. En 2019, L'Oréal avait diminué de plus de 70 % ses émissions de CO2. Par ailleurs, son Fonds pour la régénération de la nature permettra, d'ici à 2030, de capturer 15 à 20 millions de tonnes de CO2.

D comme Durabilité

La gageure est d'apporter de la durabilité à des produits périssables. Développée pour limiter les emballages à usage unique, en verre ou en plastique, la recharge s'impose comme une solution intéressante.

Elle peut prendre plusieurs formes. L'écorecharge plastique, d'abord, sorte de gourde souple qui économise entre 60 % et 90 % de plastique par rapport à un flacon en dur. À pister chez L'Occitane, La Roche-Posay, Sanoflore, Ultra Doux de Garnier, Elsève de L'Oréal Paris ou encore la jeune marque What Matters. Autres types de recharges, celles en aluminium ou acier, recyclables à l'infini, utilisées pour remplir des flacons de parfum ou pour les fards poudres de maquillage. La marque de maquillage luxe écoresponsable La Bouche Rouge vient de lancer la première recharge de rouge à lèvres sans plastique, entièrement en métal recyclable, une première.

E comme Eau

Comme pour le CO2, les entreprises réduisent l'usage de l'eau dans leurs usines de production pour minimiser leur pression sur l'environnement.

Le groupe L'Oréal s'active pour diminuer drastiquement sa consommation en s'adaptant aux ressources locales. Depuis 2005, il a ainsi baissé sa consommation d'eau de 51 % dans ses usines et centrales de distribution par produit fini. Cinq usines dans le monde sont dites "waterloop", c'est-à-dire que toute l'eau industrielle est retraitée et réutilisée en boucle. Le groupe vise 100 % d'eau recyclée et réutilisée sur ses sites d'ici à 2030. À la maison, ce n'est pas forcément en ne consommant que des produits solides (qu'il faut faire mousser) mais en restreignant sa propre consommation d'eau lorsqu'on se lave. 80 % de l'impact environnemental des produits de douche sont liés à la quantité d'eau et d'énergie utilisée.

F comme "Fair Trade"

Le commerce équitable est une vraie question pour les marques qui se fournissent en ingrédients "exotiques". Elles doivent s'assurer qu'ils sont issus de filières respectant celles et ceux qui y travaillent, grâce, entre autres, à un salaire juste et régulier. Cela peut passer par des contrats sur du long terme pour sécuriser les producteurs. Le label Fair for Life valide les bonnes pratiques économiques, sociales et environnementales. René Furterer, L'Occitane, So Bio Etic de Léa Nature ou encore la société de parfums IFF ont recours à des filières ainsi certifiées.

F comme Forêts

Limiter la casse en matière de déforestation passe par deux comportements.

Le premier : revoir ses emballages en carton. De nombreuses marques les suppriment lorsque la taille des produits (capillaires, démaquillants, soins pour le corps) permet de recevoir la liste Inci (obligatoire). Lorsque c'est impossible, elles essaient de diminuer leur taille au maximum et elles utilisent du papier issu de forêts gérées de façon responsable, selon les cahiers des charges FSC ou PEFC.

L'autre versant, c'est de participer à la reforestation. Caudalie le fait via le 1 % pour la planète, Pierre Fabre développe divers programmes autour de l'agroforesterie. La fondation Yves Rocher plante, avec des associations, des arbres et des haies champêtres. En France, elle totalise plus de trois millions d'arbres déjà plantés et dans le monde, cent millions.

G comme "Green Sciences"

Ce sont les nouvelles méthodes "vertes" d'obtention des ingrédients, alternatives aux processus traditionnels polluants.

On regroupe sous ce terme la chimie verte, qui consiste à produire des ingrédients écologiques en transformant des matières premières renouvelables par des procédés à faible impact sur l'environnement (climat, biodiversité, consommation d'eau et d'énergie). On peut ainsi fabriquer des actifs anti-âge comme des matières premières destinées à la parfumerie. Parmi les Green Sciences, on compte aussi la biotechnologie, qui utilise la biofermentation par des bactéries pour créer des molécules actives. C'est ainsi qu'on obtient le désormais incontournable acide hyaluronique. La technique est peu énergivore, non polluante et n'appauvrit pas le milieu naturel. Par exemple, en matière d'actifs marins (domaine très friand des biotechs), il suffit d'une seule microalgue pour en recréer à l'infini.

I comme Ingrédients sourcés

Alors que les formules des cosmétiques verdissent, la question de l'approvisionnement des matières premières, appelée le sourcing, se pose. Les marques communiquent beaucoup sur leurs ingrédients stars, dont elles maîtrisent les cultures (Dior, Chanel, Clarins, L'Occitane), mais il reste tous les autres composants des produits.

Sourcer ses ingrédients signifie, même si on les achète à un fournisseur, savoir exactement d'où ils viennent, comment ils sont cultivés ou produits et par qui. Il convient également d'être sûr de la qualité achetée. Sur ce point, L'Oréal, LVMH, Clarins, Nuxe et quatre fournisseurs d'ingrédients viennent tout juste de s'associer pour créer ADN & Cosmétique, un consortium sécurisant les approvisionnements de matières naturelles grâce à des tests ADN.

L comme Labels

La certification bio Écocert garantit que 95 % du total des ingrédients sont d'origine naturelle et 10 % du total des ingrédients sont issus de l'agriculture biologique (donc garantis sans pesticides).

Ne sont pas autorisés les OGM, silicones, huiles minérales, parabènes, phénoxyéthanol, parfums et colorants de synthèse, perturbateurs endocriniens. Les packs doivent être recyclables. La plus récente norme européenne Cosmos offre les mêmes garanties et va même plus loin avec 20 % du total des ingrédients issus de l'agriculture biologique. Avoir un label facilite la communication mais n'est aujourd'hui plus une fin en soi. De nombreuses marques s'en détachent et mettent au point leur propre cahier des charges. D'autres types de certifications ont d'autre part vu le jour, comme le label Cruelty Free, une référence pour l'aspect vegan. La mention Slow Cosmétique valorise, elle, une consommation raisonnée, un juste rapport qualité/prix et un ancrage local et artisanal fort.

L comme Local

De plus en plus plébiscité, le "made in France" est une appellation qui ne veut en réalité pas dire beaucoup plus que "le produit fini est fabriqué en France". Cependant, il peut l'être avec des ingrédients venus des quatre coins du monde. Face à cela, l'idée du circuit court fait son chemin avec la valorisation de productions régionales.

Dans le groupe Pierre Fabre, A-Derma et Klorane renforcent leur ancrage dans le Sud-Ouest. On peut aussi citer Algologie, Oden, Akane, On The Wild Side.

M comme Minimalisme

Acheter moins, ça veut dire moins de déchets, de ressources consommées, d'énergie dépensée.

A priori, l'attitude la plus efficace pour réduire son empreinte environnementale. Cela veut dire privilégier ce dont on a réellement besoin (exit les palettes de maquillage à dix couleurs, dont on en utilise que deux ou trois), les formules multifonctions, les crèmes globales plutôt que les routines avec essence-sérum-crème. Et ça n'empêche pas d'acheter du beau qui fait plaisir.

N comme Naturel

Naturel ou "d'origine naturelle" ne sont pas tout à fait des synonymes et les marques jouent parfois sur les mots.

Un ingrédient naturel est souvent obtenu de façon simple, par broyage, pression, distillation. Ce sont les eaux, les huiles, les poudres… Lorsqu'il est d'origine naturelle, cela signifie qu'il ne provient pas de la pétrochimie et qu'il s'agit d'un produit qui a été extrait ou obtenu par transformation chimique à partir du naturel. Pour être green jusqu'au bout, cette opération doit répondre aux normes de la chimie verte.

O comme Océans

Que peut faire la cosmétique pour préserver les océans de la pollution ?

D'une part, elle s'est attaquée à la problématique des écrans solaires, suspectés de nuire, même de façon minime, aux coraux et à la faune et flore marine, en sélectionnant des filtres sans impact et en privilégiant des formules biodégradables.

D'autre part, elle multiplie les initiatives pour s'attaquer aux déchets plastiques. Quelques exemples : Ren Skincare s'est associé avec Planet Patrol pour organiser des collectes ; Caudalie travaille depuis 2020 avec Plastic Collect pour récolter dans la nature l'équivalent de sa consommation annuelle en plastique ; Biotherm soutient Mission Blue depuis 2012, association investie dans la préservation des océans ; Clarins et L'Occitane sont partenaires du projet Plastic Odyssey, navire qui ramasse et recycle les déchets plastiques dans les zones du monde les plus polluées.

P comme "Plastic Act"

Annoncé par la Fédération des entreprises de la beauté (Febea) le 24 juin dernier, il s'agit d'une feuille de route pour accompagner le secteur vers une réduction de son empreinte plastique.

Les objectifs sont fixés à l'horizon 2025 et vont plus loin que le décret dit "3R" de la loi Anti-gaspillage pour une économie circulaire (Agec) : réduire les volumes d'emballage plastique de 15 %, réemployer 20 % des emballages, réincorporer 10 % à 25 % de plastique recyclé, recycler 100 % des emballages. Selon la Febea, la cosmétique compte pour 5 % des emballages plastiques ménagers en France, ce qui représente quand même 55 000 tonnes.

P comme PCR

Rien à voir avec la Covid-19 : il s'agit de plastique polyéthylène Post-Consumer Recycled, c'est-à-dire du plastique recyclé.

Spécialisée dans les packagings cosmétiques, la société Albéa avance une réduction de 16 % de l'empreinte carbone d'un tube en PCR par rapport à un tube classique. Et ça évite de grossir la quantité de plastique neuf créé chaque jour. Le PCR est par ailleurs recyclable. La marque Ren Skincare revoit progressivement tous ses packs en PCR (tubes et flacons + bouchons) ou verre recyclé (pots) pour aboutir à du zéro déchet.

R comme RSE

La Responsabilité sociétale des entreprises englobe toutes les démarches mises en œuvre par une société en matière de développement durable.

Cela concerne le respect de l'environnement, mais pas seulement. Avoir un impact social positif est également très important et commence avec les employé.es de l'entreprise. Le bémol à cette initiative a priori salutaire : la RSE n'est pas réglementée, chaque société se fixe ses règles et objectifs.

Pour aller plus loin, certaines optent pour le statut juridique – contraignant – d'Entreprise à mission, comme Léa Nature et Yves Rocher. L'entreprise fait le choix d'inscrire dans ses statuts une mission avec des objectifs précis, notamment associer sa performance économique au respect de l'environnement. Autre option, le label B Corp (Benefit Corporation), obtenu par celles ayant totalisé au minimum la note de 80 au Business Impact Assessment.

S comme Solide

C'est le retour du bon vieux savon avec, aujourd'hui, des propositions également de shampoings ou même de soins sous forme de baumes solides.

Après des marques pionnières comme Lamazuna et Lush, les grands noms de la cosmétique s'y mettent : Klorane, Garnier, DOP, Clarins, sans oublier les petites nouvelles qui conjuguent le solide et le style comme Ciment Paris, Beauty Disrupted, 900.Care. Pourquoi un tel succès ? Parce que cette fabrication apporte une réponse à la demande de réduction des emballages. Autres bons points : étant formulés sans eau, ces produits peuvent se passer (ou presque) de conservateurs et prennent moins de volume et de poids lors du transport, ce qui réduit encore un peu leur empreinte environnementale.

T comme Tri

Pour être recyclés, les emballages doivent être triés.

Première habitude à prendre : séparer les pompes plastiques ou métal de leurs flacons, pour ne pas gêner le recyclage.

Ensuite, même si on trie parfaitement ses déchets, il faut savoir que les contenances inférieures à 20 ml sont évincées de la chaîne de recyclage, c'est-à-dire les petits tubes, les doses d'essai, les rouges à lèvres, les films de cellophane.

D'autre part, les tubes, flacons, godets de maquillage plastiques qui ne sont pas mono-matériau (par exemple avec un mix métal-plastique) sont éliminés aussi. Les flacons durs et très opaques sont également souvent peu retraitables.

La recyclabilité d'un produit est donc complexe, aux marques de faire un effort pour améliorer cette caractéristique. Malgré tout, au bout du compte, tous les plastiques recyclables sont loin de l'être, faute de filières de recyclage. Au total, selon WWF, sur le 1,2 million de tonnes de déchets ménagers d'emballages plastiques produit chaque année en France (tous secteurs), seuls 26,5 % sont recyclés.

U comme 1% pour la planète

Les entreprises adhérant au mouvement 1 % for the Planet s'engagent à reverser chaque année 1 % de leur chiffre d'affaires à des organisations d'intérêt général (donc sans lien avec elles) impliquées dans le développement durable.

Une démarche plus qu'essentielle alors que seulement 7 % des sommes dédiées à la philanthropie en France (3 % aux États-Unis) vont actuellement à des causes environnementales. Chez nous, les plus gros donateurs du secteur de la beauté se nomment Léa Nature et Caudalie, qui concentrent leurs dons sur des organismes impliqués dans la préservation des arbres. On compte aussi parmi les marques adhérentes All Tigers, Horace, Boho Cosmetics, Yves Rocher, Holidermie, Les Laboratoires de Biarritz. Et pas question d'afficher le logo 1 % pour "faire bien" : chaque année, les dons sont vérifiés de près.

V comme Vrac

Si le concept est relativement simple à mettre en place pour l'alimentaire, lorsqu'on parle de lotion et de crème, ça l'est moins. La solution adoptée est celle du ressourçage-remplissage-refill.

On vient avec son flacon et on le remplit en boutique. En parfum, Thierry Mugler a initié le système en 1992 avec ses Sources. Aujourd'hui, ce sont également Louis Vuitton et Chanel pour certaines références. Cozie, avec sa Dozeuse, propose de se ravitailler en produits de soin, tandis que The Body Shop, L'Occitane, et Pierre Fabre dans sa boutique Le Lab à Toulouse, utilisent le système pour les produits d'hygiène. Des initiatives qui devraient continuer à se déployer.

V comme Vegan

Être végan.e en cosmétique, c'est refuser les tests sur les animaux et les ingrédients issus du monde animal (lait, miel, cire d'abeille, collagène marin issu des poissons, poils d'animaux pour les pinceaux de maquillage…).

Si de plus en plus de marques affichent la mention "vegan" sur leurs produits, en réalité la majorité des produits cosmétiques le sont. Concernant les tests notamment, depuis 2013, l'Union européenne interdit la vente et l'import d'ingrédients et de produits cosmétiques finis testés sur les animaux. Cependant l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA) exigerait de re-tester davantage certains ingrédients sur animaux. Avec la Peta, une initiative citoyenne européenne a été lancée pour demander que soit maintenue l'interdiction de l'expérimentation animale.