Sur les étals des fleuristes, ou si on a de la chance, sur les stands de floriculteurs locaux, s’épanouissent devant nous, selon la saison, des centaines ou des milliers de fleurs : une palette des désirs pour qui aime enchevêtrer tiges et pétales. Pourtant, bien souvent, c’est l’artisan qui composera avec ces teintes parfumées, pas nous. Si le plaisir de voir s’animer ses mains expertes est certain, il ne nous reste que peu d’espace pour plonger les nôtres dans les fleurs.
A l’ombre des artisans de la fleur, il existe pour chacun et chacune des plaisirs végétaux simples. Aux antipodes des règles d’or pour composer un bouquet, des associations florales à éviter ou à favoriser, vit la fleur libre. Aujourd’hui, dans un monde saturé d’images, où le goût, le bon et le mauvais, nous est dicté, il y a quelque chose de puissamment (bien que doucement) libérateur dans l’observation du monde vivant, tel qu’il est, sans arrangement particulier. Ou plutôt, justement, avec un goût et un œil à soi, forcément particulier. Quelle merveille d’observer les arrangements du hasard : les lignes des “fleurs de rien” telles qu’on les voit dès qu’on baisse un peu les yeux vers la terre, et les poses spontanées que prennent les tiges juste glanées qu’on place sans trop y penser dans un humble bocal ou dans un vase qu’on aime. Elles se prêtent toutes à ce jeu simple : les fleurs cultivées aussi bien que les plantes sauvages de nos rues, les évadées des jardins, les herbes des fossés, les tiges qui débordent des haies, ou les inflorescences des friches. Le vaillant coquelicot, emblème de FLOWER BY KENZO, lui qui se contente des sols les plus pauvres, qui peut surgir au détour d’un trottoir, est finalement un joli symbole de la désobéissance florale, de la liberté de choisir son propre goût, et pas celui des autres.